■ Le Maroc «tire son épingle» du jeu malgré les pressions négatives dues au contexte international. ■ La compensation demeure un problème de taille. La première sortie médiatique de Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des Finances et de Driss Azami Idrissi, ministre délégué chargé du budget, a fait l'objet d'une présentation des résultats préliminaires de l'économie marocaine durant l'année 2011, de ses réalisations, ses points faibles et les défis auxquels elle est amenée à faire face pour cette année. Le Maroc opère dans un contexte international marqué essentiellement par la hausse des prix du pétrole, passant de 62 $/Baril en 2009 à 104 $/Baril ; par l'élargissement de la dette souveraine à de nombreux pays (Espagne, Grèce, Italie) et par des perturbations géopolitiques dans les régions Moyen-Orient et Afrique du Nord perturbant ainsi la croissance mondiale. Elle devrait se suffire de 3,8% alors qu'elle était prévue à 4,4%. Préssentie à 1,5%, la zone euro devrait atteindre 1,6%. En dépit de la conjoncture internationale défavorable, le Maroc devrait situer la croissance de son PIB à 5%, tirée d'une part par la croissance des activités non agricoles atteignant 4,7% au terme du 3ème trimestre 2011, contre 4,5% une année auparavant ; et d'autre part, par l'accélération de la distribution des crédits qui ont connu une hausse de 10,5% à 65 Mds de DH par rapport à 2010. Par ailleurs, l'inflation a été contenue à des niveaux acceptables (0,9%) au même titre que le taux de chômage (8,9%). Dans ce sillage, la balance commerciale enregistrerait un déficit commercial de 185 Mds de DH, en hausse de 25%, ce qui porte le taux de couverture à 48% contre 50,2% l'année précédente. Baraka a noté que «la hausse du prix du pétrole et des produits céréalières a impacté négativement et le solde commercial et les finances publiques». Dans ce sens, la hausse des importations des produits énergétiques et céréalières a contribué à hauteur de 70% à la dégradation du déficit commercial. La hausse des exportations de 14,3% à 171 Mds de DH à fin 2011 est due principalement à la bonne performance des produits des phosphates dont les expéditions à l'étranger ont réalisé une progression de 35%. Il y a lieu de noter que les exportations du groupe OCP couvrent 54% des importations énergétiques. Heureusement ! Les avoirs extérieurs, quant à eux, sont en baisse, s'établissant à 5,2 mois d'importation contre 6,8 mois l'année dernière. Le niveau alarmant est de 3 mois. Des finances publiques plombées par la compensation L'exécution de la Loi de Finances 2011 s'est soldée par des résultats positifs en termes de recettes fiscales et non fiscales, en progression respective de 5,7% à 162,8 Mds de DH et 21% à 19,6 Mds de DH, comparaison faite avec l'année dernière. Les dépenses ordinaires se sont élevées à 193,5 Mds de DH, soit une hausse de 19,4% par rapport à 2010. Celles-ci sont gravement plombées par la compensation dont le niveau a été prévu dans le cadre de la Loi de Finances 2011 à 17 Mds de DH et ont été largement dépasses pour atteindre 48,8 Mds de DH. De ce fait, les recettes ont augmenté de 11,8 Mds de DH et les charges de 32,4 Mds de DH dont 21,6 Mds de DH du fait de l'augmentation de la charge de compensation. Ceci a induit une aggravation du déficit budgétaire d'environ 20,6 Mds de DH, soit l'équivalent de 2,6% du PIB. Au total, le déficit s'établit à 6,1% du PIB. La dette du Trésor demeure contenue Malgré la hausse du déficit budgétaire, la dette du Trésor reste contenue à des niveaux acceptables avec une maîtrise des coûts et une faible exposition aux risques associés à cette dette. Ainsi, la dette du Trésor par rapport au PIB a atteint 52,9%, soit une hausse de 2,6 points par rapport à 2010. La structure de la dette est conforme au portefeuille Benchmark et est constituée à plus de 80% de dettes à moyen et long termes et à 14% de dettes à court terme. Par ailleurs, elle est contractée à hauteur de 93% à taux fixe. Conjuguant l'ensemble de ces éléments, le ministre délégué a conclu que le Maroc jouit de la confiance de la communauté internationale, des organisations financières internationales et des investisseurs étrangers, notamment suite à la dernière réforme constitutionnelle et à la consolidation de la transition démocratique dans notre pays. Dans ce cadre «le FMI porte un regard positif sur l'économie marocaine. Cependant, nous devons poursuivre ce comportement vigilent, notamment vis-à-vis du déficit commercial», conclut Baraka. ■