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“L'abus du pouvoir des médias me révolte !”
Publié dans La Gazette du Maroc le 29 - 10 - 2003


Le caricaturiste Plantu à La Gazette du Maroc
Des fois, on a du mal à expliquer avec des mots ce que peut traduire un dessin ou une caricature. Surtout quand l'artiste n'est pas n'importe qui. C'est le cas du travail de Jean Plantureux (alias Plantu) qui s'est fait une place à part parmi les collaborateurs qui comptent au sein de la rédaction du quotidien français Le Monde. Depuis 1985, Plantu est à la Une du journal. Son dessin, qui exprime à la fois l'humour et la gravité, est l'îlot où se pose le premier regard d'un lecteur qui cherche a priori à connaître l'information par le moyen le plus rapide. Plantu a une histoire passionnante avec l'art de la caricature à raconter. Ecoutons-la.
La Gazette du Maroc : quel souvenir gardes-tu de ton enfance ?
Plantu : j'étais un enfant qui parlait très peu. Les membres de ma famille parlaient beaucoup à table, mais personne ne m'adressait la parole. Cela ne me dérangeait pas. En classe aussi je n'arrivai pas à parler. C'est peut-être pour cette raison que j'ai raté mes études! Heureusement qu'il y avait le dessin. A travers ce moyen, j'ai pu non seulement m'exprimer mais aussi travailler. Puisqu'à un moment donné, j'ai réalisé que c'est tout ce que je savais faire dans la vie !
A quel âge as-tu commencé à dessiner ?
Je crois que c'est à l'âge de quatre ou cinq ans, comme tous les enfants.
A vingt ans, tu as abandonné tes études de médecine pour intégrer une école de bande dessinée à Bruxelles, et une année plus tard tu t'es retrouvé vendeur dans un magasin. A ce moment-là, est-ce que tu n'as pas regretté ta décision ?
Non, parce que finalement ce n'était pas une décision mais une obligation car je n'avais pas le choix ! Je n'ai pas abandonné mes études de médecine ni celles de dessin uniquement par amour pour le travail comme certains le croient… mais parce que je n'arrivais pas à payer mon loyer à Bruxelles. En effet, j'étais obligé d'arrêter les études parce que l'école était payante aussi. Et je me suis rendu compte qu'en vendant un dessin à un journal, je gagnais pas mal d'argent. Alors je suis parti à Paris et j'ai continué à vendre mes dessins aux journaux et, du coup, j'ai réalisé que j'avais inventé un métier sans le savoir.
Est-ce que c'est lors de cette période que tu as commencé à dessiner pour Le Monde ?
Oui exactement. En 1972, Le Monde a acheté l'un de mes dessins pour illustrer la guerre du Viêt Nam. Il représentait une colombe qui tenait dans son bec, au lieu d'un rameau, un grand point d'interrogation. C'était mon début avec le journal Le Monde.
Depuis 1985 tu fais des caricatures pour Le Monde qui souvent traduisent des évènements politiques. Est-ce que c'est dur de dessiner la politique ?
C'est vrai que des fois je trouve des difficultés. Mais finalement c'est mon “boulot” et c'est à moi de me débrouiller pour le faire. C'est normal et je crois que les journalistes vivent la même chose…Parfois, votre rédacteur en chef peut vous demander de réaliser une interview et donc vous allez la faire que vous le vouliez ou non. En fait, cela dépend du sujet du jour et de la personne. Il y a des sujets difficiles, d'autres moins durs et moi je suis censé, dans tout cela, remplir un rectangle par une caricature qui animera la Une du Monde, et en même temps poussera le lecteur à la réflexion.
En 1995, tu as commencé à signer tes dessins d'une petite souris, que représente-t-elle pour toi ?
C'est une touche personnelle. Cette souris représente en fait un langage parallèle. Cela ressemble un peu au rôle que peut jouer une servante dans une pièce de théâtre. Sa fonction est certes secondaire, mais elle apporte quand même un plus à l'ensemble.
Quand il s'agit d'une caricature de guerre, la petite souris disparaît, pourquoi ?
Quand il s'agit de dessins d'événements tristes comme les attentats du 16 mai à Casablanca, ou ce qui se passe en Algérie ou en Tchétchénie, je fais disparaître cette souris par respect. C'est une façon à moi d'observer une minute de silence.
Certains préfèrent plutôt t'appeler dessinateur tiers-mondiste, à quoi attribues-tu ce surnom ?
Effectivement, le sujet qui me passionne le plus est celui du tiers-monde. Si vous avez lu Le Monde d'hier (daté du 20 octobre) vous aurez remarqué une brève dans laquelle est écrit “840.000 personnes meurent de faim chaque année” et au-dessous est précisé que “toutes les quatre minutes une personne perd la vue par manque de vitamine A”. Cette information à mon sens devait passer à la Une.
Cela dit, est-ce que tu aurais fait un dessin sur cette brève si tu étais là-bas ?
Bien sûr, je crois que c'était l'information la plus importante et qu'elle méritait même plus qu'un dessin.
Jusqu'à maintenant, tu as fait plus de 16.000 caricatures inspirées de l'histoire actuelle. Quelle a été celle qui t'a marqué le plus ?
C'est celle que j'ai dessinée avec Yasser Arafat lorsqu'il a souhaité me rencontrer. A l'époque, on disait qu'il était incapable de reconnaître l'Etat israélien, alors je lui ai tendu un feutre bleu et il a dessiné le drapeau israélien comme expression de sa volonté de reconnaissance. Et cette même caricature a été signée un peu plus tard, c'est-à-dire en 1991, par Shimon Pérès et Yasser Arafat.
En tant que caricaturiste, quelles sont les bandes dessinées que tu aimes le plus ?
Je suis amoureux des dessins animés Tintin et Milou et Lucky Lucke.
Est-ce que l'abus de pouvoir te révolte ?
Oui, surtout l'abus du quatrième pouvoir. Plus précisément celui des médias en France. Je trouve que s'il est tout à fait normal que la presse remette en cause les hommes politiques, elle doit le faire en respectant une certaine éthique et les règles déontologiques. Malheureusement, la presse française est plus préoccupée par le marketing et le taux d'audience.
Et si l'abus de pouvoir est exercé par tes supérieurs, cela te révolte-t-il aussi ?
Un dessinateur doit s'attaquer à toutes les institutions. Il doit se mettre d'une manière constante dans la peau d'un lecteur, et donc si un lecteur s'intéresse aux problèmes en Afrique et en Asie ou même à la cuisine interne des médias, mon rôle m'oblige à lui apporter une réponse. Par conséquent, je ne m'interdis jamais de faire des dessins permettant de se poser des questions sur le rôle des médias.
Est-ce qu'il t'est arrivé d'être poursuivi en justice pour une caricature que tu as publiée ?
Actuellement je suis poursuivi et d'ailleurs je ne sais pas encore pourquoi. En tout cas ma femme avait l'air terrifié quand elle a reçu la convocation qui m'était destinée pour assister au procès. Tout ce qu'elle a prononcé à ce moment est : “mais qu'est-ce que tu as fait encore ?”.
Dernière question, on aimerait savoir si le métier de caricaturiste a des inconvénients ?
Je ne sais pas, mais pour moi le fait d'être caricaturiste me gêne des fois, parce que souvent je n'écoute pas les gens pour la simple raison que je passe ce temps-là à imaginer la “tête” qu'ils auraient en caricature ! Et cela met en colère pas mal de personnes.


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