Certains fellahs n'arrivent pas à obtenir l'autorisation de forage de la part de l'agence hydraulique à cause de la lourdeur de la procédure. L'accord de la subvention de l'Etat et le financement pour le forage sont conditionnés par la réalisation d'un projet d'arboriculture.
Les exploitants dans les périmètres irrigués sont largement servis en eau, mais ceux qui sont installés dans les zones bours, n'ont d'autres choix que de creuser des puits. Depuis 2012, ces opérations sont soumises à autorisation par les agences des bassins hydrauliques, qui sont exigeantes à plusieurs niveaux. L'objectif est d'assurer une gestion rationnelle, intégrée et un suivi des ressources hydriques. Ces restrictions ne sont pas du tout du goût de certains agriculteurs, qui n'arrivent pas à mener à bien leur projet d'investissement. «Je possède un terrain de trois hectares. Pour obtenir l'autorisation de creuser un puits, l'agence du bassin hydraulique m'a demandé un acte justifiant la libre disposition du sol sur lequel les ouvrages ou les installations doivent être réalisés. Comme je suis propriétaire dans l'indivision, je dois obtenir l'accord de tous les autres héritiers. Certains vivent à l'étranger et je suis en conflit avec d'autres», témoigne Abdelaziz Ziani, exploitant dans la région de Benslimane. Le cas de cet agriculteur n'est pas isolé et plusieurs d'entre eux évoquent la même problématique. Certains citent le refus de l'autorité de tutelle d'accorder son aval à tout creusement près des cours d'eau, des routes, des forêts ou autres sites. Dans certaines régions arides du pays, des associations bienfaitrices et des donateurs n'ont pas pu réaliser de forage à cause des caprices de la procédure. Pour les fellahs qui désirent creuser au-delà d'une certaine profondeur ou bénéficier d'un fort débit d'eau, une autorisation spéciale est requise pour justifier une telle demande. Le demandeur doit détailler son projet agricole (type de culture, ses besoins en eau, les techniques d'irrigation utilisées et l'investissement réalisé). Outre les contraintes administratives, les exploitants signalent d'autres handicaps. Auparavant, l'Etat accordait une subvention allant jusqu'à 40% pour la réalisation d'un puits et aussi le financement à des taux compétitifs. Actuellement, de tels avantages sont liés à la réalisation de projets agricoles, notamment l'arboriculture. «Dans le monde rural, il y a des besoins vitaux qui doivent être satisfaits avant tout autre chose. Il faut d'abord penser à apporter de l'eau potable aux ruraux et abreuver le cheptel. La succession des périodes de sécheresse a pénalisé les paysans. La disponibilité en eau leur permet de sauvegarder leur élevage et pérenniser leur revenu. Il faut revoir le système des subventions pour le forage des puits», souligne Ahmed Berra, président d'une coopérative agricole dans la région de Settat. ■
Le coût de la réalisation d'un forage Le marché du forage regroupe plusieurs professionnels (structurés ou opérant dans l'informel). Des sociétés sont capables de réaliser un forage avec tous les raccordements et l'équipement de pompage nécessaires permettant d'alimenter un village ou une petite ville, de même que l'on note la présence de petits opérateurs. Les prix varient selon les dimensions, le débit exigé et aussi la nature du sol. Par exemple, pour les petites exploitations de moins de 3 hectares, le creusement par des foreuses de type standard coûte entre 150 et 300 DH/m. Pour les équipements techniques, les prix démarrent à partir de 40.000 DH.