Un froid glacial ; un agresseur physique des SDF: Par ces temps durs, très froids le soir ; quelques devantures des boutiques du centre de ville sont à l'appel. Elles sont convoitées par les SDF à une heure tardive en quête de cette chaleur qui fait absence. Certes ils sont inconscients et subissent les sévices du froid glacial. Ils sont nombreux à sillonner les rues sans jamais étaler leurs problèmes. Avec ce courage sans égal et parfois meurent sans laisser de coordonnées. Peut être une déception ; ou des parents en conflit permanent ou une dépression ; ou chassé par les siens ; ils optent pour une liberté même que pénible, trouvent refuge dans un lieu où personne ne peut les agacer. Je suis allé à la rencontre d'un grand habitué d'une artère trop fréquentée de la rue. Il me répond : « je suis un rêveur sans sommeil » Cet homme usé par faute de moyen de survie subit des dégradations physiques ; ceci m'a chagriné le cœur ; et je suis allé à sa rencontre au moment où il se faisait fouetter le dos par une pluie battante. Il a répondu par ces phrases : « - je suis un rêveur sans sommeil. Je ne cesse de vanter mes prairies parées de couleurs, aux parfums forts où je fais noyer mes impressions odorantes. » Nostalgie oblige ! J'ai compris que mon SDF en a marre de la ville et veut retourner par les sentiers sablonneux à son douar pour y enterrer les restes d'une vie vouée à l'échec. Drôle de vie Malgré ses souffrances quotidiennes ; il vit le jour le jour sans se soucier de la médiocrité de son existence. Comme une ombre d'hiver terne dans sa couleur cet homme pétri de mille qualités donne l'impression qu'il est débile mental. Il a insisté à ce que je sache que la rue est devenue pour lui sans aucune pitié et que demain il retournerait au bled pour enterrer cette aventure ; ou cette fugue sans résultats. Les larmes me bloquent la voix Je l'ai laissé s'exprimer à sa guise pour comprendre sa peine quoique le retour est dans le point de mire. Son impression sur la ville Ma vie à la ville est un champ nu sans verdure ; où les repères manquent et où la famille fait totale absence. Je risque de périr un jour au bord d'une chaussée, sans adresse et sans famille. Et puis souriant, accueillant, parfois absorbé par ses souvenirs d'antan, il se déconnecte. - Je vois à l'approche du printemps que le retour au bercail est en question. Je sens venir à moi ses prairies fleuries en tapis naturel, ce beurre frais bio, ces soirées familiales auprès de la place du douar et que la ville pour un fidèle au bled comme moi est un examen mal préparé voué à un échec fatal. Mes impressions Nombreux sont ceux qui comme notre malchanceux regrettent leurs gestes hasardeux. Ils constatent la que la sécurité n'existe qu'auprès des siens, alors ils décident de garder cette fugue comme une leçon. Je l'encourage à rester perméable aux conseils prodigués. Avec une façon éloquente, assaisonnée d'un sourire je l'encourage à regagner le bled pour y trouver le chaud, l'amour et la paix car le couscous de la nuit du samedi annonce les odeurs des retrouvailles tant attendues avec impatience des parents. Après l'avoir aidé je le laisse motivé à prendre le premier BUS A l'approche des temps d'hiver très froids, le social est à l'appel. Aidons ces SDF à sortir de leur enfer vécu et offrons leur des centres d'accueil où ils peuvent se ressourcer pour rentrer chez eux.