Vérité et honnêteté. Ce sont sans aucun doute les premières valeurs que l'on enseigne à nos enfants. Des valeurs que, pourtant, les adultes sont les premiers à transgresser. Le dernier exemple en date, qui nous vient de l'Hexagone, concerne l'affaire Jérôme Cahuzac. L'ancien ministre français du Budget a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale après avoir reconnu qu'il avait détenu un compte à l'étranger depuis une vingtaine d'années. Quelque 600.000 euros sont actuellement déposés sur ce compte ouvert en Suisse et transféré à Singapour en 2009. Pourtant, pendant quatre mois, il a froidement nié détenir un compte bancaire dissimulé. En faisant des aveux, il a du coup créé un séisme politique, mettant tout autant le Parti socialiste dans une bien mauvaise posture. Cahuzac, comme bien d'autres hommes politiques à travers le monde, incarne l'archétype de ces mortels qui prennent leur pied dans ce que j'appelle la «négation décroissante» : on nie au début avec véhémence, puis on devient moins audible au fur et à mesure que les preuves s'accumulent, après on ne dit plus rien (qui ne dit rien consent (sic)), et enfin on finit par avouer. Voltaire disait, à juste titre, que «la politique est l'art de mentir à propos». Les politiciens, partout, ont fait leur cette assertion. Aujourd'hui, bien peu d'hommes peuvent se prévaloir d'une vertu politique sans faille. Le mensonge, que d'aucuns essayent de maquiller habilement en usant plutôt du terme «promesse», est banalisé sur le terrain politique, surtout en période électorale. La fraude et la forfaiture sont mises en bandoulière, le plus souvent par ceux qui sont aux premières loges pour prôner une certaine éthique, que ce soit en politique ou dans les affaires. Mais quand la vérité est soudainement étalée au grand jour, surviennent alors les remords et la honte. Honte également pour la famille obligée de raser les murs à cause d'un père ou d'un oncle indélicat. Commence ainsi la longue procession funèbre vers un enterrement politique avec, le plus souvent, la prison comme «cercueil». Aujourd'hui, de plus en plus, la parole politique se décrédibilise par la faute d'élus qui se dédisent sans cesse en s'asseyant sournoisement sur la morale et l'honneur, au mépris du peuple. Cela vaut également pour tous ces Grands commis de l'Etat, au Maroc comme ailleurs, qui détournent et dilapident l'argent public pour satisfaire leur appétit, ignorant les attentes de la collectivité. Faut-il s'en inquiéter ? Bien évidemment ! Car tous ces hommes mis en orbite doivent être des modèles pour la société. De bons modèles. Comme le disait si bien l'écrivain français Louis de Bonald : «Dans une société bien réglée, les bons doivent servir de modèle et les méchants d'exemple».