L'exercice de la presse au Maroc pourrait connaître une avancée «notable», à travers la suppression des peines privatives de liberté. Une mesure très attendue par la communauté des journalistes, tant l'embastillement des professionnels du métier est devenue monnaie courante, pour ne pas dire quasi systématique pour faire taire les plumes braillardes. Reste qu'il faut apprécier cette mesure à venir avec réserve. Car, forcément, comme dans toute règle, il y aura des exceptions. Quelles seront-elles ? Quelles seront les lignes rouges à ne pas dépasser ? Seront-elles suffisamment claires ? Ou laissera-t-on planer un flou artistique qui suscitera diverses interprétations et légitimera, abusivement, l'incarcération des journalistes. C'est sur ce point que devront être très vigilants le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), dans le cadre notamment du dialogue entamé avec le ministère de la Communication et le ministère de la Justice et des libertés. Car, aujourd'hui, à l'heure du Maroc du changement, il paraît pour le moins important que la liberté d'expression ne souffre d'aucune forme d'ambiguïté. Et ce, en garantissant notamment l'expression plurielle des courants d'opinion, premier palier de la démocratie. Surtout que le Royaume, qui a initié des réformes institutionnelles historiques, doit s'inscrire dans un processus de renforcement des libertés publiques. Ce qui ne signifie nullement donner un chèque en blanc aux journalistes, lesquels, déontologie et éthique en bandoulière, ne doivent s'autoriser des dérives en confondant liberté d'expression et «libertinage». En tout cas, les professionnels attendent beaucoup du nouveau code de la presse. Et les pouvoirs publics semblent prêter une oreille attentive à leurs attentes. Il faut donc qu'ils accordent juste leurs violons. Afin que la presse puisse valablement jouer son rôle dans un souci de vérité afin de consolider sa position de pilier du système démocratique. Afin que les professionnels du métier, dans la pratique journalistique, n'aient pas l'impression d'être constamment en liberté conditionnelle.