La pêche à la ligne retrouve peu à peu ses lettres de noblesse dans le littoral des Doukkala. Une tendance visible notamment sur le site panoramique appelé « Mrayzika», un lieu de délassement et de détente par excellence après une journée de stress. Des dizaines et des dizaines de jeunes et de moins jeunes se donnent rendez-vous chaque jour dans un lieu bien précis pour une partie de pêche à la ligne. Installés en contrebas de la bordigue d'un mur de garde ou sur un rocher, ils offrent un beau spectacle de sérénité et de divertissement pour de nombreuses personnes. Dans cette ambiance festive et bon enfant, les plus jeunes n'arrêtent pas de taquiner les « vétérans » de la pêche au moment de la prise d'un gros poisson. Et, si pour les uns, la pêche à la ligne n'est qu'une occupation qui agrémente leur temps, pour ses fervents amateurs, en revanche, passer des heures entières assis sur un rocher, rien que pour le plaisir d'éprouver la combativité d'un mérou ou de délier les tentacules d'un loup accroché à l'hameçon, est une passion et une détente qui les appâte à longueur de l'année. «Cela fait plus de trente ans que je suis prisonnier de la passion de la pêche. Il m'arrive même d'oublier carrément que je suis un père de famille. D'ailleurs, à cause de cette canne, j'ai failli, à plusieurs reprises, laisser ma vie bêtement», confesse Ba Moussa. En effet, la fièvre «pêcheuse» gagne beaucoup de « nouvelles victimes » qui se laissent facilement harponner par ce mal nécessaire qui leur procure paix et sérénité d'esprit. «À vrai dire, je n'ai pas une place fixe ou un endroit particulièrement propice pour m'adonner à la pêche. Car, le poisson «mord» dans les eaux de toute la côte de notre pays, de Tanger à Lagouira et surtout dans les Doukkala, entre Sidi Bouzid et Oualidia. Toutefois, ces dernières années, on assiste malheureusement à une diminution inquiétante de la faune marine. Lequel phénomène se détecte aisément à travers les maigres prises que les pêcheurs remontent à la surface», s'inquiète Si Mohammed El Ghazouani, rencontré sur les rochers de la côte de la commune de Moulay Abdellah Amghar. «J'étais amoureux de cette rive depuis ma tendre enfance et j'en suis encore fasciné. Cela dit, Moulay Abdellah Amghar est non seulement un site de pêche merveilleux, il est aussi chargé de souvenirs qui me rappellent l'époque où je m'initiais à ma passion en déchiffrant les secrets qui peuvent hisser un débutant au rang de véritable mordu de la pêche», se souvient Si Mohammed El Ghazouani. Comme Si Mohammed El Ghazouani, beaucoup de passionnés de pêche se donnent rendez-vous, à partir des dix derniers jours du mois de Mai sur la côte entre Sidi Bouzid et Oualidia pour amorcer une liaison avec la grande bleue. «Pour pratiquer cette passion de la pêche, une préparation très minutieuse est de mise. Pour un voyage bien apprécié, il ne faut rien oublier. Une mauvaise préparation peut s'avérer catastrophique pour un futur adepte de ce sport. Il n'y verra que des points négatifs et la passion de ce merveilleux loisir s'effacera. Pendant les préparatifs, assurez-vous de demander à votre mentor une bonne façon de s'organiser et d'avoir une méthode adéquate. Avec le temps, vous développerez une approche plus personnalisée et propre à vous. Rendu sur le lieu de pêche, vous aurez à découvrir et développer certaines habiletés à savoir : la patience, la vigilance,le calme, l'esprit d'observation. En pêchant, vous allez découvrir qu'il n'y a pas que de capturer du poisson, mais de comprendre l'environnement dans lequel il vit. Observer et être à l'affût de tout changement vous permettront de comprendre son comportement. Vous aurez à réagir et à prendre des décisions pour attraper du poisson plus capricieux.Une attention est de mise lorsque vous êtes en compagnie de votre mentor. Tous les petits détails ont leurs importances. Durant un voyage de pêche, vous y découvrirez des moments de bonheur ; comme d'échanger des conversations privilégiées. Mais il y a aussi les moments de silence ; écouter le vent sans se poser de questions ; d'apprécier le moment présent en toute sérénité.Au retour de cette grande aventure, il vous restera que de bons souvenirs gravés à tout jamais dans votre mémoire. Découvrir cette passion qui est la pêche ne peut être partagé que si vous êtes un passionné de la vie, que vous êtes respectueux envers une nature généreuse et naturellement d'apprendre de nouvelles façons de pêcher, on ne peut tout savoir de ces poissons. La pêche nous amène là où on veut bien être. Découvrir la pêche, c'est se découvrir peu à peu à chaque aventure exaltante . . . On commence à pêcher dès le mois de Mai. Cependant, il faut signaler qu'au contraire des estivants, la haute saison commence pour nous, justement vers la fin du mois d'Août. Elle s'étale pratiquement sur trois mois, voire plus. Durant toute cette période, où les daurades, mulets, sars à tête noire, girelles, rascasses, murènes, et rougets de sable et de roche foisonnent, nous prolongeons nos plaisirs de pêcher jusqu'aux premières lueurs de l'aube. Car c'est au crépuscule que le poisson s'alimente. Alors, pour avoir une chance que nos lignes de fond puissent remonter une belle et grosse pièce, il faut affronter le froid de la nuit, car, c'est en optant pour la pêche nocturne qu'on est le mieux servi par la mer», confie Si Mohammed El Ghazouani qui amorce souvent sa ligne tout près de Ouled Ghanem ou Sidi Âbed. «Cependant, en pleine lune ou lorsque la mer est calme, il est inutile d'attendre que le poisson mord», prévient-il. Avant qu'il renchérisse : «même cas ou presque quand les vents soufflent du Nord. Et pour cause, se propulsant de nature à contre courant, le poisson se dirige automatiquement vers le large. C'est-à-dire loin des hameçons». Pour avoir la main, plutôt le moulinet heureux, il faut attendre, selon toujours notre dernier interlocuteur, «des vents favorables. Les vents d'Ouest ou d'Est maintiennent plusieurs espèces d'animaux marins auprès du rivage. Ce qui est sans déplaire à nous autres les pêcheurs. Néanmoins, dès que la mer se déchaîne, ce n'est pas la peine d'espérer qu'elle soit, en ces moments de colère, généreuse. Car, mis à part quelques mérous et murènes pris au dépourvu par la petite sardine que nous utilisons comme appât, rares sont les espèces qui usent de leurs nageoires». En plus de ces conseils qui balisent en quelque sorte le terrain au parfait pêcheur, il faut ajouter d'autres précautions et astuces devant lui garantir de bien ferrer sa prise. «La nuit, en des heures précises, du coucher du soleil jusqu'à 22h, ou à partir de 3h du matin à l'aube, nous utilisons les vers de sable pour amorcer. Cela dit, phosphorescents de nature, ils attirent de belles pièces», révèle Si Mohammed El Ghazouani. Avant d'enchaîner «que ce soit la nuit ou le jour, les adeptes de la pêche à la ligne auront toujours, sur l'un des sites, entre Sidi Bouzid et Oualidia, des personnes plus expérimentées sur qui on peut compter pour brandir un congre ou une dorade comme trophée». Ainsi et à en croire ce dernier, la tradition veut qu'un pêcheur ne lâche jamais un autre. Car, même si leur passion commune exige de chacun d'eux un certain isolement, il n'en demeure pas moins que leur solitude trouve, à travers les quelques mots qu'ils s'échangent de temps à autre, toute l'énergie et toute la volonté de persévérer encore et toujours dans la voie que la mer leur a tracée.
Après cette discussion avec Si Mohammed El Ghazouani, nous avons assisté à une engueulade entre lui et un très jeune pêcheur. «Ecoute Papi, il faudra davantage plomber la ligne pour équiper correctement le flotteur. Tu vois mon vieux, tu ne peux pas tromper un poisson de cette façon! ». «Ce n'est pas un bambin qui va m'apprendre à pêcher. La pêche, mon chouchou, est une technique qui consiste à capturer des poissons ou des crustacés dans leur milieu naturel. La pêche peut se pratiquer en mer, dans une rivière … La pêche nécessite des accessoires de pêche : des appâts vivants, une canne à pêche, un filet… Pratiquer la pêche peut être tout simplement un loisir ou une activité professionnelle. La pêche est une pratique très diversifiée : La pêche au posé ou pêche à la ligne flottante, la pêche au coup, la pêche à la fouette ou à la volante, la pêche au lancé léger et la pêche à la cuillère. Il vaut mieux pour toi de te contenter de pêcher la "chevrette" ou les "petits mulets", c'est toujours mieux que de rentrer bredouille », lance Si Mohammed El Ghazouani, supposé chevronné, et qui n'en démord pas et ne désespère pas de réaliser une prise importante qui puisse laver l'affront ainsi subi par la faute de ce « garnement-pêcheur». La pêche et la pollution Sur le littoral des Doukkala, la pêche à la ligne semble encore avoir de beaux jours devant elle. Toutefois, si par malheur, la pollution qui frappe, par exemple de plein fouet la côte entre Sidi Bouzid et Oualidia ou s'étend le long du littoral des Doukkala, c'est non seulement l'espoir des pêcheurs qui serait fauché, mais grave encore, l'existence même de la faune marine qui sera malheureusement menacée