* Arrêter un budget pour chaque secteur nest certainement pas une mince affaire. Le budget est certes limité, mais les défis sont nombreux. * Privilégier tel ou tel secteur est un exercice difficile auquel se livrent les pouvoirs publics à loccasion de chaque Loi de Finances. Les dernières statistiques relèvent que le budget alloué aux secteurs productifs au titre de lannée 2007 sélève à 7,96 milliards de DH, soit 6,3% du Budget général de lEtat ; le but recherché étant daméliorer la compétitivité et la productivité de certains secteurs dans un contexte dintégration progressive du Maroc dans le commerce international et son ouverture sur léconomie mondiale. Cette politique est la continuation normale des différentes Lois de Finances. En guise de rappel, les programmes arrêtés par le ministère de lAgriculture et lamélioration des conditions de vie de la population visent essentiellement la modernisation du secteur de lagriculture via des investissements productifs. Celui du ministère de lIndustrie sinscrit dans le cadre du Plan Emergence avec son corollaire : le ciblage volontariste des «Métiers Mondiaux du Maroc» (loffshoring, lagro-alimentaire, le textile ). Et le secteur du tourisme sest distingué par laccord signé entre le gouvernement et la Fédération du Tourisme portant sur la période 2001-2010. La répartition du Budget selon les secteurs savère délicate, sachant que tous les secteurs sont productifs et que chaque secteur a ses défis spécifiques à relever, essentiellement dans un contexte de vive concurrence. Des questions méritent cependant dêtre posées : sur quels critères reposent les pouvoirs publics pour la détermination du montant du Budget ? Existe-t-il une compatibilité entre le Budget et les objectifs arrêtés ? Encore faut-il sassurer que le budget est suffisant pour faire face aux besoins. Doù la nécessité dun contrôle a posteriori non seulement pour sassurer de la suffisance du Budget, mais aussi de son effritement suite à des éléments imprévisibles (inflation, hausse des prix des matières premières ). Un responsable au sein de la Direction du Budget estime que depuis quelques années, un dossier documentaire comprenant plusieurs rapports accompagne le corpus classique du projet de Loi de Finances. Toutefois, cela nempêche pas quil existe des difficultés bien réelles pour détecter une cohérence densemble entre les différentes dépenses. Lagriculture : la part du lion Le montant des crédits alloués au profit du secteur de lagriculture, du développement rural et des pêches maritimes sélève à 5,4 Mds DH dont 1,8 pour linvestissement. Daprès les responsables, les principales actions programmées sarticulent autour des axes de la valorisation et de la rationalisation des ressources en eau, la mise en valeur des zones agricoles, le développement des filières de production animales et végétales. Lenveloppe affectée au titre du Budget 2007 au département des Pêches maritimes sélève à 332,2 MDH dont 128,1 millions en investissements. Un autre secteur qui sest vu allouer une part plus ou moins importante du Budget est celui de lEnergie et des mines qui a bénéficié dun montant de 476,5 MDH dont 288,3 MDH pour linvestissement. La mise en uvre de la réforme de ce secteur viserait le renforcement de la sécurité des approvisionnements et la généralisation de laccès à lénergie électrique à travers le PERG. Le budget alloué au ministère de lIndustrie, du Commerce et de la mise à niveau de lEconomie sélève à 259 MDH dont 117,8 millions pour les dépenses dinvestissement. Ce budget serait destiné à la mise en place de la première zone offshoring au Maroc, le lancement de la mise en place des «Med-Zones» à Tanger pour le développement des métiers de sous-traitance automobile et électronique, la mise en uvre du Plan Emergence pour le Textile-habillement et le cuir-chaussures qui ont fait lobjet de conventions signées entre lEtat et les professionnels visant le renforcement de la compétitivité de ces secteurs avec la diversification des marchés et le développement des produits. Comme la souligné Salaheddine Mezouar, ministre de lIndustrie, du Commerce et de la mise à niveau de lÉconomie : «La stratégie du repositionnement du secteur textile-habillement repose essentiellement sur la mutation vers des segments de produits à forte valeur ajoutée, ce qui suppose plus de réactivité et plus de créativité aussi. Tout cela ne pourra se faire sans le développement dune offre textile en amont, à même de favoriser une intégration compétitive du Maroc». Le montant total des crédits alloués au ministère du Tourisme, de lartisanat et de léconomie sociale sélève à 880 MDH dont 573 MDH pour linvestissement. Lenveloppe budgétaire mise à la disposition du département du Tourisme sélève à 666,8 M DH dont 493,1 MDH pour linvestissement destiné au financement de la nouvelle politique du tourisme. Le budget alloué au département de lArtisanat et de lÉconomie sociale sélève à 213,1 MDH dont 79,5 MDH pour linvestissement. Pour ce département, les objectifs demeurent également importants, comme lexplique J. Benabbès-Taârji, président de la Fédération Nationale du Tourisme : laccord-cadre du tourisme est clair et global dans sa démarche. Aussi, il doit être respecté, cest indispensable. Pour clarifier les choses toutefois, nous avons traité du «Pilotage institutionnel aux 4èmes Assises Nationales du Tourisme tenues récemment à Agadir, de manière à redire publiquement qui fait quoi, comment et avec quels moyens ? Cette allocation du Budget selon les secteurs productifs permet de mettre en exergue les secteurs qui ont suscité lintérêt des pouvoirs publics. Néanmoins, il reste difficile de savoir si les montants alloués sont conformes aux besoins arrêtés par les différents départements ministériels afin déviter les dérapages. Il est temps de renforcer les capacités dexpertise des pouvoirs publics en vue daméliorer lallocation budgétaire. Toute Loi de Finances reste un exercice prévisionnel et le Parlement, qui est sollicité pour voter, devra également se pencher sur lévaluation ex-post des Lois de Finances en y portant une attention toute particulière. Il va sans dire quil reste beaucoup à faire en matière de contrôle de la programmation budgétaire.