Déjà au XVIème siècle, si l'on en croit les anciens chroniqueurs, le territoire d'El Jadida s'étendant vers Haouzia, Moulay Abdellah, Jorf Lasfar et Sebt Douib était une étendue couverte de forêts, de broussailles, de palmiers nains, de champs de vigne et de beaucoup d'autres plantes agrestes. Très fertile en herbes et en arbres, le territoire était aussi très riche en gibier En ces temps anciens, en dehors de la Cité portugaise, il y avait de grandes melonnières, beaucoup de jardins potagers et d'enclos. Nombre d'entre eux avaient mille pieds de vigne, sans compter d'énormes treilles et des arbres divers dont la grandeur était remarquable. Au XIXème siècle, le paysage naturel n'avait certainement pas changé. Et au début du XXème siècle, l'espace de la ville était, en grande partie, constitué de terrains hérissés, de jnanes et de petites fermes appartenant à des Marocains ou à des étrangers aisés. Il y avait aussi quelques riads et de rares jardins suspendus comme celui qui se trouvait dans l'ex-maison de l'écrivain Driss Chraïbi dans la Cité portugaise. Les habitants de la cité, jusqu'en 1945, pouvaient contempler la mer de chaque côté de la ville tant la vue était dégagée dans tous ses alentours. Historiquement, jusqu'aux années 1960, la physionomie de la cité, en dehors du port et de la Cité portugaise, était celle d'une sorte de bourg plutôt rural. La ville, même dans son centre, regorgeait de petites fermes appelées sania. Parmi les plus anciennes, on pourrait citer saniat Bellabaria, saniat Belabdaoui, saniat Ould Belatar, saniat Benhamou et saniat Berrada. La végétation locale constituée d'arbres, d'arbustes et de plantes sauvages (vipérines, soucis, glaïeuls sauvages, asperges sauvages, cristes-marines, etc..) se suffisaient d'une faible pluviométrie et supportaient la chaleur. Le henné, plante tinctoriale, poussait dans les champs du quartier Sidi Moussa. Dans la diversité des arbres, les plus connus sont le caroubier, le figuier et le grenadier. Le figuier était presque partout dans le paysage. Le jujubier poussait à foison dans les zones proches de la ville. Le cactus est également bien répandu dans la région. Quant à l'agave, appelé localement Sabra, plante mythique d'El Jadida, elle a presque disparu dans les environs mais reste encore visible en dehors de la ville. Genre de la famille des agavacées, dite americana, cette plante a une croissance lente et forme une rosette de feuilles épaisses se terminant par une pointe acérée. Au sortir d'El Jadida et au long de la côte de l'Oulja, on est en présence d'une nature vierge, à l´abri des cordons de dunes, bien fournis en acacias et mimosas. L'entrée nord de la ville se distingue par sa verdure donnant sur l'océan Atlantique. L'aménagement moderne de la ville commença sous le Protectorat. Ainsi les avenues, les jardins et les villas ont été plantés d'espèces importées : eucalyptus d'Australie, araucaria, palmier des Canaries, lagunaria, lauriers, pin sylvestre, cyprès, mûrier blanc (localement toutes), faux poivrier, ficus et dragonnier. L'araucaria de Norfolk fut introduit à El Jadida au début du XXème siècle. L'araucaria, arbre de grande longévité et de haute taille, enorgueillit les parcs Mohammed V, Hassan II, l'hôtel Marhaba, la petite forêt de Haouzia ainsi que certaines places et villas bâties par les Européens. Dans les jardins des particuliers, la taille de l'araucaria dépasse de loin la taille du bâti. C'est un arbre qui a une grande tolérance au sel et au vent et donc il est adapté au climat de la ville. Ses branches sont disposées en étages horizontaux réguliers. Ses feuilles sont denses et fines. L'eucalyptus est présent dans les jardins publics, dans la petite forêt de Haouzia et en bordure des routes vers Azemmour, Moulay Abdellah et Marrakech. Le phoenix, ce palmier-dattier qui orne les jardins et les avenues de la ville, est une variété stérile originaire des Canaries. C'est un arbre propre, résistant au vent et au sel. Le palmier décoratif washingtonia, est aussi présent dans les principales avenues dont l'avenue Nabeul, face à la plage. Les jardins publics modernes ont commencé à voir le jour notamment à partir de 1916. Certains jardins privés ont été déclarés d'utilité publique. La première pépinière municipale fut un jardin privé appartenant à un Autrichien nommé Keller qui avait été mis sous séquestre lors de la Première Guerre mondiale. Des arbres parmi les plus âgés de la ville se trouvent dans ce jardin. Au nord-ouest de la ville, le jardin de la place Abdelkrim Khettabi (ex-place Gallieni) à proximité de la médina, est le premier jardin public moderne d'El Jadida. Avant 1916, ce n'était encore qu'un terrain d'aspect rural avec broussailles et agaves d'Amérique. Après son aménagement, il fut doté d'une grande cage pour abriter divers oiseaux. Près du siège de la municipalité, le parc Mohammed V est l'ancien parc Lyautey ou parc de la plage, en bordure du centre balnéaire. Disposant d'allées nombreuses et d'une jolie pergola, il fut acquis vers 1930. D'une superficie de 35.000 m2, il est planté d'essences variées, d'arbres de haute futaie, d'eucalyptus et de palmiers centenaires. Certains arbres sont très rares comme le dragonnier. Sur le prolongement du parc Mohammed V se trouve le jardin de l'hôtel Marhaba, aujourd'hui fermé. Sur l'avenue de l'Armée Royale, existe le parc Hassan II. A l'origine, sur cet endroit, existait la saniat Lebbat qui a été cédée à l'Anglais Spinney d'où son nom premier Arsate Spinney ou jardin Spinney. Vers 1936, le jardin fut rebaptisé Parc Paul Doumer. Cet espace offre calme et fraicheur et dispose de trois courts de tennis et d'une médiathèque. Au temps du Protectorat, il disposait d'un bassin d'eau, de tout un système de rigoles d'irrigation, d'une cage pour singes et d'une cage pour oiseaux : autruches, paons et canes. La côte située entre Azemmour et El Jadida a été classée zone forestière et SIBE (Site d'intérêt biologique et écologique) depuis 1942, par arrêté viziriel. C'est à l'entrée de cette forêt d'eucalyptus, de pins et d'acacias que le projet balnéaire Mazagan beach resort a été réalisé. On peut donc considérer que la région d'El Jadida est une terre riche en verdure. Elle est aussi hospitalière puisqu'elle a accueilli des espèces très diverses et utiles, originaires de pays lointains ou proches. Sa biodiversité s'en trouve heureusement augmentée et son climat amélioré. Aujourd'hui, il faudrait cependant tenter de conserver quelques endroits isolés où la végétation endémique pourrait s'épanouir et refléter les espaces végétaux primitifs et leur écosystème. En parallèle, il faudrait développer les modes de culture d'autrefois car trop de savoirs se perdent, balayés par le mode de culture industriel.