Hassan Boulaknadal, DG de l'Office des changes, revient sur les enjeux de la nouvelle circulaire et les principaux chantiers qui vont être initiés pour accompagner le processus de développement économique du Royaume.
Finances News Hebdo : L'Office des changes vient de publier une nouvelle circulaire. Quels en sont les apports pour le marché ?
Hassan Boulaknadal : Les dispositions introduites par la nouvelle circulaire de l'Office des changes répondent aux besoins d'accompagnement des opérateurs économiques opérant à l'international en termes de besoin de couverture des risques. La circulaire définit de manière claire la palette des produits de couverture que les opérateurs peuvent contracter auprès des intermédiaires. Il y a bien sûr le risque de change et de taux et de variation des prix des produits de base, mais également l'extension de la possibilité de couverture aux produits stockés. Par ailleurs, la circulaire permet dorénavant aux opérateurs de pouvoir utiliser une combinaison de produits de couverture, comme elle permet de recourir à la compensation des positions.
F.N.H. : Cette nouvelle circulaire permet-elles aux banques de faire plus d'ingénierie financière ?
H. B. : Clairement oui. En ouvrant la porte à l'utilisation d'une panoplie de produits de couverture, la circulaire permettra de faire de l'ingénierie financière en toute souplesse, tout en encadrant les obligations des opérateurs afin de veiller à la reconstitution des réserves de change. L'élargissement des couvertures aux produits stockés et à certaines opérations en capital devrait accroitre le développement de l'ingénierie financière.
F.N.H. : Quels sont les garde-fous qui vous permettent de contrôler les opérations de spéculation dans ce cadre ?
H. B. : La circulaire exprime de manière claire l'utilisation des produits de couverture à la naissance d'une opération commerciale. De cette manière, les prises de positions sur le marché des dérivés non justifiées économiquement se trouvent limitées. A travers cette approche, nous cherchons à privilégier l'accès aux devises (spot ou terme) aux seuls vrais acteurs économiques engagés dans le processus de production et de création de valeurs.
F.N.H. : Quels sont les chantiers prioritaires de l'Office à court et moyen termes ?
H. B. : La réglementation des changes est inscrite dans une logique d'assouplissement graduel permettant à l'économie nationale de s'ouvrir sur son environnement et aux acteurs de se mettre au diapason des exigences d'un marché de plus en plus concurrentiel. Notre vision est d'aller vers un assouplissement accru des process et des procédures de traitement en interne, en ayant recours à une automatisation de nos processus métier. Par ailleurs, notre politique de digitalisation et d'allègement des exigences faites aux opérateurs vise à réduire les tâches administratives au profit d'une politique qui met en avant la confiance, tout en renforçant le contrôle à postériori.
F.N.H. : Peut-on avoir une idée sur les grandes lignes du plan stratégique de l'Office des changes 2017-2021 ?
H. B. : Les grands axes sont centrés sur une stratégie d'accompagnement des usagers basée sur une politique d'écoute et de célérité des traitements. Ainsi, un grand effort sera fait au niveau des infrastructures informatiques à même de permettre à l'Office d'atteindre ses objectifs en termes de digitalisation et de fluidification des échanges avec les usagers au sens large. Les relations institutionnelles ne seront pas en reste, puisque la coopération avec les différentes instances de contrôle et de supervision sera accentuée. La réglementation des changes sera régulièrement revisitée afin de prendre en considération les défis nouveaux nés de la mondialisation des échanges et de la croissance exponentielle du numérique.
A lire sur le même thème : Flexibilité du dirham : Les exportateurs en mode veille