Nous sommes contents. Nous vivons dans l'euphorie. Les journaux pullulent comme des champignons. Avoir ou concevoir un journal est devenu, par les temps qui courent, un projet très rentable . Difficile de dire comment les canards profitent. Certains journaux (pour ne pas dire la plupart) ont un secret, un appât : Décorer la couverture des photos alléchantes, charger la dite couverture de titres chocs. Il s'agit (c'est un message !) de servir le bon peuple, de le divertir et de l'instruire. Que c'est beau, l'information chez nous ! On cultive le scandale, on fait l'apologie de la fade exhibition. Le menu qui doit avaler le citoyen est varié : L'histoire détaillée de la vie privée des citoyens… Je ne saurais oublier un bimensuelles qui fait « l'événement » et qui s'est assigné un but, et s'est spécialisé dans les insultes, dans les fausses informations et la diffamation. En parcourant les trésors de cette gazette, l'on s'aperçoit aisément qu'il s'agit de vols caractérisés, de plagiat. Le journaliste a une technique spéciale, ridicule : copier l'horoscope d'une revue, transcrire texto les faits divers rapportés par un journal de la place et imaginer les scandales des gens. Tout ce menu est volé et servi au lecteur. Le lecteur qu'en prend très souvent pour un gave, absorbe tout goulûment le repas. La phrase fadasse et absurde « le public veut ça, c'est ce que le public cherche… » est fallacieuse, et en même temps un mensonge. Le public, surtout Marocain, sans chauvinisme aucun, est bien averti. Il sait distinguer le bon grain de l'ivraie. On dit, et c'est vrai, que la presse est un pouvoir, le quatrième, un miroir. Et jamais gavage. Tout le monde sait qu'un haut responsable peut être déboulonné par un journal. Bien sûr, cela se fait après vérifications et arguments. L'histoire des diamants qu'a offerts une certaine personne à un candidat à la présidence en France. Tout le monde la connaît. Un article doit réveiller, dire le non-dit, le virginal, le nouveau. Un journal est une invite à la réflexion. Une page doit provoquer, déranger. Que c'est mauvais l'accoutumance ! Depuis des années, certaines gazettes s'ingénient à remplir les méninges d'histoires débiles. C'est cafardeux. Quand on prononce le mot « Presse », on pense incontestablement au respect du lecteur. Il s'agit d'informer, de présenter les débats, des sondages, des analyses consistantes et jamais l'exhibition et le vol de rubriques parues dans les journaux ou internet. Il est vrai que les journaux à scandales se vendent. Mais faute de mieux ! La faute est imputable aux mauvaises habitudes. À lire ces gazettes de décadences, on se dit que la ville c'est la débauche, la misère morale. Or, il s'agit d'habituer le lecteur au sérieux. Le pouvoir de la presse réside dans les reportages convaincants et non sur des impressions qu'on recueille (ou imaginées) de manière plate et insipide. Il s'agit de désenvoûter le lecteur. Et de le respecter. Le quatrième pouvoir à une mission, c'est une charge politique, sociale, culturelle, il ne s'agit pas de marginaliser les problèmes. Il s'agit d'être vrai ! La clarté, le sérieux, la consistance concourent immanquablement à la crédibilité d'un journal. Les analyses politiques, culturelles, la virginité des informations sont des atouts de réussite. Un journal qui se vend bien ne veut pas dire qu'il a réussi dans son « message », la qualité l'emporte sur la quantité.