Cet été s'annonce chaud pour le ministre de la Santé, Anass Doukkali. Le syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) a annoncé une série de grèves et boycott de plusieurs actes médicaux, pendant le mois d'août, au sein des services hospitaliers publics, excepté les services de réanimation et d'urgence. Après plusieurs cris de détresse, les médecins du public dénoncent « à nouveau » le « désintérêt » de leur ministère de tutelle et du gouvernement face à leur dossier revendicatif et la détérioration du système de santé public au Royaume. Les détails. Si le communiqué du SIMSP relève que « le système de santé publique au Maroc est entré dans la phase de la mort clinique« , le président du syndicat, Alaoui Mountadar, explique à Hespress Fr que « ce n'est pas la première fois que les médecins du public dénoncent les failles et la crise que connaît le système de santé au Royaume. Leur combat remonte à l'époque du ministre El Ouardi, et non-stop depuis 2017″. Mais en vain ! Malgré la reconnaissance de la légitimité de leur dossier revendicatif par le département d'Anass Doukkali et les grèves et sit-in organisés courant de cette année, le gouvernement « continue bizarrement d'adopter la politique de sourde oreille face à un domaine des plus sensibles et qui souffre énormément comme le montrent les nombreuses manifestations dans le secteur et le mécontentement exprimé quotidiennement par les citoyens », souligne notre interlocuteur. A cet effet, les médecins du secteur public ne comptent pas lâcher l'affaire. Le syndicat annonce dans sa note une grève nationale les 15 et 16 août prochain, le 19 août puis les 22 et 23 août dans l'ensemble des établissements de santé publique, exceptés les services d'urgences et de réanimations. Par ailleurs, outre le deuil ouvert annoncé par les médecins du public depuis des mois déjà et qui consiste à porter une blouse noire et le brassard de « gréviste 509 » dans l'ensemble des services d'urgence, ces derniers annoncent le boycott des campagnes chirurgicales qu'ils qualifient « d'aléatoires et hasardeuses » et qui « ne respectent pas les normes médicales et les conditions de sécurité pour le patient ». Les médecins du public boycotteront également, les caravanes médicales, les campagnes de santé scolaire « en raison de l'absence des normes médicales et administratives« , les actes d'examens médicaux dans les centres de diagnostic pendant « leur semaine de colère » ainsi que la remise des certificats de visite médicale pour le permis de conduite. Toutefois, ils continueront de remettre les certificats médicaux relatifs au traitement des patients tout au long de la grève annoncée. Côté démission des médecins du public, le chiffre a grimpé de 500 à 1000 démissions déposées auprès du département d'Anass Doukkali pendant ces deux derniers mois, fait savoir le syndicat, soulignant que « seules quelques dizaines de médecins ont rejoint la fonction publique malgré l'ouverture de 500 postes, ce qui entraîné la perte de 400 médecins publics qui étaient censés fournir les services de santé et de soins aux citoyens marocains« . Le syndicat relève pareillement le « peu » de médecins spécialistes qui rejoindront cette année les hôpitaux publics, estimant que le nombre total ne dépasse pas les 200 médecins spécialistes et que cette année, a enregistré le plus faible taux de recrutement des médecins « contrairement aux informations erronées communiquées par le ministère de la Santé, au lieu de reconnaître son échec dans la gestion du secteur« . Et pour conclure, le SIMSP réitère son attachement à l'ensemble des points cités dans son dossier revendicatif à savoir » l'amélioration des conditions lamentables de travail, l'amélioration des conditions d'accueil des patients, le manque énorme de personnel, le manque de matériel biomédical ce qui mène vers des agressions, l'application de l'indice 509 en entier avec les compensations et bien d'autres revendications ». Le syndicat, qui a tiré la sonnette d'alarme à maintes reprises quant à la crise que connaît le secteur de la santé dans le Royaume, appelle « encore une fois » le ministère de tutelle et le gouvernement à » tenir leurs promesses et répondre favorablement à leurs revendications de manière responsable et sérieuse ».