Après une courte accalmie, les médecins du secteur public déterrent la hache de guerre et menacent de reprendre les mouvements revendicatifs (grèves, marche nationale, démissions…). La raison : la procrastination du gouvernement et de la tutelle dans l'application de l'accord du 8 août relatif à la revalorisation salariale sur la base de l'indice-échelon 509. Après un apaisement des tensions depuis le mois d'août, le torchon brûle à nouveau entre les médecins du secteur public et la tutelle. La raison, le non-aboutissement du dossier revendicatif des médecins qui traîne depuis des années. Et pourtant, les médecins croyaient voir le bout du tunnel après la signature d'un accord entre le ministère de la Santé et le syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) en août dernier. Un accord qui venait mettre fin à des années de bras de fer. Le ministre de la Santé s'était engagé alors à accélérer l'adoption d'une revendication de la nuit des temps du syndicat à savoir la revalorisation salariale sur la base de l'indice-échelon 509-1 au lieu du 336-1 dans les plus brefs délais et une promesse de reprendre les négociations pour avancer sur les autres revendications du dossier revendicatif. Ce qui permettrait aux médecins de passer de 8.000 DH à 12.300 DH par mois. Sauf que 3 mois plus tard, cet accord est resté lettre morte. Le SIMSP dénonce une politique de l'autruche aussi bien de la tutelle que du gouvernement. Exaspéré par le silence radio des pouvoirs publics, le syndicat vient de déterrer la hache de guerre. Dans un communiqué, il tire à boulets rouges sur le gouvernement et la tutelle. Contacté par nos soins, Dr El Mountadar Alaoui, Secrétaire général national du SIMSP accuse les autorités de procrastination dans le dossier revendicatif des médecins du secteur public. Il n'a pas manqué de rappeler l'engagement des hommes et des femmes de la santé publique pour faire face à cette pandémie qui a mis à bout tout le système de santé. En effet, rappelons qu'en raison de la crise, les médecins du secteur public avaient arrêté le mouvement de contestation pour répondre à l'appel de la nation en étant en première ligne de cette guerre. « Non seulement le ministre n'a pas honoré son engagement d'accélérer l'adoption de la principale revendication relative à l'indice-échelon 509-1 (3 mois déjà après la signature de l'accord conjoint) mais revient à la politique du silence. Et pourtant nous ne demandons que ce qui manque à la base afin que le médecin puisse travailler dans des conditions décentes », déplore Dr. El Mountadar Alaoui. Le syndicat n'a cessé de relancer la tutelle et le gouvernement pour au moins savoir la date d'entrée en vigueur de cette décision mais en vain. Le ministre cherche-t-il à gagner du temps en rallongeant l'application de cette décision afin de l'intégrer dans le budget de la loi de Finances 2021 ? A-t-il cherché à calmer les esprits en août, plein pic de la pandémie, pour motiver les troupes en signant ledit accord ? Nous avons tenté de joindre le ministre pour comprendre les raisons de ce retard dans l'application de cette réforme mais en vain. Ce qui est sûr c'est que le SIMSP ne compte pas rester les bras croisés. Il s'apprête à hausser le ton et à reprendre toutes les formes revendicatives. Le Syndicat annonce donc une grève nationale de 48 heures prévue les 4 et 5 novembre 2020, à l'exception des services de réanimation et d'urgence. Aussi, il est prévu, en parallèle, la tenue de sit-in aux niveaux local et régional à l'échelle du Royaume. Le Syndicat se prépare même à l'organisation d'une marche nationale avec la participation de tous les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du secteur public, du ministère de la Santé au siège du Parlement à Rabat. Il compte également reprendre tous les mouvements de protestation qui ont été suspendus en raison de la pandémie. Cela va du port de tenue noire avec un brassard « 509 » jusqu'aux démissions collectives et individuelles. Le syndicat accorde ainsi au gouvernement un ultimatum de 25 jours pour activer l'application de l'accord signé le 6 août. Une mise en garde qui intervient à un moment critique où le système de santé publique a besoin de toutes ses ressources. Rappelons que la pandémie Covid-19 a mis à rude épreuve le système de santé marocain et mis à nu ses défaillances. En tête de liste de ces dernières, le déficit en ressources humaines qui constitue l'un des principaux maux de notre système de santé. Il faut dire qu'avec une pandémie qui continue à gagner du terrain, l'heure est grave. Cela dit, le Syndicat met le couteau sous la gorge de Khalid Ait Taleb. Ce dernier devra être plus précis dans ses engagements.