Ils étaient nombreux ce vendredi 19 mai à assister au débat organisé par Thomson Reuters et Boursenews, dans les locaux de Boursenews, sur la finance participative et les outils de marché de cette industrie financière. Le sentiment général qui en est ressorti est que plus l'échéance approche, plus les opérateurs sont sceptiques. Le manque de visibilité sur le calendrier effectif et plusieurs zones d'ombre dans le fonctionnement des produits participatifs sont pointés du doigt.
Lors de cette rencontre, banques participatives (pleines ou fenêtres ), futures assurances Takaful, gestionnaires d'actifs qui souhaitent se spécialiser dans les produits participatifs... ils étaient tous réunis autour du secrétaire général de l'ACAPS, Othman El Alamy, fraîchement confirmé à son poste par le chef de gouvernement. Les appels du pied étaient nombreux à destination de l'Autorité et Alamy semblait ouvert aux propositions, mais ferme sur les points déjà tranchés par l'ACAPS. Florilège des principales craintes et témoignages ainsi que des derniers développements dans le dossier.
Les Sukuks : Ce n'est pas si urgent
Présentés comme préalable au lancement des banques participatives pour leur permettre de se refinancer sur leur propre marché interbancaire, les Sukuks sont de moins en moins considérés comme condition ultime par ces banques. De hauts cadres présents à cette rencontre ont en effet expliqué que leurs fonds propres et les premiers dépôts de la clientèle permettront de faire face à la demande de financement. La transformation serait au moins aussi lente que chez les banques conventionnelles, estiment-ils. Pour leur part, les assurances Takaful ne cachent pas leur envie de voir l'émission du premier Sukuk souverain retardée par le gouvernement. Opération que le ministre des Finances avait promis pour mi-2017. Si c'est le cas, les banques participatives se serviraient à volonté, laissant les assurances sur le carreau, puisqu'il y a de faibles chances que les compagnies Takaful soient opérationnelles d'ici là. Or, les Sukuks seront le principal produit de placement des assurances qui ont, comme pour les banques participatives, un grand souci de rentabilité des fonds propres. Il faudra bien rémunérer les actionnaires !
Aucune visibilité sur le calendrier
Si aux dernières nouvelles certaines banques participatives ont obtenu leurs publications au Bulletin Officiel, le calendrier des contrats type n'est pas du tout clair. Ces derniers ne sont pas encore validés par le Conseil supérieur des ouléma (CSO). D'ailleurs, même l'ouverture de comptes nécessite la validation d'un contrat type spécifique. Ce flou gène les opérateurs qui ne peuvent pas mener à bien leurs actions auprès du grand public.
L'ACAPS avance à pas sûrs sur les assurances Takaful
Selon les professionnels, ce n'est qu'après la finalisation du dispositif règlementaire pour les banques participatives que le CSO s'attaquera à l'assurance Takaful. Le marché des capitaux participatifs sera entamé en dernier lieu. En attendant, l'ACAPS avance à grands pas. Othman El Alamy, intervenant lors du débat, assure que les circulaires d'application relatives à l'assurance Takaful sont finalisées et prêtes. Il en est de même pour l'arrêté du ministère des Finances sur le même sujet. Pour autant, ces textes d'application ne pourront entrer en vigueur immédiatement. Ils doivent encore passer par la Commission de régulation de l'ACAPS, qui doit donner un avis au président de l'ACAPS, Hassan Boubrik. Ces textes doivent ensuite passer par le Conseil supérieur des ouléma (CSO) qui doit se prononcer sur leur conformité, comme expliqué plus haut. Une fois cette étape franchie, les textes d'application vont atterrir sur la table du secrétariat général du gouvernement (SGG) pour leur promulgation. «On espère boucler l'ensemble du processus d'ici la fin de l'année, si tout va bien», indique El Alamy. Les autorités auraient-elles sous-estimé le chantier de la finance participative au moment de son lancement ? Car le sentiment général est que les opérateurs, pourtant impatients, ne souhaitent pas démarrer sans un écosystème complet. Mais tous n'ont pas cette même lecture des évènements. Car, 3 jours après ce débat, Umnia Bank s'est lancée dans l'arène, donnant le coup d'envoi officiel d'une bataille concurrentielle qui s'annonce intense. Cette stratégie lui permettra sans doute de rester dans «le top of mind» des consommateurs, bien que le dossier ne soit pas encore achevé du côté règlementaire... Intelligent. ■