Les réserves du barrage de Bine El Ouidane sont réduites à 207,2 millions de m3, soit un taux de remplissage de 16,8%. Inquiétant.
Les spécialistes du secteur confirment le mauvais départ de la saison. Les réserves en eau des barrages frôlent le seuil critique.
Est-il encore prématuré de parler de campagne agricole 2017-2018 compromise ? Cette question a été posée à plusieurs spécialistes. Leurs réponses sont nuancées, mais ils sont unanimes concernant le retard des pluies et son effet néfaste quant au bon déroulement de la saison. Il y a quelque temps, seuls les professionnels du secteur se prononçaient sur le sujet. Actuellement, tout le monde manifeste des inquiétudes y compris la classe politique. Des partis de l'opposition ont indiqué que «l'hypothèse d'une campagne à 70 millions de quintaux retenue par le Projet de Loi des Finances 2018 est irréaliste et irréalisable». Un avis partagé par des députés de la majorité, à l'image de Brahim Daif du PJD et membre de la commission des secteurs productifs au Parlement : «L'année agricole sera nettement en deçà de la moyenne attendue par le gouvernement. Il y a un mauvais démarrage et même si les pluies sont à enregistrer dans les mois à venir, il est difficile d'envisager un redressement. Les conditions de production diffèrent d'une région à une autre. Dans les zones chaudes (Souss, Haouz et Abda), il est encore temps pour que la saison soit sauvée mais dans d'autres (Gharb, Chaouia ou Doukkala), la situation devient compliquée car ces régions démarrent les travaux d'emblavement très tôt, entre fin septembre et début novembre». En effet, le démarrage qui est une étape importante dans chaque campagne agricole, se présente cette saison sous de mauvais signes. Le déficit pluviométrique se creuse de jour en jour et cela se répercute sur toute la chaîne de production céréalière. «Le 15 décembre est le dernier délai pour entamer la culture des céréales d'automne. Le temps est très serré, s'il devait y avoir des pluies dans les prochains jours, les fellahs devront mener une course contre la montre pour assurer les opérations d'emblavement et de semis afin de profiter au maximum des conditions météorologiques», souligne Abderrahim Mouhajir, ingénieur agronome. Dans le monde rural, un vent d'inquiétude souffle, incitant les exploitants à se préparer au pire. Ils essaient de s'adapter à un environnement hostile. Parmi les solutions, délaisser les cultures d'automne pour les céréales tardives ou semi-tardives ou encore les légumineuses. Mais leur principale appréhension concerne le bétail. La sécheresse augmente le coût d'exploitation auquel les éleveurs peinent à faire face. L'intervention du gouvernement est vivement sollicitée pour assurer l'aliment à bon marché et l'approvisionnement en eau pour l'abreuvage. Répondant à une question orale devant le Parlement, Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture, s'est voulu rassurant. «Le retard des pluies même jusqu'au mois de décembre ne va pas affecter cette saison agricole», a-t-il assuré, notant que «le ministère dispose de plusieurs programmes pour accompagner les agriculteurs, dont le financement de projets et la subvention des prix des engrais qui n'ont pas changé depuis l'adoption du Plan Maroc Vert», a-t-il affirmé. ■
Le taux de remplissage des barrages recule à 35,2% Les réserves des barrages ont atteint au 17 novembre 2017 5,35 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 35,2% contre 43,8% au cours de la même période une année auparavant. Certains grands ouvrages qui alimentent les périmètres irrigués de Tadla ou de Doukkala affichent des niveaux très inquiétants, à l'image de Bine El Ouidane dont les réserves sont réduites à 207,2 millions de m3, soit un taux de 16,8%. A Al Massira, le taux de remplissage ne dépasse pas les 19,3%. Ce niveau d'eau en baisse risque d'impacter les périmètres irrigués et de perturber les approvisionnements des cultures.