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Retraite : Malgré la réforme, le clair-obscur persiste
Publié dans Finances news le 15 - 03 - 2007

* La CMR, la CNSS et la CIMR ne couvrent que partiellement leurs engagements envers les affiliés actifs et retraités.
* La problématique de la retraite continue de se poser presque de la même manière avec quelques différences près entre régions et pays.
“La retraite dans la fonction publique : focus sur les expériences internationales», tel a été le thème débattu la semaine dernière par la Caisse Marocaine des Retraites à Skhirate. Étaient présents à cette rencontre des experts de la Banque mondiale, de l'OIT, de l'Union européenne, du Conseil d'orientation des retraites, de la Mutualité de la fonction publique française et d'éminents universitaires avec pour objectifs de partager leurs expériences dans un domaine quasi universel en raison des mutations démographiques et économiques. Il s'agit d'un processus qui requiert beaucoup de doigté sachant qu'il constitue un carrefour où se rencontrent démographie, statistiques, actuariat, économie et sociologie.
Ouvrant le séminaire, Mohamed Bendriss, Directeur Général de la CMR, a tenu à rappeler aux experts étrangers que jusqu'à la fin de l'année 1996, il n'existait dans les faits qu'une simple division des pensions dont la seule préoccupation stratégique et opérationnelle était d'écourter les délais de paiement des pensions et faire en sorte que les nouvelles vagues de retraités ne soient plus obligées d'attendre plus d'un an pour les percevoir. Aujourd'hui, on assiste à un revirement de tendance : la menace des équilibres financiers qui pèse sur les régimes de retraite au Maroc, comme un peu partout dans le monde, est la résultante d'une navigation sans visibilité.
Quelle menace et à quel horizon ?
Dans son discours, le Directeur de la CMR a laissé entendre que la réforme entamée depuis 1996 assure la sérénité jusqu'en 2020. Mais cela n'empêche que la situation au-delà de cette date se révèle plus délicate. Pis encore, les réformes s'avèrent certainement plus difficiles à cause d'une marge de manœuvre de plus en plus étroite. «Les enjeux seront d'autant plus cruciaux que la réforme en perspective est voulue globale et exhaustive», annonce-t-il.
La réforme de la CMR a débuté par sa réorganisation en tant qu'établissement public autonome et le lancement d'études actuarielles concernant l'ensemble des régimes de retraite. Le lancement du processus procède d'un esprit d'anticipation que les résultats d'études actuarielles des régimes de retraite, achevés en l'an 2000, ont largement conforté puisqu'ils ont fait ressortir que si la menace de rupture n'était pas immédiate, elle n'en restait pas moins réelle à moyen et long termes. Les études actuarielles ont mis en exergue l'importance et l'ampleur de la dette implicite des principaux régimes qui s'appuient sur la répartition pour financer les pensions des futures générations de retraités.
Aussi, Fathallah Oualalou, ministre des Finances et de la Privatisation, a annoncé au cours de cette rencontre que la CMR, la CNSS et la CIMR, malgré l'importance des réserves dont elles disposent (environ 80 milliards de dh à fin 2005), ne couvrent que partiellement leurs engagements envers les affiliés actifs et retraités. Le taux de couverture de ces engagements ne dépasse guère 35%. Ce qui laisse entendre que leur dette avoisine l'équivalent d'une année de PIB.
L'argentier du Royaume a aussi précisé que le Maroc a emprunté la même voie que d'autres pays, se basant sur le dialogue, la concertation et la transparence.
D'importantes mesures qualifiées d'urgentes ont été prises par les pouvoirs publics. On peut citer à cet égard l'intégration au sein du régime collectif d'allocation de retraite des caisses internes de l'ONCF, la Régie des Tabacs et l'Office des Ports. Des démarches sont en cours pour faire de même avec les caisses rattachées à l'ONE et à l'OCP. Le coût global de ce transfert doit s'élever à 55 Mds DH. Il y a aussi l'augmentation à partir de 2003 des taux de cotisations à la CMR qui sont passés de 14% à 20% pour le régime des pensions civiles et de 14% à 30% pour le régime des pensions militaires ; le règlement en faveur de la même Caisse de 11 Mds DH au titre des arriérés dus par l'Etat et 7,5 Mds DH pour compenser l'impact des départs volontaires des fonctionnaires civils et la révision de certains paramètres des régimes de la CNSS et de la CIMR en vue de consolider leur équilibre financier à long terme.
Toujours est-il que des interrogations se posent d'emblée : le financement pourra-t-il être assuré sans difficulté ? La solidarité qui constitue le socle des régimes pourra-t-elle supporter sans fractures le poids du vieillissement démographique combiné à la stagnation des populations actives ? L'harmonisation tant souhaitée se fera-t-elle par le haut ou par le bas ? Ou bien devra-t-on prendre le chemin de l'uniformisation ? Le particularisme qui caractérise les régimes de la fonction publique partout dans le monde est-il voué à la disparition ?
Ce sont ces questions qui taraudent plus d'un et qui ont poussé les pouvoirs publics à ramener le monde vers eux pour puiser les enseignements à tirer des expériences des pays en avance en la matière.
Une chose est cependant sûre aujourd'hui, les enjeux sont d'envergure et les décideurs sont appelés à assoir leurs actions sur les bases d'un nouveau contrat devant lier plusieurs générations d'actifs et de retraités.


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