L'instauration de la taxe carbone aux frontières de l'UE suscite le débat un peu partout dans le monde. Le Maroc n'est pas en reste et s'interroge sur les conséquences de cette décision politique sur les enjeux économiques du Maroc. Le point avec Uri Dadush expert fellow au Policy Center For The New South. PCNS : Ce 14 juillet, l'UE a annoncé la mise en place d'une taxe carbone aux frontières – nommée ici le Mécanisme d'Ajustement Carbone aux Frontières. Tout d'abord, en quoi consiste cette taxe et qu'est-ce qu'est-ce qui la motive ? Uri Dadush : Nous ne connaissons pas exactement la forme de la taxe, mais une proposition en cours d'examen par l'Union européenne a fait l'objet d'une fuite. La proposition exacte sera probablement présentée officiellement le 14 juillet. La taxe, telle que décrite dans les documents ayant fait l'objet de la fuite, s'appliquera aux émissions de carbone imputables à la fabrication des produits concernés. L'objectif est d'uniformiser les règles du jeu pour les producteurs européens et étrangers, puisque la même taxe est appliquée au sein de l'UE. Quels secteurs seront concernés par cette taxe ? Les secteurs concernés sont les secteurs à fortes émissions qui sont exposés au commerce international. Ils comprennent notamment l'aluminium et l'acier, le ciment, l'électricité et les engrais. Quelles seraient les conséquences commerciales de cette taxe sur les pays partenaires de l'UE ? Et que leur est-il demandé ? La taxe agira comme un tarif douanier. Par rapport à la situation actuelle, les partenaires commerciaux de l'UE sont susceptibles de vendre moins à l'UE et à des prix plus bas. Les pays en développement qui ne taxent pas le carbone, ou ceux qui le taxent à un taux inférieur à celui de l'UE, seront soumis à la taxe, et beaucoup diront qu'il s'agit là d'une entorse à l'accord de Paris qui donne aux pays en développement une plus grande latitude en matière de décarbonisation. De grands pays en développement comme le Brésil, la Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud ont déjà déclaré leur opposition à cette taxe. Les Etats-Unis, qui ne sont pas prêts à appliquer une taxe sur le carbone, sont également susceptibles de s'opposer à cette mesure. Quel impact pourrait avoir cette nouvelle taxe sur le partenariat Maroc-UE ? Le Maroc exporte vers l'UE des produits tels que des engrais, du ciment et de l'électricité qui seront soumis à la taxe, et il est susceptible d'être lésé par cette dernière. La question se posera de savoir si la taxe proposée est compatible avec l'accord de libre-échange UE-Maroc. Voir également : Podcast. Décarbonation : François Marchal revient sur les engagements de SG Maroc