Un taux d'intérêt plus faible que lors de la précédente sortie. Une prime de risque plus élevée au moment de l'émission. Le choix de libeller la dette en Dollar judicieux. Finalement, l'Etat marocain s'est endetté à un taux d'intérêt (à taux de change constant) plus faible que le taux appliqué au précédent emprunt émis en 2010, et cela pour des maturités équivalentes. Pour cet emprunt en Dollar, le Maroc devra s'acquitter d'un taux d'intérêt de 4,4% contre 4,55% en 2010. Le Trésor vient de faire une belle opération en empruntant moins cher et en déjouant tous les pronostics qui s'attendaient à une levée plus chère. Est-ce que la situation économique du pays a été jugée moins risquée qu'en 2010 ? Pas vraiment. Car la prime de risque au moment de l'émission est plus élevée. Le Maroc est parti à la rencontre des marchés dans un contexte interne de resserrement de liquidités et de hausse constante du déficit budgétaire depuis 2009, avec de surcroît une croissance molle, mais pour une dette extérieure qui ne représente que 23,6% du PIB total, ce qui laissait de la marge à une plus grande dépendance vis-à-vis des marchés financiers extérieurs (www.financesnews.press.ma). Dans ce contexte, le papier marocain a été souscrit 6 fois par les investisseurs. C'est le premier avantage d'une levée en Dollar. Les investisseurs étant plus nombreux pour souscrire en cette devise que dans n'importe quelle autre dans le monde. D'autant plus que l'abondance de liquidités sur le marché américain, couplée à la faiblesse des rendements obligataires aux Etats-Unis et en Europe, favorise les dettes émergentes. A ce sujet, les analystes financiers d'Attijari Intermédiation paraissent enthousiastes en déclarant que «pour la première fois, le Maroc réussit à réaliser un taux de soumission d'une aussi grande importance. Au-delà de la qualité de l'offre, les marchés sont demandeurs de dettes souveraines des pays émergents». Ces derniers ajoutent que «les faibles niveaux de rémunération des dépôts bancaires ont poussé les investisseurs à rechercher des actifs plus rémunérateurs associés à un risque raisonnable. Par conséquent, les politiques monétaires de la Fed et de la BCE ultra-accommodantes et les injections de liquidité abondantes ont stimulé l'appétit au risque des investisseurs et ont encouragé une prédisposition envers les dettes émergentes». La prime de risque continue d'augmenter Contrairement au précédent emprunt obligataire, l'emprunt de 2012 libellé en Dollar, a comme taux de référence le taux 10 ans américain. Cette obligation est historiquement considérée comme l'actif sans risque par excellence de la part de la majorité des investisseurs, au coude à coude avec l'or. La politique ultra-accommodante de la Banque centrale américaine conduit au maintien des taux de cette obligation à des niveaux artificiellement bas. Le Maroc, en choisissant cette obligation comme taux de référence, s'est assuré de contracter un emprunt moins cher. Toutefois, la prime de risque, qui est le différentiel que souhaitent avoir les investisseurs par rapport au taux de référence, et qui permet de mesurer le risque d'un papier de dette, est de 275 points de base alors qu'en 2010 elle n'était que de 200 pbs et de seulement 55 pbs en 2007. D'ailleurs, la prime de risque sur la dette marocaine est en hausse rapide depuis 2009. Le Maroc semble avoir fait une bonne affaire, mais cela n'empêche pas de continuer à surveiller de très près les agrégats macroéconomiques et de mettre en œuvre une politique structurelle pour rééquilibrer les comptes publics.