• Les faits Celle que l'on appelait la «Deauville marocaine» est aujourd'hui délaissée et les rares espaces de détente et de verdure qui restent sont totalement dégradés. • Décryptage Les parcs Abdelkrim El Khattabi, Mohammed V et Hassan II sont même devenus le refuge favori des délinquants, des ivrognes et des drogués qui squattent publiquement les lieux. Les bancs sont saccagés et les espaces verts délaissés. La ville d'El Jadida était jadis réputée pour ces avenues jalonnées de mûriers, de châtaigniers, d'orangers, ses araucarias, ses palmiers, ses washingtonias et aussi pour ses beaux parcs. Mais cela fait désormais partie d'un passé dont les effluves nostalgiques nous parviennent encore à peine. Et il semble malheureusement que la "Deauville marocaine" dilapide ses derniers atouts écologiques.
Ailleurs, les espaces verts sont vitaux au sein des agglomérations, alors qu'à El Jadida, le volet des espaces verts n'existerait plus apparemment dans le registre municipal, puisque la moyenne n'approche même pas 1 m². Pire encore, les plus importants espaces plantés de la capitale des Doukkala datent de l'époque coloniale. Du côté du jardin de la place Moulay Al Hassan, du jardin Derb Eddeggaga, du parc Abdelkrim El Khattabi, ex-parc Gallieni, du parc Hassan II, ex-jardin Spiney, où il y avait un zoo et un véritable jardin botanique, il ne reste plus grand-chose. Le parc Mohammed V était un véritable écrin de verdure et avait accueilli trois grands événements dans l'histoire du Maroc : visite en 1913 du Maréchal Lyautey ; la visite de feu S.M. Mohammed V en 1960 et la visite de feu S.M. Hassan II pour célébrer la Fête de la Jeunesse en 1994. Ce qui donne une idée de l'importance du lieu.
Mais les services de la ville assistent à la dégradation de ce patrimoine sans bouger le petit doigt. Le conseil municipal, qui parraine ces espaces, n'a pas pu développer une approche d'ensemble pour la gestion de ces lieux de façon à redonner à la ville sa splendeur d'antan, même si sur le papier il a confié cette mission à une soi-disant société de jardinage. Il suffit de visiter ces endroits pour se rendre compte qu'ils ressemblent à des terrains de football plutôt qu'à des espaces de balade et de détente. Même les équipes d'ouvriers qui assurent l'entretien ne font plus aucun effort pour désherber, nettoyer ou remplacer les plantes mortes. Quant à l'arrosage, il ne se fait que rarement, ce qui a entraîné la prolifération des mauvaises herbes.
Quant à la structure de la ville chargée du développement et de l'embellissement des espaces publics, le choix est porté en priorité sur les axes parcourus par les officiels, le reste des interventions est opéré au gré de l'humeur, juste pour justifier quelque action. On met en terre des plants chétifs pour les abandonner aussitôt. Près de la Kissaria Ben Nahon, les patrons de certains locaux commerciaux ont eu l'audace de «tuer» des arbres afin d'avoir plus d'espace pour étaler leurs marchandises sur le trottoir ou dégager la vue de leurs devantures. Ce qui donné l'envie à ceux d'en face de couper à leur tour d'autres arbres. Même l'actuel président du conseil municipal, qui édifie un immeuble sur l'avenue Mohammed Er-Rafiî, vient donner le mauvais exemple en enlevant de l'intérieur de la villa détruite quatre palmiers et en coupant quatre arbres sur le devant de l'immeuble qu'il est en construction.
La ville compte de nos jours plus de 250 000 âmes et l'espace urbain s'est élargi sans que les concepteurs du schéma directeur de la ville prévoient des espaces pour la réalisation de parcs au quartier Saâda I, II et III, Koudiate Ben Driss, El Amal et Salam, à l'instar de ceux datant de l'époque coloniale. Des questions cependant demeurent : que fait en réalité la société chargée de l'entretien des espaces verts ? Les services concernés sauront-ils avoir la rigueur qu'il faut pour préserver ces espaces verts longtemps oubliés ? La tâche est immense et elle ne peut pas se réaliser sans la mise en place d'un programme qui implique à la fois les citoyens, les élus, la société civile et les pouvoirs publics dans une démarche participative pour la protection de l'environnement. Les parcs et jardins devenus des squats Les bancs et les lampadaires de la plupart des parcs de la ville ont été saccagés, en raison de la faune qui y sévit, les ivrognes et les drogués squatent les lieux en permanence. Dans le parc Abdelkrim El Khattabi (ex-parc Gallieni), sur les quatre vasques en marbre de Carrare (amenés d'Europe par le Sultan Moulay Abdelhafid en 1910), il n'en reste que deux, dans un état lamentable. Mais le plus choquant, ce sont les deux washingtonias qui ne vivent plus dans un environnement proche de leur milieu naturel, car ils ont perdu leurs feuilles et sont même utilisés comme poteaux d'électricité par la Régie d'El Jadida.