L'Union européenne (UE) semble bien décidée à ancrer son soutien à l'investissement dans la région méditerranéenne. Elle fait preuve d'innovation en préparant deux nouvelles initiatives, lesquelles ont été présentées, jeudi dernier à Bruxelles, lors de la réunion du Conseil stratégique de la facilité d'investissement pour le voisinage (FIV). Il s'agit du programme de soutien à la sécurité des investissements dans la région méditerranéenne (ISMED, Investment Security in the Mediterranean Region) et d'une nouvelle boîte à outils au titre de la FIV, en vue de soutenir les investissements privés. Le premier programme de soutien ISMED, qui sera mis en œuvre en coopération avec l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), vise à améliorer la sécurité des investissements dans la région méditerranéenne. Il a pour objet d'évaluer le niveau de protection des investissements assurés par les autorités locales, pour identifier ensuite les lacunes et formuler des recommandations pour y remédier. Un montant de 1,5 million d'euros y a été affecté. Le second programme, lui, se résume à une boîte à outils ISMED pour le partage du risque et du coût de la FIV. Il viendra proposer des mesures ciblées, comme par exemple, le soutien aux mécanismes de partage du risque (mise à disposition de fonds pour aider les investisseurs privés à limiter leur exposition au risque) et des régimes de garantie tenant compte de l'obstacle majeur que constitue le risque pour les investissements. Une part importante des 220 millions d'euros réservés par l'UE à la FIV jusqu'à la fin 2013 sera dédiée à cette initiative majeure. Selon l'UE, grâce à ces initiatives, au moins 2 milliards d'euros pourraient être mobilisés par les institutions financières publiques européennes et les investisseurs privés pour différents projets d'infrastructures dans la région du voisinage. En tout cas, le Maroc profite de l'appui de la FIV depuis son lancement en 2008. Sur la période 2008-2011, il s'est classé en pôle position en s'accaparant 19% (14% pour l'Egypte et 9% pour la Tunisie) des fonds approuvés par ce mécanisme financier de la politique européenne de voisinage (PEV), qui a affecté près de 600 millions d'euros à d'importants projets d'investissement dans les pays partenaires de l'UE. Associé aux prêts d'institutions financières européennes publiques, à hauteur d'environ 8 milliards d'euros, ce soutien stratégique de l'UE a déjà permis de dégager au total 18 milliards d'euros en faveur de projets axés sur les objectifs de développement de l'UE. Jusqu'à présent, la FIV a essentiellement soutenu les investissements publics. Au Maroc, elle a apporté son appui au deuxième programme national des routes rurales, au Tramway de Rabat, au programme d'appui au secteur de l'éducation, de l'eau potable, de l'assainissement ainsi qu'à la station solaire de Ouarzazate dans sa première phase. Dans ce sillage, le Maroc a profité de l'accompagnement d'institutions financières européennes publiques. Il s'agit notamment de la Banque européenne d'investissement (BEI), de l'Agence française de développement (AFD) et de la banque allemande Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW). D'ailleurs, en 2011, la contribution du secteur privé (Projet des Technopoles) a été estimée à 9 millions d'euros sur une enveloppe globale du projet évaluée à 288 millions d'euros. Il faudrait dire que le Maroc est idéalement placé pour saisir les opportunités offertes par la nouvelle PEV qui prône l'enracinement durable de la démocratie et le développement d'une économie solidaire au sein des partenaires sur la base de davantage de responsabilité mutuelle.