Plusieurs secteurs d'activité marocains seront soumis au mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'UE. Détails. Par M. Diao
On en sait un peu plus sur la nature des produits et les secteurs marocains susceptibles d'être concernés par le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'UE. L'Association marocaine des exportateurs (Asmex) a organisé récemment une rencontre virtuelle sous le thème : «Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'UE pour les exportations marocaines». Rappelons d'emblée que le Parlement européen a voté en avril 2021 une résolution sur le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. La nouvelle disposition, qui devrait entrer en vigueur en 2023, autorisera l'UE à imposer ces normes environnementales aux entreprises étrangères exportant sur son territoire. Or, l'UE représente près de 65% des exportations marocaines. C'est dire l'importance du bastion européen pour les exportateurs marocains, dont la compétitivité pourrait être remise en cause par le nouvel arsenal juridique. Il ressort du webinaire de l'Asmex que plusieurs secteurs d'activité marocains sont soumis au mécanisme précité. Il s'agit notamment de l'électricité, l'automobile, la parachimie et les fertilisants, sans oublier l'industrie agroalimentaire et le textile qui pourraient être concernés dans un second temps. Du côté de l'Asmex, l'on avance que «même si ce nouveau dispositif comporte des obstacles, il pourrait en même temps contenir d'importantes opportunités pour le Maroc afin de continuer à se positionner comme un partenaire stratégique de l'UE». Par ailleurs, il est important de savoir que le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'UE fera l'objet en juin 2021 d'une proposition législative par la Commission européenne. Les options sur la table sont, entre autres, les droits de douane sur les produits à forte intensité carbone et le paiement d'une taxe carbone. Cette mesure serait en cours d'étude afin de vérifier sa conformité avec les règles de l'OMC. Toujours au registre des propositions à l'étude, citons la subvention à l'export des entreprises européennes engagées en matière de climat et l'extension du système d'échange de quotas européens aux importations appliqué actuellement. Ainsi, à un peu moins de deux ans de l'entrée en vigueur du mécanisme susmentionné, force est d'admettre que les entreprises marocaines doivent prendre les devants en mettant à profit toutes les mesures stratégiques et les programmes d'accompagnement mis à leur disposition dans le cadre de la stratégie nationale de développement durable, adoptée par le ministère du Commerce, de l'Industrie, de l'Economie verte et numérique. Une grappe de projets dans le pipe Dans l'optique de faciliter la transition énergétique des entreprises, les autorités compétentes se penchent sur l'élaboration d'une norme marocaine reconnue au niveau européen. Celle-ci a pour vocation d'évaluer le bilan carbone des entreprises nationales. Le projet serait bien avancé, mais l'Europe n'a pas encore fixé les points à calculer. Le Royaume et l'UE travaillent également sur un Pacte vert, qui liera les deux parties. L'instrument devrait permettre d'accompagner la mise en place de toute la transition vers l'économie verte en général et le processus de décarbonation en particulier. Dans l'optique de s'arroger les faveurs des investisseurs étrangers en quête de destinations de production industrielle à bas carbone, des projets de zones industrielles au carbonne neutre sont programmés.