Cest la semaine dernière qua eu lieu la cérémonie du grand prix national de la presse. Un événement marqué surtout par la manifestation organisée par certains journalistes pour dénoncer létat de la presse au Maroc, particulièrement au moment où nombreux sont les plumes braillardes qui ont été attraits devant la Justice et condamnés. Quelques jours plus tard, lundi dernier précisément, lon apprenait que Rahid Niny, directeur de publication dAl Massae, a été condamné à trois mois de prison ferme et 50.000 DH damende, alors quun journaliste du même support, Saïd Laâlej, écopait de 30.000 DH et de deux mois de réclusion ferme. Des peines privatives de liberté pour diffamation à lendroit dun fonctionnaire de la Justice. Joli paradoxe, alors même que lon na pas encore fini de célébrer la presse. On le disait tantôt dans ces colonnes : lexercice de la profession de journaliste doit se faire dans le strict respect des règles déthique et de déontologie en la matière. Cest-à-dire en dehors de tout «libertinage» auquel se livre une certaine presse à sensation, en mal de notoriété et de popularité. Pour autant, il faut reconnaître que lusage abusif de larticle 42 du code de la presse pour embastiller les journalistes, remet fondamentalement en cause les principes démocratiques dun Maroc résolument tourné vers la modernité. Il faut le dire : à travers les peines privatives de liberté et les dommages et intérêts exorbitants réclamés, la Justice a ouvert une brèche quil serait difficile de refermer. Et où vont sengouffrer tous ceux qui veulent museler la presse indépendante. Voilà le choix qui nous semble désormais offert : être des béni oui-oui ou saccommoder dune liberté conditionnelle (qui ne dit pas son nom) jusquau premier faux pas qui nous propulsera derrière les barreaux.