* Les dispositions actuelles de la Loi de Finances relatives à la LOA pèseront certainement à partir de janvier 2008 sur le budget des ménages qui se débattent dans les filets dune spirale inflationniste. * De ce secteur très juteux, lEtat encaissera des recettes supplémentaires importantes, mais est-ce que lon ne risque pas de voir la LOA se réduire comme peau de chagrin ? Sur les bancs de lUniversité, nous avons appris que la fiscalité est un instrument de développement économique et social. Toutefois, cette définition semble au fur et à mesure être remise en cause, et ce à loccasion de chaque Loi de Finances. A linstar de ses prédécesseurs, lactuel gouvernement na pas lésiné à fiscaliser à tours de bras sous le prétexte habituel que les secteurs exonérés doivent passer le relais à ceux assujettis. Certes, à la différence de ses prédécesseurs largentier du Royaume, S. Mezzouar, a hérité dune Loi de Finances déjà élaborée. Introduire des changements savérait difficile à cause de la contrainte temps, mais aussi du contexte globalement morose. Morose est le moins que lon puisse dire si on considère que le prix du baril de pétrole frôle les 100 $, que la campagne agricole sest soldée par des importations massives de céréales ayant atteint 5 millions de quintaux jusquà présent et ayant abouti à une compensation de lordre de 19 Mds DH. Face à cette situation, les pouvoirs publics nont trouvé refuge quauprès de la Loi de Finances en imposant des secteurs considérés comme étant juteux. Le consommateur : principale victime En attendant que la Loi de Finances soit votée par la Chambre des conseillers, certaines mesures, si elles restent telles qu'elles (votées par la Chambre des représentants), se solderaient certainement par des répercussions directes sur le prix final et donc sur le pouvoir dachat du consommateur, dernier maillon de la chaîne. La LOA ou le leasing est lexemple type des mesures qui auront un impact direct sur le pouvoir d'achat du consommateur dans la mesure où, si le statu quo persiste, les loyers payés par le client seraient revus à la hausse. En se montrant ouverte à la recherche dune solution aux doléances des opérateurs du secteur dans le cadre de la Loi de Finances 2008, la DGI a préconisé lalignement du taux de TVA collectée sur celui de la TVA versée (actuellement 10% et 20% respectivement). Toutefois, les loueurs ont émis des réserves sur cet alignement qui ne résout pas leurs problèmes du fait du décalage dans le temps entre la TVA versée et celle collectée. Ce décalage entraîne ipso facto un crédit de TVA structurel et pèsera lourd sur leur trésorerie. Les opérateurs sont conscients que ce crédit natterrira jamais dans leurs caisses et donc ils ny vont pas par quatre chemins. Ils ont laissé entendre que les particuliers risquent dêtre pénalisés par un surenchérissement des loyers à partir du 1er janvier 2008 du fait du passage du taux de TVA de 10 à 20%. Cest la deuxième augmentation de ce taux en lespace dun an. La Loi de Finances 2007 avait en effet relevé ce taux à 10% contre 7% précédemment. Ainsi, un particulier qui verse un loyer de 2.000 DH/mois verra sa traite augmenter de 10%, soit 2.200 DH. Et ce nest pas rien. «Cette répercussion na rien danormal étant donné que les loyers sont taxés au taux en vigueur contractuellement», explique M. Melsa, délégué général de lAPSF. «Les taux ainsi appliqués sont ceux de la date dencaissement, et ce quelle que soit la date du contrat», précise-t-il. Du moment que les particuliers verront leurs traites prélevées au titre de lachat dun véhicule revues à la hausse, on se demande si on ne risque pas de voir migrer les clients potentiels du leasing vers le crédit classique. Le délégué général de lAPSF annonce que parfois cest lhabitude qui prend le pas sur le prix. Il laisse aussi entendre que le leasing dispose dautres avantages. Les simulations effectuées pour un crédit classique et un crédit LOA montrent que ce dernier reste moins cher (voir simulations). Quid des autres avantages de la LOA ? Si a priori la TVA est la partie visible de liceberg, dautres avantages et pas des moindres sont à lactif du leasing. «Il est toujours plus intéressant pour une société de financement de financer via le leasing parce que la finalité dun organisme du leasing est dêtre propriétaire dun ensemble diversifié de biens de production qui sont inscrits dans son actif en tant quimmobilisations», explique un responsable. Il ajoute par ailleurs quen cas de non remboursement, lentreprise a cette possibilité de reprendre le bien, ce qui nest pas le cas pour un crédit classique. Le crédit classique a toutefois certaines limites parce quil fait partie du crédit à la consommation. Aussi, contrairement au crédit classique qui est indexé aux bons du Trésor selon la maturité, le financement leasing se fait à taux fixe. Ainsi, le client sera protégé le long du remboursement des fluctuations qui peuvent affecter les bons du Trésor. «Notre crédit classique est plafonné à 200 KDH à un taux de 11,95%, et ce pour une durée maximale de 60 mois», annonce le responsable dune agence bancaire. Selon ce responsable, le crédit classique présente le seul avantage de la carte grise qui reste libre. Il est toujours utile de rappeler que la LOA a permis le renouvellement du parc automobile national, avec les conséquences économiques directes et indirectes qui en découlent : croissance des activités en amont (importation et intégration locale). Lintérêt croissant des particuliers au crédit-bail sexplique notamment par les avantages spécifiques dont il est doté par rapport à dautres formules de financement. Et donc, il serait dommage de voir partir en fumée tous ces avantages. Les particuliers verront certainement s'effriter leur pouvoir d'achat en janvier 2008 à cause de l'augmentation des loyers versés et aussi d'une éventuelle hausse du coût du crédit immobilier suite à une possible hausse des taux dintérêts (voir P8). Mine de rien, un particulier ayant contracté deux crédits, véhicule et logement, risque de se retrouver avec un prélèvement sur son revenu dau moins 500 DH supplémentaires. Si on ajoute à cela la hausse du gasoil, des produits de première nécessité, il y a de quoi hurler. Ceci laisse prédire que le coût de la vie augmente dune manière disproportionnée par rapport à la hausse des salaires. Cela aboutit en fin de compte à un «effacement» de la classe moyenne qui ne sait plus à quel saint se vouer.