Depuis des années, la question de l'eau a suscité des débats au niveau national et régional. Tous les scénarios nous rappellent que le Maroc, situé dans une zone au climat semi-aride, se trouve constamment confronté aux incertitudes des précipitations. Ce qui le place parmi les 20 pays qui seront en situation de rareté des ressources en eau d'ici 2020. Malgré ces prévisions alarmantes, l'arrosage et le nettoyage abondants continuent. Certains comportements tolérés, ou qui échappent à la loi, risquent d'accélérer davantage cette échéance vers une pénurie. En témoigne la prolifération des puits qui a déjà eu des incidences dramatiques en milieu rural et menace le développement agricole. Le même phénomène se développe en ville. Si le forage des puits en milieu rural trouve ses raisons d'être dans l'alimentation en eau des habitants et dans les pratiques agricoles, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et à l'amélioration des revenus des paysans, on ne sait pas sur quelle logique se basent tous les forages souterrains en ville. La majorité des nappes de notre région ont été chargées au cours des périodes précédentes, sous des climats plus ou moins humides. Ce qui laisse poser un dilemme aux gestionnaires de l'eau : l'utiliser aujourd'hui ou la conserver pour plus tard ? Devant la prolifération des puits, avec ou sans autorisation, on s'interroge si tous ces forages dans les villas en milieu urbain sont-ils autorisés ? Il faut dire que cette question suscite bien des interrogations. D'abord sur le plan de l'équité sociale. Pourquoi certains citoyens doivent-ils payer leurs factures d'eau alors que d'autres l'utilisent d'une façon abusive, sans la payer ? Au moment où des milliers de citoyens ont du mal à se la procurer. Au niveau de la déontologie, pourquoi dans un pays qui s'achemine vers une pénurie très grave en eau, autorise-t-on le creusement des puits pour arroser des jardins, alimenter des piscines ou encore pour l'usage des stations de lavage des automobiles. Un phénomène qui prend de l'ampleur dans toutes les villes, avec en tête la ville de Béni Mellal où l'on recense plus de 30 stations de lavages des voitures ? Et enfin sur le plan écologique, cette pratique permet à des gens de gaspiller une ressource et épuiser la nappe phréatique dont les conséquences seraient dramatiques ? Face à ce constat, il est donc anormal que l'on puisse assister passivement au développement de ces forages. Le cas aussi des « Hamams » (bains publics) qui sont également accusés de gaspillage des eaux souterraines par le pompage des nappes phréatiques. Pour leur rappeler le respect du principe préleveur payeur de la loi 10-95 sur l'eau ainsi qu'un décret qui stipule que tout ouvrage existant doit faire l'objet d'une déclaration à l'agence du bassin hydraulique de la zone. (Bassin hydraulique de l'Oum Er Rbii) pour la région Tadla Azilal... Reste aux responsables du bassin d'organiser une journée d'information et de sensibilisation pour inciter les personnes concernées à régulariser leur situation, sous risque de pénalisation. En revanche l'administration et la police de l'eau (encore faut-il qu'elle existe) doivent intervenir pour sévir et empêcher le creusement des puits en milieu urbain, du moins sans autorisation préalable. Pour les forages qui existent, le recensement de ces ouvrages et la mise en place de compteurs avec paiement d'une redevance s'avèrent indispensable. La lutte contre ces violations de la loi en matière d'environnement ne peut donner des résultats sans la mobilisation de la société civile et de toutes les administrations concernées pour lutter contre l'exploitation illégale de la nappe phréatique. Les pouvoirs publics sont ainsi appelés à créer un cadre légal pour faciliter le contrôle au sein des villas, Hamams et autres stations de lavages des voitures. Encore faut-il taxer les sociétés de forages à des taxes et à des autorisations de forages au préalable. De même, il existe un projet de loi pour réglementer la profession de creusement par la mise de permis de foreurs. Cette situation irrégulière entraîne une perte d'eau importante. Les pertes d'eau dans les réseaux d'irrigation et d'eau potable sont importantes. Ainsi plusieurs régions du bassin se trouvent exposés à des risques de pénurie d'eau, face à la réduction de la pluviométrie et à la surexploitation des nappes souterraines.