La revalorisation du salaire minimum intervenue en juillet dernier a perdu, au terme de huit mois, plus des deux tiers de son pouvoir d'achat. Le prix moyen du pétrole brut s'est établi à une moyenne de 109,8 $ le baril au cours des deux premiers mois de l'année en cours, contre 106,3 durant la même période en 2012. Comparé au même mois de l'année précédente, l'indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 2,3% en avril 2013. Sur la période couvrant les trois premiers mois de l'année, les prix à la consommation, tels que communiqués par le Haut Commissaire au Plan, ont affiché une hausse moyenne de 2,3%, soit près de quatre fois le rythme de hausse enregistré à la même période de l'année précédente. Cette hausse n'est pas innocente et augure d'une confirmation des pronostics de reprise des tensions inflationnistes établies en début d'année. Lors de la rencontre du mois de mars dernier, le gouverneur de BAM, A. Jouahri avait rassuré que la lutte contre l'inflation est l'un des soucis majeurs de la Banque centrale. Il avait par ailleurs annoncé : «Compte tenu de la conjoncture internationale actuelle, il n'y a pas de facteur externe susceptible d'avoir un impact significatif sur le niveau des prix au Maroc». Mais au vu de l'évolution des prix des produits à la consommation, les récents propos ne semblent pas convaincants. A priori, on ne peut attribuer cette tension qu'au réajustement des produits pétroliers, intervenu au mois de juin dernier. Mais les particularités des développements conjoncturels marqués par une forte contraction de l'offre agricole sont également à prendre en considération. Il est utile de rappeler que la campagne 2011-2012 a connu l'une des situations de sécheresse les plus sévères depuis plusieurs années. La régression de la production agricole résultant des conditions climatiques défavorables est estimée à près de 6% par rapport à la campagne précédente. Elle n'a pu être que très partiellement compensée par les activités non agricoles. Hormis ce qui précède, les conjoncturistes considèrent que la poussée inflationniste, enregistrée au cours des premiers mois de l'année en cours, est en relation du côté de l'offre avec la hausse sensible des coûts de la main-d'œuvre et des matières premières, en particulier celles qui sont en provenance de l'extérieur. En effet, le prix moyen du pétrole brut s'est établi à une moyenne de 109,8 $ le baril au cours des deux premiers mois, contre 106,3 durant la même période en 2012, enregistrant une hausse de 3,3%. Cette dernière se traduit par une incidence directe sur les coûts de production. La poussée inflationniste trouve par ailleurs une bonne part d'explication dans l'évolution des prix des produits importés. L'autre composante importante de l'inflation importée est liée aux approvisionnements en blé, particulièrement dans les situations d'insuffisance de la production locale. Quel effet sur le pouvoir d'achat ? Parmi les différentes rubriques de dépenses, celles relatives aux produits alimentaires qui représentent plus de 45% de la consommation des ménages ont en effet enregistré la plus forte progression avec un taux d'accroissement des prix atteignant 3,3% au cours des deux premiers mois de l'année. L'autre rubrique importante dans le budget à connaître une hausse au cours des trois premiers mois, c'est celle du transport. L'indice correspondant à cette rubrique de dépenses fait état d'un accroissement des prix de 5,4%. La même tendance est relevée au niveau de l'enseignement, de l'habillement et de la restauration avec toutefois des rythmes relativement plus réduits. Après une telle analyse, la question qui se pose d'emblée est : quel est l'effet sur le pouvoir d'achat ? En effet, la dynamique des prix conditionne le partage du résultat des activités productives et se répercute de façon directe sur le pouvoir d'achat et, par ricochet, sur le niveau de vie. En l'absence des données exhaustives et suffisamment élaborées en la matière, l'analyse des implications de la hausse des prix quant au pouvoir d'achat, les analystes de l'Observatoire de conjoncture se basent sur des indicateurs à caractère sectoriel comme le salaire minimum, la masse salariale dans les administrations publiques ou, encore, les données relatives au frais de personnel dans le secteur industriel. Reste que les résultats qui se dégagent de cette analyse sont tout de même d'une portée limitée. Et pour cause, ils ne couvrent que des secteurs bien particuliers. S'agissant plus spécifiquement du salaire minimum, après la dernière revalorisation dont il a bénéficié en juillet 2012, il est porté à 12,24 DH/heure équivalent à 2.333,76 par mois dans l'industrie, le commerce... Sa revalorisation intervenue en juillet dernier a ainsi perdu au terme de huit mois plus des deux tiers de son pouvoir d'achat. Pis encore, si la hausse des prix continue, elle risque de subir une nouvelle dégradation et d'annuler entièrement tout le bénéfice escompté. S. Es-Siari Effritement du pouvoir d'achat L'évolution de l'indicateur du salaire moyen dans les administrations publiques, calculé comme le rapport de la masse salariale aux effectifs du personnel, semble marquer ces dernières années un certain ralentissement pour toutes les catégories de personnel. Dans un contexte inflationniste, ce ralentissement dénote une perte sensible du pouvoir d'achat dans la fonction publique. Dans l'hypothèse d'une amélioration de la productivité des travailleurs, le ralentissement des revenus salariaux, comparativement à la tendance des prix, rend la perte de pouvoir d'achat encore plus forte et tend à exacerber les inégalités de revenus.