S'exprimant en ce moment devant la commission des Finances de la première chambre, le ministre Benchaâboun a expliqué les enjeux du PLF 2021 après avoir présenté des chiffres actualisés sur l'exécution du budget 2020.
A retenir Prévision de croissance 2020 revue à la baisse à -5,8% contre -5% au moment de la loi de finances rectificative pour 2020. Le confinement a détruit 10.000 emplois par jour. 33 Mds de dépenses additionnelles en 2021 dont 14,6 Mds pour les orientations royales. 20 à 25 Mds de recettes en moins en 2021. Croissance attendue en 2021 de 4,8%.
Le ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration, Mohamed Benchaâboun a indiqué que les prévisions de croissance établies par le gouvernement pour 2020 ont été revues à la baisse à -5,8% contre -5% attendue lors de l'élaboration de la loi de finances rectificatives. La valeur ajoutée du tourisme est attendue en baisse de 50% contre -27% initialement, celle du transport en baisse de -12% contre -6,9% et le commerce de -9,1% contre une prévision de -8%. Si l'on considère une prévision de croissance initiale de +3,7% lors de l'élaboration de la loi de finances 2020 en 2019, la chute du PIB serait de près de 10% par rapport aux calculs initiaux, soit 100 Mds de dirhams de PIB nominal, représentant à titre de référence une perte de 1 Md de dirhams de PIB par jour de confinement.
Le chômage devrait lui dépasser 13% en fin d'année 2020. Le ministre a expliqué que l'économie marocaine a perdu 10.000 emplois par jour de confinement.
Sur un autre registre, Mohamed Benchaâboun a précisé que le projet de loi de finances 2021 devra répondre aux orientations royales du dernier discours du trône, relatives notamment au plan de relance, à la généralisation de la couverture sociale à horizon de 5 ans avec dès 2021 un premier pilier relatif à la généralisation de l'AMO et, enfin, la réforme de l'administration publique. La mise en oeuvre effective des ces chantiers demande le réaménagement du cadre légal de plusieurs lois existantes parallèlement au PLF2021.
33 Mds de dépenses additionnelles.... Le ministre a, ou entre, exposé les grandes lignes directrices de la préparation du PLF2021 qui doit d'abord passer en Conseil des Ministres avant d'être présenté en détail. Il s'est concentré dans son exposé devant les parlementaires sur certaines dépenses incompressibles ou sur lesquelles un consensus est arrêté. Il s'agit en l'occurrence du budget de la santé et de l'éducation qui sera doté d'une enveloppe additionnelle de 5 Mds de dirhams ainsi que d'autres dépenses comme l'augmentation des salaires suite au dialogue social et aux promotions pour 8,5 Mds de dirhams, 1,5 Mds de dirhams pour les élections, 2 Mds pour la charge de compensation et 1,6 Md pour les régions. Ceci en plus de 14,6 Mds de dirhams pour la mise en oeuvre des orientations royales, soit un total de 33 Mds de dirhams de dépenses additionnelles.
...Pour 20 à 25 Mds de de recettes en moins L'argentier du Royaume devra trouver le moyen de combler ces dépenses avec des recettes attendues en baisse de 20 à 25 Mds de dirhams, en lien notamment avec la baisse des recettes fiscales. Pour se faire, le ministre compte toujours sur les partenariats publics privés, les financements innovants et la gestion dynamique des biens publics pour ne pas créer de tensions sur les équilibres macroéconomiques. Il indique ne pas s'attendre à un rééquilibrage immédiat du budget public mais insiste sur la nécessité d'avoir un discours cohérent avec les partenaires financiers du Royaume.
Outre les contraintes budgétaires, la loi de finances 2021 devra apporter la création de l'agence nationale de gestion des participations de l'Etat dont le projet de loi devrait passer en parallèle au PLF 2021. Aussi, le gouvernement devra mettre en place la société qui va gérer le fonds d'investissement stratégique annoncé lors du discours du Trône.
Mohamed Benchaâboun, qui a indiqué que la principale préoccupation de l'année 2021 sera la hausse du chômage, indique que le PLF2021 sera élaboré avec une hypothèse de croissance de 4,8% en 2021, insuffisante pour récupérer les pertes attendues en 2021. Pour cela, nous devrions faire 6% de croissance, a-t-il indiqué. Développements suivront.