Ecrit par la Rédaction | Sous l'effet de base, la croissance économique devrait clôturer l'exercice 2021 sur une impressionnante note. Une fois la tempête passée, 2022 va-t-elle inaugurer un nouveau cycle économique ? Comme à l'accoutumée, le Centre Marocaine de Conjoncture établit à mi-parcours de chaque année les projections des importantes variables macroéconomiques pour l'année suivante. La conjoncture assez inédite qui a caractérisé l'année écoulée et la situation économique atypique de l'année 2021 rendent la tâche très difficile. Et pour cause : la forte récession engendrée par la crise sanitaire a déboussolé toutes les économies sans exception et a bousculé les paradigmes, les principes et les constantes sur lesquels s'adossaient habituellement les projections économiques. Dans cette situation foncièrement singulière, les modèles de prévisions économiques usuels peinent à rendre des verdicts fiables de ce que demain sera fait. « Aussi serait-il plus approprié de qualifier les pronostics de croissance avancés ici de scénarios plutôt que de prévisions », expliquent les conjoncturistes. Sur le plan international et à la lumière des anticipations et des exploits enregistrés par les deux principaux foyers de croissance les USA (4,2%) et la Chine (6,5%) , il est attendu que l'économie mondiale connaisse en 2022 un taux de croissance de 4,4%. Les pays européens clients du Maroc afficheraient des performances significatives, la France et l'Espagne connaîtraient d'après les premières estimations des taux de croissance respectifs de l'ordre de 4% et de 5,6%. Cependant en raison des retards économiques accumulés par les pays en développement sous l'emprise et les séquelles encore brûlantes de la Covid19, le PIB mondial serait au terme l'année prochaine inférieur d'environ 3000 milliards de dollars de son niveau potentiel. Face à cette conjoncture internationale, les secteurs d'activité devraient retrouver leur trajectoire tendancielle de la pré-pandémie. Le secteur agricole avec une hypothèse moyenne d'une récolte céréalière de 80 MQX, afficherait une croissance de sa valeur ajoutée aux prix constants de 2% environ. Cette modeste évolution serait attribuable au niveau assez élevé de la valeur ajoutée enregistrée au cours de la bonne campagne agricole précédente. Le secteur des industries manufacturières a connu un réel dynamisme ces dernières années avec des performances inégalables des branches de l'aéronautique et de l'automobile, les exportations des voitures au cours du premier trimestre ont explosé avec une croissance en glissement annuel de 62,2%. « Il devrait poursuivre cette tendance pour l'exercice 2022 avec les croissances significatives auxquelles les autres branches comme l'aéronautique, l'agroalimentaire et celle des produits pharmaceutiques s'y préparent. Ce scénario table, au plus bas mot, sur un relèvement de la valeur ajoutée du secteur en volume de l'ordre de 3,5% », annonce le CMC. Le secteur des industries extractives dont le pilier central demeure l'activité phosphatière a présenté une certaine résilience face à la crise. Il devrait la conforter pour l'année prochaine et continuer le mouvement de reprise entamé en 2020 mais avec un rythme légèrement inférieur. Le taux de croissance du secteur globalement serait de l'ordre de 5% et proviendrait exclusivement de la production des phosphates, les activités des autres minerais feraient grise mine et piétineraient encore. En ce qui concerne le secteur du bâtiment et des travaux publics, le décollage en douceur qu'il vient d'amorcer en 2021, après une importante période de sinistrose, devrait se prolonger avec une évolution sensiblement atténuée en 2022. L'évolution anticipée de la valeur ajoutée du secteur serait de l'ordre de 3,5%. La grande euphorie qui s'est manifestée avec l'ouverture du ciel et l'affluence en masse des marocains du monde va redonner vie aux secteurs du transport et de l'hébergement et restauration pour toucher tous les autres segments des services. Cet événement heureux combiné aux retombées bénéfiques des performances notables de l'agriculture et de l'industrie vont remettre à flot les secteurs des services et du commerce pour envisager l'année 2022. Le scénario prévoit au terme de l'année prochaine, des taux d'accroissement de 4% et 3,5% respectivement pour le commerce et les autres services. Le secteur des transports avec celui de l'hébergement et la restauration afficheraient des évolutions respectives plus prononcées d'environ 7% et 5%. La configuration sectorielle telle qu'elle est décrite aboutirait à un taux de croissance en volume du Produit intérieur brut de 4,1%.