Suite à la hausse des prix des produits oléagineux durant le deuxième semestre 2020, le Maroc a vu ses coûts d'importation drastiquement augmenter. Ceci dénote de l'importance de développer la production nationale d'oléagineux pour réduire la dépendance aux importations et améliorer l'autonomie alimentaire. De telles ambitions sont portées par l'interprofession marocaine (Folea) et soutenues par le programme Maghreb Oléagineux, cofinancé par l'Union européenne et Terres Univia, qui accompagne les agriculteurs Marocains souhaitant développer les cultures du colza et du tournesol. La flambée des prix des oléagineux plombe la balance commerciale marocaine Depuis le début des années 2000, le prix du complexe oléagineux (graines, huiles, tourteaux) a considérablement augmenté. Au début du 2nd semestre 2020, ils atteignant leur niveau le plus haut depuis 2014. A date, le cours du soja a augmenté de 80% et celui du tournesol de 90%. Ces augmentations sont liées à plusieurs facteurs : aléas climatiques affectant la production en Amérique, importante baisse des stocks d'huile de palme en Malaisie et réduction des exportations d'huile et tourteaux de soja en provenance d'Argentine suite à des mouvements sociaux. A cela s'ajoute la demande en soja record de la Chine. Avec la reconstitution de son cheptel porcin, ses besoins en soja ont explosé et le pays, premier consommateur mondial de soja, a importé 60 % de la production globale en 2020. « Avec des besoins moyens de 1.080.000* tonnes de tourteaux et 756.000* tonnes d'huiles de graines majoritairement satisfaits par des importations, le Maroc a été lourdement impacté par la hausse des prix. S'ils se maintiennent, les prix du complexe oléagineux pourraient représenter un coût supplémentaire de plus de 3 milliards de dirhams pour la balance commerciale », a-t-on appris dans le communiqué relatif au Programme Maghreb Oléagineux co-financé par l'Union Européenne. Face à la volatilité des marchés mondiaux des oléagineux, la question de l'autonomie en huiles et protéines végétales au Maroc représente un enjeu de taille. « Le développement des filières nationales de colza et de tournesol permet de réduire la dépendance aux importations, d'améliorer l'équilibre de la balance commerciale et de renforcer l'activité économique notamment dans les zones rurales du pays. En outre, développer une production nationale permet de réduire l'impact sur le budget de ménages marocains », explique la même source. Lire également : Huile de table : après la FENAGRI, l'Association professionnelle des fabricants explique la hausse Comment améliorer l'autonomie alimentaire marocaine ? Entamée en 2013, l'émergence des filières de colza et de tournesol vise à développer une production nationale pour satisfaire une part croissante des besoins domestiques en huiles et protéines végétales. Sous l'impulsion du contrat programme signé entre la Fédération interprofessionnelle des oléagineux (Folea) et l'Etat, dans le cadre du Plan Maroc Vert, la production a été multipliée par 15 pour le colza, et a augmenté de 67% pour le tournesol. Le Maroc a ainsi produit 17.000 tonnes d'huile et 22.500 tonnes de tourteaux de colza et de tournesol en 2019. Bien qu'encore faible au regard des besoins, cette production contribue d'ores et déjà à renforcer la souveraineté alimentaire du pays. En 2019, la couverture des besoins nationaux était de 1.7%, toutefois les perspectives sont très encourageantes. En effet, la dynamique observée depuis 2013 se confirme cette année encore avec 9.400 hectares de colza emblavés et d'autre part, les prévisions pour le tournesol sont de 20.000 hectares. De plus, de nombreux acteurs du monde agricole s'organisent et s'investissent dans le développement de la production dans le cadre de la stratégie Génération Green. A l'instar de l'Office National de Conseil Agricole (ONCA) qui a renforcé son accompagnement auprès des agriculteurs dans les activités de conseil agricole et de formation, ou encore le développement du réseau d'entrepreneurs de travaux agricoles. L'objectif est d'atteindre 70.000 hectares de colza et tournesol à l'horizon 2030, ce qui permettrait d'arriver à une production de 126.000 tonnes de graines et une couverture de 10% des besoins du marché marocain. Capitaliser sur des semences de qualité pour le Maroc L'accès à des semences de qualité et à fort potentiel de rendement est un levier essentiel au développement des cultures oléagineuses. Avec plus de 1.100 variétés inscrites, le catalogue européen offre aux agriculteurs marocains des semences garanties sans OGM et parfaitement adaptées aux spécificités des bassins de production du Maroc. Elles bénéficient également d'une haute faculté germinative afin d'améliorer la performance de leurs productions. L'utilisation des semences européennes contribue ainsi à améliorer la souveraineté du Maroc en huiles et protéines végétales.