Les marchés ont été cléments en 2012, mais rien ne les empêche de repartir à la hausse. Le gouvernement ne se couvre pas. Le contribuable continuera de payer les pots cassés. Avec la financiarisation galopante du marché des matières premières, les cours se sont détachés de leurs fondamentaux. C'était par exemple le cas en 2008 où le cours du pétrole avait atteint des sommets à 140 $, alors que l'activité économique mondiale était en phase de ralentissement. Ces phénomènes mal anticipés par le gouvernement pèsent sur le budget de l'Etat, et notamment sur la Caisse de compensation. Pourtant, des solutions existent. Le marché des matières premières a été clément en 2012. A l'heure où nous mettions sous presse, les contrats futurs sur le sucre sont en baisse de 17,2% depuis le premier janvier, le café perd 33,5% sur cette période alors que le cuivre, indicateur avancé de l'activité économique mondiale, ne s'apprécie que de 2,7%. Même les cours du pétrole se détendent, avec une baisse de 11,4% durant les 11 premiers mois de l'année. Néanmoins rien n'empêche les marchés de repartir à la hausse en 2013. Dans les économies libéralisées, lorsque le marché du blé, par exemple, s'embrase, il n'est pas rare que les boulangers en profitent pour augmenter le prix de la baguette. Aux Etats-Unis, les prix à la caisse peuvent augmenter de 6% en l'espace de quelques mois. En Chine, les prix des produits alimentaires augmentent plus vite que les autres, alors que l'Inde a vécu une année 2006 exceptionnelle avec une inflation de 10% à cause de la hausse des prix du pétrole, du blé, du gaz et du riz. Le système de compensation au Maroc, tel que présenté, neutralise presque totalement l'effet de ces hausses, ce qui permet de contenir l'inflation à des niveaux bas. Ce raisonnement est en réalité illusoire, car le budget de la compensation est alimenté par les deniers publics constitués principalement d'impôts. En d'autres termes, le contribuable subit partiellement ces hausses des prix des matières premières, mais de manière indirecte. D'ailleurs, la Loi de Finances 2013 prévoit des hausses d'impôts importantes ciblant majoritairement les plus riches. Ce sont ces plus riches qui alimenteront en partie le budget de compensation. L'Etat dispose pourtant d'autres leviers. Des instruments financiers qui lui permettent de se couvrir contre la volatilité des marchés moyennant des primes payées à l'avance. Un calcul mathématique simple permet de conclure qu'une couverture début 2009 sur une durée de 4 ans pour fixer le prix du baril de pétrole à 55 dollars aurait coûté 20 milliards de DH, mais aurait permis d'économiser environ 80 milliards de DH (prix de la couverture inclus). Beaucoup de spécialistes s'interrogent d'ailleurs sur l'inexploitation de ce type d'instruments par le gouvernement. Pour 2013, le gouvernement souhaite ramener le déficit budgétaire à 4,8 % du PIB sur la base des hypothèses d'un taux de croissance du PIB de 4,5 %, d'un taux de change moyen de 8,5 DHS/$ et d'un cours moyen du baril de pétrole de 105 $. Cette année encore, aucune couverture n'a été étudiée et si ces hypothèses ne se révèlent pas pertinentes, le contribuable trinquera encore une fois. Dossier réalisé par S. Z. et A. H.