La Bourse de Casablanca a finalement écourté son rebond hebdomadaire. Déjà fragilisé par la faiblesse des volumes, le sursaut du marché actions cette semaine s'est heurté aux annonces de suppression de dividendes. Les entreprises préfèrent légitimement grader du cash pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Or, on le sait, les investisseurs institutionnels s'intéressent à la Bourse de Casablanca d'abord pour le rendement. Ceci devrait limiter les flux, malgré des valorisations qui peuvent paraître bas. Beaucoup d'entreprises réputées pour le bon rendement, à l'image de CMT (-1,32%), CTM (-1,32%) et BMCI (-4,16%), ont préféré réduire ou supprimer leurs dividendes. Rappelons que l'année dernière, bien que leurs bénéfices agrégés étaient en baisse de 8%, les sociétés cotées ont distribué 21,4 milliards de DH de dividendes aux actionnaires. Ce montant sera nettement revu à la baisse cette année. Dans ce contexte, entre lundi et vendredi, 1,08 milliard de DH ont changé de mains sur les actions. Un niveau de participation inférieur de 30% à celui des semaines passées, pendant la vague baissière, où les volumes moyens quotidiens dépassaient les 300 MDH. Si le Masi a pu grappiller 1,45% cette semaine, il reste encore loin de ses niveaux de début d'année. La perspective de baisse de rendement, couplée à une activité économique attendue en dégradation, fait qu'aucun des 24 secteurs représentés à la Bourse de Casablanca n'est épargné par la baisse. Certaines thématiques comme l'immobilier sont déjà à -40% de baisse moyenne en 2020.
La baisse est telle que même des fonds obligataires affichent des performances négatives sur les premiers mois de l'année à cause de leur exposition, même marginale, au marché actions.
Un cadre macroéconomique dégradé Si les opérateurs se disent rassurés par les mesures préventives prises par le gouvernent contre le Covid-19, il ne peuvent pas tourner le dos longtemps à une macroéconomie qui se dégrade de jour en jour. La consommation intérieure, la demande extérieur, les IDE, les transferts des MRE ou encore l'investissements public connaissent ou connaîtront des baisses historiques les mois à venir. La reprise sera difficile étant donné la baisse de la croissance en Europe, notre principal partenaire commercial. Ceci sans compter l'impact de la sécheresse sur la croissance. A court terme, les investisseurs s'attendent à ce que des secteurs comme le tourisme, la distribution automobile, les mines ou l'industrie connaissent des répercutions directes et immédiates. Si la crise se prolonge, l'agroalimentaire risquera de manquer de certaines matières premières, selon les experts du secteur. Il s'agit par exemple des ingrédients et additifs importés et utilisés dans la fabrication. Le secteur financier devra aussi encaisser des pertes impossible à chiffrer pour le moment. D'un point de vue graphique, le Masi évolue entre une résistance à 10.350 points et un support à 8.800 points. Les indicateurs techniques sont toujours dans un configuration de rebond. C'est la sortie de ce range qui donnera la sens de la prochaine dynamique des cours. A moyen-long terme, la tendance baissière est bien installée, ce qui renforce le scénario d'une sortie par le bas. On notera l'apparition d'un croisement baissier MM50/MM200 cette semaine, un signal de Death Cross qui vient confirmer la détérioration de la configuration graphique. Le dernier croisement entre ces deux moyennes mobiles s'était produit en juin 2018.