La Banque Centrale a livré les statistiques sur la conjoncture économique d'une manière globale. Elles révèlent que le taux d'inflation est passé de 0,7% en octobre à 0,4% en novembre, ramenant sa moyenne sur les onze premiers mois de 2019 à 0,2%. D'après BAM, ce ralentissement est attribuable à la décélération de 2,9% à 0,7% du rythme de progression des prix des produits alimentaires à prix volatiles. En revanche, la baisse des prix des carburants et lubrifiants s'est légèrement atténuée à 3,2% au lieu de 3,6% et les tarifs des produits réglementés ont progressé au même rythme que le mois précédent, soit 1,6%. Quant à l'inflation sous-jacente, elle est demeurée faible à 0,3% résultat d'une légère décélération de 2 % à 1,9% du rythme de progression des prix des biens non échangeables qui a compensé l'atténuation de la baisse de ceux des échangeables à 1,2% au lieu de 1,3%. La première remarque qui ressort de cette tendance baissière est qu'elle en contradiction avec la réalité économique qui se caractérise par la détérioration du pouvoir d'achat. En effet, depuis le premier trimestre de l'année 2018, l'indice de confiance des ménages élaboré le Haut-Commissariat au Plan s'est installé dans un trend baissier. Toutes les composantes de cet indicateur ont contribué à cette orientation. Or, la détérioration du pouvoir d'achat résulte de la hausse des prix se traduisant normalement par l'inflation. Cette dernière mesure l'augmentation des biens et services et donc du coût de la vie. Cette décorrélation entre l'inflation et le pouvoir d'achat suscite des interrogations. Lire également : INFLATION, POUVOIR D'ACHAT : LE CMC S'INTERROGE SUR LA METHODE DU HCP Une inflation faible est-ce un vrai problème ? Comment expliquer la détérioration du pouvoir d'achat avec un taux d'inflation oscillant autour de 0,4 % ? Autre constat important est que si la tendance baissière des prix persiste, force est de craindre un mouvement de fond déflationniste qui, selon les économistes les plus érudits, ne peut être de bon augure pour l'économie en général. S'exprimant sur la question, les conjoncturistes précisent : « à défaut d'un meilleur indicateur, l'inflation est approchée par l'indice des prix à la consommation (IPC) qui ne fait pas l'unanimité quant à son aptitude à exprimer la réalité de la perte de pouvoir d'achat de la monnaie ». Et d'enchaîner : « En effet, l'impact de la dépréciation de la valeur des unités monétaires ne se traduit pas exclusivement par la baisse du pouvoir d'achat des ménages mais touche toutes les catégories d'agents et partant, couvre l'économie nationale dans sa globalité ». D'après eux, l'IPC n'est à considérer que comme un indicateur partiel de la variation des prix à la consommation et ne saurait, en conséquence, rendre compte de manière satisfaisante du phénomène inflationniste tel que ressenti par la population. Inflation et croissance économique Outre la corrélation avec le pouvoir d'achat des ménages, l'expérience du Maroc en matière de maîtrise de l'inflation témoigne de la faible causalité entre la maîtrise de l'inflation et la croissance économique. En cause : les mesures prises par Bank Al-Maghrib (BAM), pendant et au lendemain du PAS, ont, certes, contribué à éponger la surliquidité et à assurer des équilibres macroéconomiques relatifs mais n'ont guère soutenu la mise de l'économie nationale sur les rails du développement durable. Et pourtant, l'inflation est un paramètre important de la croissance économique qui influence le comportement des consommateurs. L'histoire montre que, quand l'inflation est stabilisée à un niveau de 2%, les ménages ne consomment ni trop ni trop peu. Quand l'inflation est proche de 0%, les ménages consomment trop peu. Comme le prix des produits n'augmente pas, pourquoi acheter aujourd'hui plutôt que demain ? Dans ce cas de figure, les stocks s'accumulent, la production diminue et la croissance économique ralentit. Lire également : CONJONCTURE ECONOMIQUE : LA MOROSITE S'ATTENUE POUR LE MOIS D'OCTOBRE