Ecrit par Imane Bouhrara | Malgré la crise Covid-19, l'industrie du capital investissement marocaine a évolué sur la même tendance favorable enregistrée ces dernières années. 2021 confirme cette évolution avec 29 investissements recensés au lieu des 17 prévus. Relativement jeune et souffrant de conditions qui gagneraient à évoluer favorablement, l'industrie marocaine de capital investissement poursuit son évolution favorable même en pleine crise Covid-19, témoignage de sa résilience. Et l'année 2021 confirme cette tendance. « Aujourd'hui nous sommes 26 sociétés de gestion gérant 40 fonds d'investissement pour un montant cumulé en dirhams levé depuis le démarrage de l'industrie de près de 25 milliards de DH et 250 entreprises investies », souligne Tarik Haddi, le président de l'Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC). Force est de reconnaître que l'industrie a gagné en maturité, progressant vers une professionnalisation et une montée en expérience des équipes de gestion. « Nous avons recensé 13 ans d'expérience et 15 opérations d'investissement en moyenne par collaborateur ; cette professionnalisation concerne notamment les sociétés de gestion agréée OPCC grâce à la supervision de l'AMMC », analyse Tarik Haddi. On note par ailleurs une accélération du rythme des levées de fonds et des investissements. Malgré la crise, les levées de fonds des sociétés de gestion pourraient atteindre les 5 milliards de dirhams sur 2021 et 2022. « 29 investissements ont été recensés à ce jour alors que nous en avions prévu seulement 17 pour 2021 », se félicite le président de l'AMIC. Il faut dire aussi que les efforts des opérateurs ont conduit à une amélioration des performances : le TRI brut moyen s'est établi à 13% en 2020. Autre élément ayant contribué à cette évolution, l'élargissement des stades d'intervention, notamment à l'amorçage grâce à l'initiative Innov Invest de l'Etat portée par Tamwilkoum (ex CCG), rappelle Tarik Haddi. Mais le plus important est que l'industrie marocaine du capital investissement a eu des impacts socio-économique très favorables : sur la croissance des entreprises accompagnées, sur leur gouvernance, sur leur résilience en période de crise, sur l'export et donc la compétitivité, sur l'emploi, sur l'inclusion des femmes et des jeunes, sur l'environnement, sur la lutte contre l'informel. Le Président de l'AMIC révèle également qu'à travers près de 140 PME accompagnées entre 2000 et 2020, la contribution fiscale additionnelle du secteur est estimée à plus de 2,55 milliards de dirhams pour une durée moyenne de détention de 6 ans. Des verrous qui doivent sauter L'advocacy se poursuit pour réunir les conditions optimales à même de libérer tout le potentiel du capital investissement comme alternative efficace aux besoins de financement mais aussi d'encadrement des entreprises, surtout dans ce contexte de relance et des ambitions de restructuration de l'économie. Interpellé sur les problématiques qui subsistent encore et qui méritent d'être soulevées, Tarik Haddi relève que la principale problématique qui subsiste c'est la frilosité des Institutionnels marocains par rapport à cette classe d'actif, bien que celle-ci soit mieux structurée et mieux gérée qu'auparavant ; plus performante en terme de TRI investisseur ; qu'elle a fait la preuve de ses externalités positives ; et qu'elle soit une brique nécessaire pour le développement économique du pays notamment à travers le financement et l'accompagnement de l'entrepreneuriat, de l'innovation, de la croissance, de la restructuration ou de la transmission des entreprises. « Or à aujourd'hui ce sont essentiellement les DFIs (Institutions financières internationales de développement) qui contribuent aux fonds d'investissement opérant au Maroc, au détriment d'une souveraineté pleine de cette industrie pourtant clé dans la préparation de l'avenir : 68 % des levées pour la 4ème génération de fonds (2017-2020) proviennent de capitaux étrangers dont 56% apportés par des organismes de développement internationaux », regrette Tarik Haddi. Ce n'est pas pour autant que les investisseurs en capital baissent les bras puisque l'AMIC a émis des propositions documentées permettant d'améliorer l'attractivité de cette classe d'actif pour les Institutionnels marocains. « Notamment la mise en place d'un Fonds souverain intervenant comme fonds pour les fonds de capital investissements marocains en catalysant les investissements des instits : le Fonds MVII répond parfaitement à cette attente », note le président de l'AMIC. Il y a lieu de citer la réforme de la loi et du plan comptable OPCC en cours et qui a été préparée avec l'AMMC et la DTFE pour améliorer l'articulation des dispositifs légaux des lois sur la SA et sur les OPCC et adapter le dispositif légal et règlementaire ainsi que la supervision et le contrôle aux spécificités de l'activité du capital investissement. « En matière de fiscalité, nous avons proposé la réhabilitation de la neutralité de la TVA, ce qui implique le remboursement de la TVA sur les frais de fonctionnement des fonds marocains. Celle-ci grève indument le TRI des investisseurs dans ces fonds et réduit les investissements de ces fonds d'un montant estimé à 5% de leur taille », poursuit Tarik Haddi. L'association qui a encore du pain sur la planche, peut pour le moins souffler de voir cette industrie résiliente et en favorable progrès malgré la crise sanitaire et surtout des performances prometteuses, avant de reprendre son bâton de pèlerin pour militer en faveur des conditions plus favorables à même de libérer tout le potentiel du capital investissement au Maroc.