Réalisé par Imane Bouhrara | Depuis la crise de la moitié des années 70, le bienfondé de l'Etat providence devint l'objet des critiques les plus sévères, déclenchant une vague réformiste prônant et instituant outre une privatisation des entreprises publiques, une décentralisation des finances publiques ainsi qu'une modernisation de la gouvernance de leur gestion. On assiste alors à une radicale remise en question des concepts Keynésiens par des économistes libéraux appartenant à diverses écoles telle que celle du Public Choice, de Chicago ou de l'ultralibéral Libertarian... explique le Professeur Michel Bouvier, le Directeur de la Revue française des finances publiques. Les économistes libéraux que les médias appelaient les nouveaux économistes, avaient pour leitmotiv la régulation par le marché, la limitation de l'intervention de l'Etat, les privatisations, la décentralisation, l'anti-fiscalisme, la critique de la dépense publique et un plaidoyer pour une gestion managériale. Et les réformes proposées et mises en œuvre dans nombre de pays, participaient ainsi de conception économique qui en ce qui concerne les finances publiques et la réforme de l'Etat, ont été portées tout particulièrement par l'école de Public Choice. Autrement dit, l'environnement général théorique et concret, les théories économiques conduisaient à libéraliser en le réformant radicalement, un système financier public considéré comme participant d'une sclérose de la société et d'une sclérose de l'Etat. Par ailleurs, Bouvier rappelle qu'un principe moteur était sous-jacent à la réforme des finances de l'Etat et à celle des finances locales, notamment la responsabilisation, l'autonomie relative des gestionnaires comme des décideurs politiques, les uns et les autres gérant ou décidant de crédits globaux. Toutefois, si l'architecture de ce modèle était bien conforme à l'idée que l'on se faisait de la gouvernance financière publique autrement dit au mainstream, celle-ci ne pouvait qu'imparfaitement s'emboîter dans un contexte administratif et politique répondant à une autre logique. Donner un sens contemporain aux finances publiques et construire un nouveau système public, sont les principales recommandations du Professeur Michel Bouvier pour aboutir à une résilience face aux crises diverses devenues répétitives auxquelles sont confrontées les sociétés actuellement mais également au futur lors de la 14ème édition du Colloque international des Finances publiques. Une construction qui intervient à l'issue d'une crise sanitaire où, d'une part, beaucoup de contribuables cessent de concevoir l'impôt comme la participation à la réalisation du bien commun et de l'intérêt général, ce qui engendre un effritement du consentement à l'impôt. D'autre part, les Etats perdent énormément d'argent avec l'évasion fiscale internationale pratiquée par les entreprises du numérique (GAFA). Par ailleurs, il se pourrait bien qu'à partir de 2023 se déclenche un nouveau choc économique sous la forme d'un processus de déséquilibrage de l'économie dans certaines régions du monde. Il se pourrait notamment qu'il se produise un décalage entre les politiques budgétaires et monétaires également américaines et européennes, susceptibles par effet systémique de provoquer des déséquilibres en d'autres points de la planète, analyse le Professeur Michel Bouvier, Président de la FONDAFIP. Pour lui, si l'Etat n'est pas l'idéal, le marché ne l'est pas non plus.