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Mohamed Berrada, l’athlète
Publié dans Finances news le 24 - 04 - 2008

Quel lien entre la presse et le sport ? Vous me direz : la presse sportive. Mais il n’y a pas que cela. C’est d’ailleurs le cas d’un fervent défenseur de la presse nationale, Mohamed Berrada, le PDG de Sapress.
Dans son bureau, sis rue Sijilmassa à Casablanca, un panier de basket et plusieurs trophées témoignent du passé glorieux d’un sportif qui pratique encore et toujours ce sport.
Un sportif nostalgique de cette enfance dorée à Oujda, la ville qui l’a vu naître et où il a passé des années heureuses et riches en évènements aussi bien personnels que nationaux.
En effet, il est né quelques années avant l’indépendance du Maroc, dans cette ville frontalière, et plus exactement à quelques pâtés de maisons de l’Etat-Major qui marquait la présence française, mais aussi près de Dar El Bacha. «Le quartier vivait au rythme des cérémonies à Dar El Bacha ou encore des célébrations de fêtes par le Résident général de France. C’est un faste qui avait un charme certain à l’époque. Le choix de mes parents d’y habiter est extraordinaire puisque mon enfance reste empreinte de beaucoup de faits qui ont marqué également le pays». Dans la maison familiale, une demeure traditionnelle, Mohamed Berrada, enfant, est sublimé par la présence de tant de personnes dans le foyer.
Le grand patio de la maison du père de Mohamed Berrada a également été témoin de grandes réceptions comme celles des joueurs du club Mouloudia d’Oujda. «Mon père était un grand fan des joueurs du club et il organisait régulièrement des réceptions pour eux».
D’ailleurs, il se rappelle encore lorsque Larbi Benmbarek, au summum de sa gloire, avait visité la ville, et celui qu’on nommait la Perle Noire était venu chez les Berrada.
«Mon père avait des penchants sportifs prononcés et en ce qui me concerne, le sport avait démarré tôt dans les établissements scolaires où j’ai étudié. J’ai également été joueur au Mouloudia après être passé par tous les niveaux jusqu’à l’équipe première».
Entre Mohamed Berrada et le sport, c’est histoire d’une passion. Quand il arrive à Casablanca à la fin des années 60, il exprime cette passion au sein du CMC, le Cercle Municipal de Casablanca et au sein de l’ASUC, l’Association Sportive Universitaire de Casablanca. Il est plusieurs fois champion dans cette discipline.
Rien d’étonnant puisque beaucoup de ceux qui travaillent à Sapress sont des joueurs de basket dans des clubs prestigieux comme ceux du Raja ou du Wydad.
Cette passion lui vaudra d’être nommé en 1975 Président de la Fédération Royale Marocaine de Basket. «Le Basket est un sport que j’aime passionnément, que j‘ai pratiqué et que je continue de pratiquer avec les vétérans».
Dans le cadre de ce poste, Mohamed Berrada a été amené à conduire l’équipe nationale dans plusieurs pays, une équipe qui comptait des jeunes qui ont brigué par la suite des postes importants.
«On ne peut pas pratiquer le sport juste comme une thérapie. Le plus beau est de le pratiquer par amour».
Mais le parcours de cet Oujdi ne se résume pas au sport. Enfant, il suivait ses cours à l’école «officielle», mais aussi à l’école «libre», dirigée par les nationalistes qui, à l’époque, voulaient inculquer aux enfants l’amour du pays et la défense de ses valeurs fondamentales. C’est ainsi qu’enfant, il a participé à l’élaboration de tracts réclamant l’indépendance du Maroc.
Il s’était engagé dans le militantisme par le biais du scoutisme, à travers la jeunesse istiqlalienne ou encore d’autres mouvements qui encadraient la jeunesse.
Et bien que sa famille fût naturellement istiqlalienne, lui gardait sa réserve pour manifester librement ses idées.
Alors âgé de quatorze ans, Mohamed Berrada fut témoin d’un Maroc qui recouvre son indépendance. «Le discours du Roi Mohammed V le 18 novembre 1955 avait donné lieu à un vrai festival culturel où toute la ville connaissait des manifestations culturelles, artistiques, musicales. Nous étions très actifs; Oujda, c’est une partie de l’histoire du Maroc».
Des moments forts de l’histoire de notre pays qui ont à tout jamais marqué Mohamed Berrada.
Lauréat de l’Institut Marocain des Hautes Etudes où il obtient un diplôme supérieur de langue arabe, une de ses passions également, Mohamed Berrada s’exercera à l’enseignement de l’arabe pendant deux années dans le cycle secondaire.
Il ouvre un intervalle de six années de sa vie qu’il passera en France où il suivra une formation sur l’inspection de la presse. Cette expérience lui ouvrira la voie du journalisme qu’il exercera au sein du Dauphiné Libéré à Grenoble. «Ces six années ont été marquées par beaucoup de travail et de recherche de soi».
De retour au Maroc, il intègre l’unique entreprise de diffusion de presse à l’époque en tant que directeur commercial. La société était à capital entièrement français. Le secteur était marqué par un grand monopole de fait.
En 1977, il décide de créer Sapress. «Je me suis réuni avec les éditeurs de journaux et nous avons créé ensemble cette coopérative qui avait pour objectif la promotion de la presse nationale».
L’expérience réussie à laquelle on assiste aujourd’hui ne s’est pas faite que dans la douceur. À l’époque, la presse et le journalisme étaient des métiers à «haut risque». «Nous avons connu des passages à vide».
La politesse et la courtoisie de l’homme l’empêchent certainement de qualifier le passage d’une presse strictement militante à une presse professionnelle de passage à haut risque. La censure entre autres, mais aussi des arrestations dont faisaient l’objet certains militants et même journalistes, témoignent d’une pénible zone de turbulence à l’époque.
«J’ai eu la chance de m’en être sorti indemne alors que d’autres y ont laissé des plumes. J’ai été privilégié par le destin qui a voulu que cette traversée se soit effectuée pour moi finalement sans beaucoup de casse».
Pour revenir au lien entre le sport et la presse, Mohamed Berrada a trouvé une astuce : appliquer les valeurs du sport au travail. «Quand c’est quelqu’un qui marque, c’est toute l’équipe qui gagne. Comme au Basket, il faut s’entourer de gens proches sur le plan des idées et du comportement humain. Cela permet d’optimiser et de renforcer l’espoir de parvenir à réaliser davantage de succès et de voir le Maroc se développer».
A l’exemple du leader d’équipe, Mohamed Berrada est un patron qui s’est fixé des objectifs et qui y met du sien pour les concrétiser, fédérant son équipe pour l’accompagner vers cet objectif qui est celui de faire de la presse le levier indispensable afin de faire du Maroc une société moderne et démocratique.
Il a joint l’acte à la parole, car en plus de veiller à une large diffusion de la presse auprès de toutes les couches sociales, Mohamed Berrada a notamment participé à la création de plusieurs journaux. D’ailleurs, il est notoire que quand une personne veut lancer un journal, elle trouve le soutien volontaire auprès de Mohamed Berrada.
C’est également un père affectueux pour ses deux filles dont il est très fier. Loin de toute prétention, il estime avoir atteint tous les objectifs qu’il s’était fixés. Mais comme tout sportif, il s’ingénie à chaque fois à placer la barre encore plus haut.


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