La hausse de 5 % du Smig induira une hausse de 5,96 % sur le salaire moyen et de 1,13 % sur l'inflation dans 2 ans, selon Banque Al-Maghrib. L'impact de cette augmentation sera dissipé dans 2 ans et demi pour les salaires et dans 2 ans pour l'inflation. À près deux mois de l'annonce des revalorisations salariales par le gouvernement Abbas El Fassi, la Banque centrale vient d'évaluer l'impact de la hausse du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) sur l'inflation. Pour cet établissement, «la récente décision d'augmenter le SMIG en juillet 2008 et 2009 aura un effet significatif et durable sur les salaires moyens et sur l'inflation». À la veille de la Fête du travail, le gouvernement a annoncé une augmentation du Smig de 10%, en deux étapes étalées sur deux ans, qui prendra effet à partir du 1er juillet prochain. Dans son récent rapport sur la politique monétaire, Bank Al-Maghrib annonce que cette revalorisation se traduirait par un effet de diffusion vers les autres catégories de salaires et impacterait l'inflation à la hausse à partir du quatrième trimestre 2008. Ainsi, l'impact cumulé de la revalorisation du Smig sur le salaire moyen est évalué à 4,6 points de pourcentage, en moyenne, après quatre trimestres et à environ 6 points après huit trimestres, selon les analystes de la Banque centrale. «Cette hausse du salaire moyen devrait se transmettre par la suite à l'inflation avec un impact cumulé moyen de l'ordre de 1 point après quatre trimestres, la dissipation de cet effet sur l'inflation devant avoir lieu après un délai moyen de huit trimestres», relève-t-on dans ce rapport. Selon les équipes de Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, la relation entre les salaires et l'inflation, souvent appelée boucle «Prix-Salaires», suppose qu'une augmentation des salaires, considérée comme une augmentation du coût de production, est répercutée sur les prix à la consommation, toute chose étant égale par ailleurs. Suivant le même raisonnement, cette hausse des prix affectant le pouvoir d'achat des ménages les conduira à revendiquer de nouvelles revalorisations salariales dont la concrétisation est aussi conditionnée par le niveau du chômage. «En effet, plus le chômage est bas et plus la probabilité de satisfaction de la demande d'augmentation des salaires est grande. Cette hausse des salaires affectera à son tour les prix, et ainsi de suite. Ces effets de transmission peuvent toutefois être partiellement impactés par une réduction compensatoire au niveau des autres coûts de production, notamment les prix des intrants, les tarifs d'électricité et d'énergie, le taux de profit, les taxes et droits de douane, etc», ajoute-t-on dans ce rapport. Une sorte de «spirale» qui sera dissipée dans 10 trimestres pour les salaires et 8 trimestres pour l'inflation suite à cette augmentation de 5 % du SMIG. Autrement dit, l'impact sera dissipé dans deux ans et demi pour les salaires et dans deux ans pour l'inflation (Voir tableau). «Pour le Maroc, les résultats des simulations des modèles tendent à indiquer que le salaire minimum affecte le salaire moyen et l'inflation», soulignent les analystes de Bank Al-Maghrib. Dans ce rapport, la Banque centrale s'est penchée également sur les «tensions sur le marché du travail». Au premier trimestre 2008, le taux de chômage a atteint 9,6% contre 10,1% au cours de la même période de l'année précédente. Pour les perspectives, ces analystes restent optimistes. Les précipitations enregistrées au début de la saison agricole 2007-2008 devraient dynamiser le secteur primaire et les activités qui lui sont associées. Chose qui devrait stimuler la création d'emplois à partir du deuxième trimestre 2008.