MILAN/PARIS (Reuters) - Fiat Chrysler Automobiles (FCA) a annoncé lundi avoir proposé un ambitieux projet de fusion au groupe Renault qui donnerait naissance au troisième constructeur automobile mondial. “Fiat Chrysler Automobiles a remis aujourd'hui une lettre non engageante au conseil d'administration de groupe Renault proposant un rapprochement dans le cadre d'une fusion qui verrait les actionnaires des deux groupes détenir chacun 50% du nouvel ensemble”, a déclaré le constructeur italo-américain dans un communiqué. En conjuguant leurs forces, Renault et FCA donneraient naissance au troisième constructeur derrière Volkswagen et Toyota, avec des ventes annuelles de 8,7 millions de véhicules, permettant d'importants gains d'échelle pour tout investissement réalisé en commun. “Une collaboration étendue au travers d'un rapprochement permettrait d'améliorer substantiellement la stratégie d'allocation de capital ainsi que la rapidité du processus de développement de nouveaux produits”, a ajouté le constructeur italo-américain. Renault a confirmé de son côté avoir reçu une proposition de FCA concernant un projet de fusion, qui sera discuté ce lundi matin par son conseil d'administration. A 9h59, l'action Renault bondissait de 12,47% à 56,22 euros tandis que l'action milanaise de FCA s'envolait de 12,66%. L'ensemble du compartiment automobile est également soutenu par cette opération qui braque à nouveau les projecteurs sur la consolidation dans l'automobile. L'indice des valeurs automobiles européennes gagne 1,83%, bien parti pour connaître sa meilleure journée depuis le 4 janvier, le titre PSA, qui avait également discuté d'une alliance avec FCA, cédant en revanche 3,30%. Le projet présenté par FCA prévoit la fusion des deux groupes au sein d'une société-mère de droit néerlandais. Après versement aux actionnaires de FCA d'un dividende exceptionnel de 2,5 milliards d'euros afin de rééquilibrer la valeur des deux groupes, chacun d'entre eux recevrait 50% du capital de la nouvelle entité en actions nouvelles. “Le nouvel ensemble (...) serait l'un des leaders mondiaux de technologies dédiées aux véhicules électriques, de marques premium, de SUV, de camions et de véhicules utilitaires, et bénéficierait d'une présence mondiale avec une répartition géographique plus étendue et plus équilibrée que chacun des deux groupes seuls”, a ajouté FCA. Ce projet pourrait avoir des répercutions importantes sur l'alliance de Renault avec ses partenaires japonais Nissan et Mitsubishi, fragilisée par l'arrestation de son ancien président Carlos Ghosn. La course à l'électrification, le durcissement des normes d'émission et les investissements considérables requis par les voitures autonomes et connectées font qu'il est de plus en plus difficile pour un groupe automobile de faire cavalier seul. FCA attend ainsi quelque cinq milliards d'euros d'économies annuelles du projet, qui viendraient s'ajouter aux synergies actuelles de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Le nouveau groupe serait présidé par John Elkann, président de la holding de la famille Agnelli Exor, qui contrôle 29% de FCA, ont dit à Reuters des sources proches du dossier. Selon une d'entre elles, le président de Renault Jean-Dominique Senard deviendrait probablement directeur général. L'Etat français, principal actionnaire de Renault avec une participation de 15%, a accueilli lundi de façon “assez favorable”, le projet de fusion FCA-Renault, estimant qu'il était bon pour l'Europe d'avoir des géants industriels européens. La porte-parole du gouvernement a précisé qu'il fallait néanmoins encore regarder en détails les modalités du rapprochement. Une source gouvernementale a souligné de son côté que Paris serait “particulièrement vigilant concernant l'emploi et l'empreinte industrielle”, et que tout accord entre Renault et FCA devait aussi préserver l'alliance avec Nissan. Signe des obstacles qui demeurent, Claudio Borghi, député de la Ligue du vice-président du Conseil Matteo Salvini, a prévenu de son côté lundi à la télévision italienne que le gouvernement italien défendrait les intérêts du pays et qu'il pourrait demander une symétrie dans les participations publiques, la présence de l'Etat français au capital de Renault étant à ses yeux une “anomalie”.