Le patronat estime que le foncier industriel ne satisfait pas les demandes d'investissement, ce qui ralentit la croissance du tissu industriel marocain. Seulement 8 plateformes industrielles intégrées (P2I) sur 22, prévues d'ici fin 2015, ont été réalisées jusqu'à aujourd'hui. Mohammed Fikrat, président de la Commission investissements, compétitivité et émergence industrielle à la CGEM, revient sur le problème du foncier industriel et sur son impact sur l'émergence industrielle. Finances News Hebdo : La rareté et la cherté du foncier industriel constituent l'un des freins majeurs de l'émergence industrielle au Maroc. Quelle est la position du patronat sur ce sujet? Quel en est l'impact sur l'investissement? Mohammed Fikrat : Le développement économique et social du Maroc reste indiscutablement associé à l'accroissement des investissements, tant pour permettre la relance du marché de l'emploi que pour stimuler la création des richesses. Toutefois, l'investissement nécessite un contexte favorable. L'un des problèmes majeurs reste le foncier qui handicape et impacte négativement le développement du secteur de l'industrie au Maroc. Beaucoup d'industriels se plaignent de l'accès au foncier. De toutes les entraves à l'investissement industriel, la problématique du foncier vient en tête, ce qui a pour conséquence des demandes d'investissement insatisfaites. Cette problématique du foncier au Maroc dépend de plusieurs facteurs : elle reflète des contraintes de prix, d'accès et de qualité des infrastructures, des blocages administratifs et des assiettes foncières. Bien entendu, ces contraintes varient selon la région et le type d'activité de l'entreprise. F. N. H. : L'offre actuelle correspond-elle aux besoins des entreprises marocaines, notamment les PME? M. F. : Sur les 22 plateformes industrielles intégrées prévues d'ici fin 2015, seules 8 ont été réalisées. Va-t-on construire 14 plateformes en trois ans ? De manière globale, il faut avoir le courage de poser la question : a-t-on besoin de toutes ces P2I alors que des industriels cherchant à s'installer aux environs de Casablanca, Rabat ou Tanger mettent plusieurs mois à obtenir une dérogation concernant un terrain à vocation agricole ? Par ailleurs, nous constatons qu'il y a un manque de visibilité sur le foncier brut, en particulier dans le Grand Casablanca. F. N. H. : Selon vous, quelles sont les mesures que le ministère de tutelle devra adopter? Et quelles sont les propositions du patronat? M. F. : Le problème du foncier industriel mérite de mettre des mesures d'urgence afin de rattraper le retard en matière d'industrie et d'assurer ainsi plus de visibilité aux investisseurs marocains et étrangers. Il est nécessaire de trouver de bonnes solutions, et dans de bons délais, à la réelle problématique de la disponibilité du foncier et au problème récurrent de l'amélioration du climat des affaires. Il faut noter la récurrence des soucis d'apurement du foncier industriel qui prend trop de temps et retarde les objectifs du Pacte national pour l'émergence industrielle. La problématique d'occupation des terrains doit être traitée avec fermeté. Il serait favorable de mettre en place un organe, dédié aux problèmes d'apurement du foncier industriel, qui aurait toutes les habilitations pour lever les blocages. Par ailleurs, la CGEM appelle également au raccourcissement des délais d'activation des P2I et des agropoles.