En 2012, la répartition des flux de revenus correspondant au montant annuel des richesses produites fait ressortir un PIB par habitant estimé à 25.386 dirhams, selon «Les comptes régionaux de l'année 2012» que le Haut commissariat au plan (HCP) vient de publier. Si le flux de revenus avait été réparti de façon parfaitement égalitaire, chaque Marocain aurait pu recevoir 25.386 dirhams, un chiffre qui vient d'être revu à la baisse par rapport aux 25.406 dirhams déclarés par la même source lors de la publication des comptes nationaux de 2012. Or, la réalité est autre, la même source indique qu'il y a des écarts immenses entre les différentes régions du Royaume. Bien évidemment, une telle uniformisation n'est ni souhaitable, ni envisageable, mais cela n'empêche pas qu'elle sert à apprécier le niveau de développement du pays, et constitue un étalon de mesure intéressant pour apporter un éclairage rapide et simple sur le degré des inégalités dans la répartition des revenus. Dans ce sens, le département d'Ahmed Lahlimi indique qu'au moment où le «PIB par habitant dans le Grand Casablanca», qui arrive à la première place en ces termes, a enregistré «un accroissement de 6,8% en 2012, pour se situer à 43.375 DH», celui de la région de Taza-Al Hoceïma–Taounate s'est situé à, seulement, 13367 DH, et celui enregistré dans la région de Doukkala-Abda était de 24.234DH. Les experts du HCP soulignent sur ce plan que seules trois régions outre le Grand Casablanca présentent un PIB par habitant supérieur à la moyenne nationale (25.386). Il s'agit «de la région de Chaouia-Ouardigha (39.107 DH), de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (38.124 DH) et des trois régions du sud (35.770 DH)», précisent-ils en indiquant, toutefois, que la dispersion du PIB par habitant est en diminution. L'écart absolu moyen a baissé, passant de 8258 DH en 2011 à 8173 DH en 2012. Ces divergences des revenus se reflètent également en termes de disparités au niveau des dépenses de consommation finale par habitant (DCFH). D'après la même source, les disparités sont devenues de plus en plus élargies. «Six régions affichent des niveaux de dépenses par tête supérieurs à la moyenne nationale (15206 DH en 2012) au lieu de neuf régions en 2011», regrette le HCP. Il s'agit des régions de Rabat-Salé-Zemmour–Zaër (20469 DH), de Tanger–Tétouan (19294 DH), des régions du sud (18495 DH), du Grand Casablanca (17960 DH), de l'Oriental (15837 DH), et de Fès-Boulemane (15516 DH). Concernant les autres régions, ces dépenses de consommation passent d'un minimum de 11647 DH (Doukkala – Abda) à 15.179 DH (Marrakech-Tensift-Al Haouz). Les différentes régions ont enregistré, par ailleurs, des améliorations des dépenses de consommation des ménages en valeur par tête entre 2011 et 2012, et se sont accompagnées d'une quasi- stabilité des inégalités. L'écart absolu moyen est en légère baisse, passant de 2643 DH en 2011 à 2604 DH en 2012. Par ailleurs, les comptes régionaux, publiés conformément aux normes internationales de comptabilité nationale, montrent que Casablanca reste la région la plus riche du Royaume mais elle est rattrapée par Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, Marrakech-Tensift-Al Haouz, et surtout Chaouia-Ouardigha (Benslimane, Berrechid, Settat, Khouribga) où l'agriculture, l'eau et les phosphates induisent des taux de croissance importants. Ainsi, selon les mêmes comptes, quatre régions marocaines sur seize créent près de la moitié de la richesse nationale (49,5%). Il s'agit du Grand Casablanca (20,7% du PIB), de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (12,2%), de Marrakech-Tensift-Al Haouz (8,4%), et de Chaouia-Ouardigha (8,2%). Quatre autres régions participent pour un peu plus du quart (27%) du PIB. Il s'agit de Tanger-Tétouan (7,9%), de Souss-Massa-Draâ (7,5%), Doukkala–Abda (6,1%) et Meknès–Tafilalet (5,5%), ajoute la même source. Et ce au moment où les huit régions restantes contribuent pour 23,3% du PIB. Il s'agit de l'Oriental (4,8%), les trois régions du Sud (4,4%), Fès–Boulemane (4,2%), Gharb-Chrarda-Béni Hssen (4,1%), Taza-Al Hoceïma–Taounate (3,0%) et Tadla-Azilal (2,7%). Notons que la comparaison entre les comptes de 2012 et de 2011, montre que «la concentration de la création du PIB dans les quatre premières régions susmentionnées est en augmentation, passant de 48,9% en 2011 à 49,5% du PIB, la part des quatre autres régions est en recul de 27,9% en 2011 à 27%, alors que celle des huit dernières régions est en légère amélioration de 23,1% en 2011 à 23,3%.