Les dépenses de compensation plombent le déficit. Le recours au marché obligataire serait inévitable. L'étude de Marogest, société de gestion d'actifs, fait le point sur la situation des finances publiques et établit des prévisions pour atténuer le déficit budgétaire. Le Trésor et son déficit font beaucoup parler d'eux. Bien que les recettes de l'Etat se comportent de manière favorable, l'évolution des dépenses, quant à elle, pousse les opérateurs du marché à s'attarder sur cette variable. Dans ce cadre, le déficit budgétaire, hors privatisation, s'est élevé à fin juin de l'année en cours à 16,6 Mds de DH, soit un taux de réalisation de 56% par rapport au 3,5% du PIB retenu par le PLF 2011. Farid Chaaoub, Directeur général de Marogest, ne se veut pas alarmiste : «L'intérêt de cette note est d'éclaircir la situation et de donner plus de clarté aux acteurs du marché». Selon lui, «il s'agit de s'interroger sur le manque de visibilité de l'évolution des finances publiques». Réalisations au premier semestre Les recettes ordinaires ont augmenté sur les six premiers mois de l'année en cours de 4,4% par rapport à la même période de l'année précédente. Cette évolution est liée à la bonne tenue des recettes non fiscales constituées exclusivement des privatisations (+47,7%) et des recettes fiscales (+15,3%, de l'IS et +8,2% de la TVA) qui ont permis de dégager un surplus de 1,2 Md de DH. A contrario, les dépenses ordinaires se sont accrues de 10,3%, portées notamment par la montée en flèche de la charge de compensation, faussant ainsi l'hypothèse de la stabilité de ce paramètre dans le PLF 2011 par rapport à l'année dernière. Le recours de l'Etat au marché obligataire domestique est dès lors imminent. Ainsi, le montant des souscriptions au premier trimestre 2011 a totalisé 181 Mds de DH, soit une moyenne par séance de 13,9 Mds de DH, contre 13,1 Mds de DH en 2010. Par ailleurs, le Trésor a levé 26 Mds de DH contre 32 Mds de DH une année plus tôt. Vu la hausse des matières premières à l'international, le durcissement des conditions d'emprunt étranger et la prolongation des rounds du dialogue social, le gouvernement décide de rallonger les crédits alloués à la Caisse de compensation de 15 Mds de DH, de procéder à des augmentations de salaires des fonctionnaires de 600 DH et de la pension minimale de retraite de 600 DH à 1.000 DH. Dans cette spirale d'élévation continue des charges de compensation, de quel moyen userait le Trésor pour combler son déficit ? Possibilités de sortie du déficit L'analyse a porté ainsi sur trois variables, dont la compensation, l'investissement et la privatisation. Revêtant un caractère volatil, la compensation dépend largement de la fluctuation des matières premières énergétiques et agricoles. Le pronostic retenu est la stabilité du prix du pétrole dans une fourchette de 100 à 110 $ le baril. Ce qui porterait les dépenses de compensation à 49,2 Mds de DH, soit 17,2 Mds de DH supplémentaires pour les crédits disponibles. Dans le but d'atténuer le déficit budgétaire, l'Etat pourrait dégager des économies en reportant certains investissements. Si ce dernier poursuit le rythme de ralentissement de l'investissement adopté au premier semestre, il pourra ainsi économiser 7,4 Mds de DH sur toute l'année. La privatisation est, certes, une source exceptionnelle de recettes, mais l'Etat a décidé de ne plus dépendre des recettes générées par la privatisation. Celles-ci seront désormais affectées entre le Fonds Hassan II pour le développement économique et social et le Fonds de soutien des investissements. In fine, sur la base d'un montant total des dépenses de compensation de 45 Mds de DH, d'une économie de 7,4 Mds de DH des crédits d'investissement, d'une augmentation de la charge de fonctionnement de 4 Mds de DH et d'une progression des recettes fiscales sur l'année de 2,4 Mds de DH, le déficit budgétaire s'établirait à 5,4% du PIB. Ainsi, pour financer ses besoins, le Trésor aurait recours massivement au marché primaire et pourrait émettre des bons de Trésor. La demande serait par conséquent importante et les rendements aussi.