Le lancement du Plan d'investissement extérieur de l'UE constitue un outil de financement innovant, misant dons et prêts et profitant de la nouvelle garantie du FEDD. Voici ce qu'il faut savoir pour en bénéficier. Comme nous l'avions annoncé, le Plan d'investissement extérieur de l'UE a été officiellement lancé le 19 juin à rabat, en présence de Mohamed Boussaid, ministre de l'Economie et des Finances, de Othman El Firdaous, secrétaire d'Etat chargé de l'investissement, de Michael Köhler, Directeur des politiques et de la coopération avec le Voisinage Sud de l'Europe, qui a fait le déplacement pour l'occasion, ainsi qu'un nombre important de directeurs au sein de la Commission européenne ainsi que de différentes banques et agences européennes. Sans oublier une pléiade de patrons du secteur privé marocain. Le PIE qui « constitue un nouveau jalon du partenariat Maroc-UE, témoigne de l'intérêt accordé par les deux partenaires à la promotion de l'investissement aussi bien public que privé », souligne Mohamed Boussaid dans son mot d'ouverture. Et d'ajouter que ce nouvel outil de financement tombe à point nommé vu que le Maroc fournit des efforts considérables pour promouvoir les investissements aussi bien au Maroc qu'en tant qu'investisseur régional, allusion faite à l'Afrique. Du pourquoi de la chose, Michael Köhler énumère cinq raisons principales : la première est la contribution à l'agenda 2030 de développement durable, ensuite l'amélioration du climat d'investissement, puis l'encouragement des investissements publics et privés. La quatrième raison invoquée est d'attaquer certaines causes de pression migratoire et enfin la promotion de l'emploi. Cet outil nouveau se distingue des lignes de financement classiques par la garantie du Fonds européen pour le développement durable (1,5 milliard d'euros) et par le mix de dons et prêts pour stimuler les investisseurs. D'ailleurs, les ambitions pour ce plan sont considérables : Le financement total de l'UE est de 4,1 milliards d'euros pour mobiliser 44 milliards d'euros d'investissements publics et privés d'ici à 2020. Certains estiment que l'investissement total pourrait même atteindre 88 milliards d'euros à conditions que les Etats membres et les autres partenaires y contribuent à parts égales. Le Fonds étant ouvert aux contributions des Etats membres de l'UE, des pays de l'AELE et d'autres partenaires. Il faut dire que le plan repose sur deux autres piliers, en plus du mix financier : l'assistance technique et l'amélioration du climat d'investissement. Concrètement, qui peut en profiter ? Il faut d'abord retenir que le PIE vise à soutenir les domaines auxquels les investisseurs ne s'intéresseraient pas normalement notamment «Energie durable et connectivité», «Financement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME)», «Agriculture durable, entrepreneurs ruraux et agro-industrie», «Villes durables» et «Le numérique pour le développement». Aussi, les projets doivent-ils être réalisés en Afrique ou dans le voisinage européen, poursuivre un objectif clair de développement durable et contribuer au développement économique et social, par la création d'emplois, en particulier en faveur des jeunes et des femmes. Les propositions d'investissement doivent assurer un partage des risques adéquat, être économiquement et financièrement viables, être socialement et écologiquement durables, ne pas fausser la concurrence sur le marché et remédier aux défaillances du marché ou aux situations d'investissement non optimales. Le soutien du FEDD sera principalement mis en œuvre par l'intermédiaire d'institutions financières telles que la Banque européenne d'investissement (BEI), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), l'Agence française de développement (AFD), la Casa di Depositi i Prestiti (CDP), la Compañía Española de Financiación del Desarrollo (COFIDES), la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW), la Nederlandse Financierings-Maatschappij voor Ontwikkelingslanden N.V. (FMO) ... Les entreprises qui souhaitent bénéficier du PIE sont ensuite invitées à prendre contact avec les institutions financières qui gèrent les volets d'investissement, à s'informer au sujet des instruments disponibles pour leur projet ou à indiquer si elles envisagent d'investir. Les entreprises pourront également demander l'accès à un financement et à une garantie pour un projet d'investissement directement auprès du secrétariat du PIE, qui les mettra en contact avec une institution financière éligible. Dans l'hypothèse où le projet ne pourrait bénéficier du soutien du FEDD, le secrétariat soumettra à l'entreprise en question une liste d'institutions financières compétentes dans la région concernée. D'ailleurs, présent à Rabat pour le lancement du PIE, Stéphane Darracq, secrétaire du PIE, a dévoilé une adresse mail auprès de laquelle les entreprises intéressées pourraient se renseigner : [email protected] En duplex de Bruxelles, Johannes Hahn, le Commissaire à la politique de voisinage et aux négociations d'élargissement au sein de la Commission européenne, a souligné que sur le Maroc est en place favorite pour profiter de ce plan sur le continent.