Levée à l'international, une opération réussie Selon les analystes financiers de la banque d'affaires Attijari Intermediation, la sortie à l'international du Maroc s'est avérée une réelle réussite. Une opération particulièrement louable dans le contexte économique mondial actuel, preuve de l'attrait toujours vif que représente le papier marocain, à chaque sortie, pour les investisseurs étrangers. Ainsi au terme d'une tournée qui a duré plus d'une semaine, la délégation marocaine, accompagnée d'acteurs de référence sur les marchés financiers internationaux, a réussi un taux de sursouscription de 6 fois. Preuve d'un accueil chaleureux, l'issue de cette sortie à l'international présente une véritable source de satisfaction. Le Maroc confirme ainsi sa bonne image à l'international, notent les auteurs de ce commentaire. Trois principaux arguments militent en faveur des dettes émergentes: Une liquidité abondante en quête d'un rendement raisonnable pour un niveau de risque tolérable ; Des difficultés persistantes des pays périphériques de la zone euro ; Des perspectives économiques sujettes au doute dans les pays développés. Si les conditions à l'international sont réunies pour une émission de dette émergente, le Maroc a tout intérêt à saisir cette occasion dans sa quête de refinancement en devise. Un taux d'endettement au-dessous de 60% du PIB Cet emprunt à l'international ne devrait pas, outre mesure, pénaliser les indicateurs d'endettement du pays, ni entacher les ratios des finances publiques du Maroc. En effet, les données macroéconomiques du pays permettent d'attester de leur bonne tenue. Premier indicateur de taille, le taux d'endettement du Trésor à fin 2011 qui s'établit à 52,9% soit un niveau inférieur au seuil de 60% tel que recommandé par le FMI. Deuxième indicateur tout aussi important, la répartition de l'encours global de la dette du Trésor entre financement interne et externe demeure quasi-stable ces cinq dernières années et oscille autour de la structure optimale préconisée par le ministère des Finances qui est de (75% intérieur vs 25% extérieur). La dette marocaine et le rating du risque pays sont mieux lotis par rapport aux pays européens comme l'Espagne. Par ailleurs, la dette extérieure en % du PIB du Maroc demeure à des niveaux très faibles en comparaison avec d'autres pays émergents. Le Maroc n'est pas à sa première sortie réussie à l'international. Déjà, en 2003, le Trésor, accompagné d'acteurs de référence sur le marché international, a réussi son pari. En 2007, l'argentier de l'Etat réitère l'expérience avec grand succès, sans compter l'année 2010 où il a réussi à obtenir une prime de risque très satisfaisante, accordée en marge de son nouveau statut «Inversement Grade». En 2012, le Trésor renouvelle sa tentative avec un succès au rendez-vous. De plus, cette émission est la première en son genre: libellé en dollars, elle permet de toucher un panel d'investisseurs élargi et de gagner une plus grande profondeur du marché des Eurobonds en dollars. Apport de liquidités extérieures Sur le marché monétaire marocain, la nouvelle a été très bien accueillie et a généré l'enthousiasme des opérateurs de marché espérant que cet emprunt à l'international ouvrira la voie à d'autres opérations du même genre en cas de nécessité. A l'instar de la dernière levée sur les marchés financiers étrangers en 2010 qui a pu soulager les réserves de change de plus de 11 milliards DH, cette nouvelle opération se joindrait à l'action de la Banque Centrale en renflouant les réserves de changes marocaines et en atténuant de facto le déficit de la balance des paiements de quelques 13 milliards DH Le Trésor concrétise sa volonté de diversifier ses sources de financement, et lance un message clé aux opérateurs de marché à travers ce nouvel emprunt sur les marchés internationaux. L'Etat marocain diminue ainsi les pressions sur la liquidité domestique. En effet, tout au long de l'année 2012, la courbe primaire a poursuivi son chemin haussier face à des besoins grandissants du Trésor au titre de l'exécution de la loi de finances 2012 auxquels les investisseurs ont eu du mal à satisfaire. Dans ce contexte, cette levée à l'international soulagera le marché intérieur à travers un apport de liquidité extérieur. Du côté des taux obligataires, la courbe primaire pourrait connaître une stabilisation voire une légère baisse en cette fin d'année liée à l'anticipation des acteurs de marché du recul des levées du Trésor sur le marché domestique. D'après les analystes, les retombées de cette opération sont nombreuses, dont notamment, (i) une bonification de la liquidité sur le marché monétaire ; (ii) un relèvement des réserves de change de prés de 12 jours d'importation pour les porter au-delà du seuil fatidique de 4 mois ; (iii) une diminution de la pression sur les taux des marchés primaire et secondaire ; et (iv) une optimisation du coût de la dette publique.