* Les effets de la crise posent la question des ajustements à opérer dans le cadre de la politique fiscale engagée. * Lévaluation des dépenses fiscales a permis aux décideurs de faire un ciblage et de conserver les avantages fiscaux pour les secteurs qui risquent dêtre les plus affectés. * La Loi de Finances 2010 serait une opportunité si elle est à lécoute des opérateurs. Dans ce contexte de crise économique, plusieurs entreprises ont eu de la peine à joindre les deux bouts. Et pour cause, des charges qui ne font quaugmenter et des entrées qui laissent à désirer à cause de plusieurs contraintes, y compris lactuel marasme économique. Face à ce type de contrastes, on sinterroge sur le rôle que la fiscalité est appelée à jouer en tant que moyen de développement économique. En effet, si parfois les pouvoirs publics se permettent de gratter quelques avantages ou de mettre un terme aux exonérations dont ont profité certains secteurs pour en faire profiter dautres, quels sont les mécanismes à mettre en place en temps de crise économique ? En effet, à travers sa politique fiscale, lÉtat marocain doit actuellement suivre les changements mondiaux en se dotant de nouvelles méthodes de taxation. Lefficacité dun système fiscal est dépendante, dans une large mesure, du succès des réformes introduites et de leur capacité dadaptation aux défis économiques et sociaux posés par lintégration de léconomie marocaine dans la globalisation. Dans notre pays, les enjeux de la politique fiscale ont été clairement identifiés au début de cette décennie, mais nombreux sont les opérateurs qui considéraient que la réforme nétait ni assez audacieuse, ni même assez rapide. Mesures incitatives A loccasion de la 3ème édition du Colloque International sur les finances publiques organisé par le ministère de lEconomie et des Finances et lAssociation pour la Fondation Internationale des finances publiques sous le thème : «Finances publiques au Maroc et en France : enjeux et réponses face à la crise», tenu samedi dernier à Rabat, le Directeur général des impôts, N. Bensouda, a tenu à rappeler que des ajustements avaient été opérés dans la Loi de Finances 2009 en vue déradiquer les effets de la crise. Dans le cadre de la relance de la demande, limpôt sur le revenu a été révisé pour favoriser la consommation en donnant plus de pouvoir dachat aux classes moyennes. Aussi, un soutien est-il accordé aux entreprises qui veulent consolider leurs fonds propres. «Les PME peuvent ainsi bénéficier dune réduction de limpôt sur les sociétés, si elles procèdent à une augmentation de leur capital entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2010 inclus. Cette réduction est égale à 20% de laugmentation du capital réalisée», explique le Directeur général des impôts. Cette disposition sajoute à la réduction des taux de lIS décidée en 2008. Sagissant de la TVA, la réforme engagée en 2005 se poursuit dannée en année en vue dassurer à cette taxe la neutralité qui doit la caractériser. Lévaluation du coût budgétaire des dépenses fiscales a permis didentifier les bénéficiaires et dapprécier lopportunité de leur maintien. Daprès le Directeur général des impôts, cette opération a permis de faire la distinction entre les incitations qui avaient un effet daubaine et qui nauraient pas influé sur la décision dinvestir des agents économiques, et les secteurs prioritaires qui doivent continuer à bénéficier de lencouragement de lEtat. Il considère quune telle approche a permis aux décideurs publics dopérer des choix et de conserver les avantages fiscaux aux secteurs qui risquent dêtre les plus affectés par la crise comme le tourisme et les exportations. Les défis de la mondialisation simposent et invitent ladministration fiscale à agir rapidement pour certains cas de figure. Des écueils à dépasser Le principe de la «proportionnalité» de limpôt est, à titre dexemple, presque inexistant au Maroc, même après la modernisation de la fiscalité. Il est recommandé, dans ce cadre, un système dimposition «différencié» qui traite les affaires fiscales en tenant compte de chaque unité prise isolément. Cette mesure tellement sollicitée par le patronat mérite dêtre posée convenablement par la DGI dans la prochaine Loi de Finances. Autre mesure qui mérite dêtre revue dans ce contexte de crise économique : la révision de la fiscalité des fusions. Cette doléance a marqué les précédentes lois de finances. «Elle a trait à lintroduction de mesures fiscales intéressantes pour accompagner les opérations de restructuration des entreprises et des groupes, notamment en exonérant les plus-values éventuelles pouvant résulter dopérations de fusion, de scission ou de transformation dentreprises individuelles en sociétés», annonce M. Hdid, président de la Commission juridique et fiscale de la CGEM. Cette mesure a pour leitmotiv dencourager les entreprises à se regrouper ou à se transformer pour devenir plus compétitives et à même daffronter la mondialisation. Dans le même ordre didées, le patronat compte proposer aux pouvoirs publics des mesures pour encourager les entreprises à se développer à linternational, «notamment à travers lexonération des plus-values de cession dactions étrangères et des dividendes provenant de participations à létranger». Ces mesures sont qualifiées de mesures fiscales qualitatives parce quelles nimpactent pas le Budget de lEtat. Il sagit de mesures non budgétivores. Et elles ne sont pas exhaustives. Pourvu que la Loi de Finances 2010 soit une opportunité et quelle soit à lécoute des opérateurs et des citoyens. A côté des mesures législatives, le contrôle fiscal notamment pourra jouer son rôle de régulateur dans lapplication de la loi fiscale et la garantie de la transparence.