La production de l'Iode 131, 100% marocain, ne dépend que de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par le ministère de la Santé. Avec cette avancée, le CNESTEN pourra couvrir les besoins nationaux en médecine nucléaire utilisant l'Iode 131. Méconnu du commun des mortels, l'Iode 131 est un élément radioactif utilisé essentiellement dans le secteur médical et pharmaceutique. Un produit utilisé au Maroc dans la médecine nucléaire et dont le Maroc importe jusqu'à 70% de ses besoins pour le traitement de certains cancers mais aussi le diagnostic de certaines maladies cancéreuses et métaboliques. Rappelons que chaque année, 200.000 personnes sont traitées de cancer au Maroc. Alors pour atteindre, progressivement, une autosuffisance des besoins nationaux, le CNESTEN en collaboration avec le ministère de la Santé travaillent sur la commercialisation prochaine du médicament 100% marocain à base l'Iode 131 marocain fabriqué par le CNESTEN. « Cette réalisation que nous allons annoncer prochainement sera la plus importante que notre pays ait réalisée en 2019 », a annoncé Aziz Rebbah en marge d'une visite presse au CNESTEN. Il faut dire que cette avancée scientifique permettra au Maroc de faire d'une pierre deux coups. D'une part atteindre son autosuffisance et ne plus être dépendant des importations et d'autre part surmonter les contraintes liées à la fragilité du produit. La première contrainte est liée à la durée de l'Iode 131 qui est très courte soit entre 2 et 8 jours. Le transfert du produit de l'étranger comporte plusieurs risques qui peuvent soit retarder l'arrivée du médicament et donc la date du traitement non pas sans conséquences sur tout le planning de la médecine nucléaire. Soit carrément la péremption du médicament. « Tous les services de médecine nucléaire au Maroc sont confrontés au problème très fréquent du retard de livraison de ces produits », a précisé Khalid El Mediouri, Directeur général du CNESTEN. La deuxième contrainte est liée à la pénurie de ces produits. Dans le monde, il y a seulement 3 ou 4 réacteurs qui produisent ce produit. Il suffit qu'un seul soit en arrêt pour maintenance ou tombe en panne pour que tout le marché mondial soit impacté. 3ème contrainte et pas des moindres, c'est la fluctuation des prix. « Le Maroc s'approvisionne depuis plusieurs années de l'étranger en services de médecine nucléaire. Pendant une dizaine d'années, le CNESTEN était le seul à provisionner ces services. C'est la raison pour laquelle nous avons entamé, parallèlement, le développement d'une production locale des principaux produits radio-pharmaceutiques dont l'Iode 131 », a souligné le DG du CNESTEN. Actuellement tous les protocoles de production de l'Iode sont maîtrisés. Le CNESTEN a déposé une autorisation de mise sur le marché (AMM) auprès du département du médicament du ministère de la Santé en juillet 2018. Nous avons appris que ledit dossier a été jugée incomplet et donc rejeté. Il a été redéposé en mars 2019. Une source du ministère de la Santé nous a précisé que le CNESTEN a eu l'accord de principe et qu'il n'attend que les échantillons pour effectuer les analyses afin de délivrer l'AMM. « Nous espérons recevoir cette autorisation d'ici la fin d'année début 2020. Ce qui nous permettra de couvrir l'ensemble du marché national en Iode 131 », a précisé Khalid El Mediouri. Quant à l'exportation probable dudit produit, le DG du CNESTEN nous a confié que la question n'a pas encore été étudiée. Il faudra évaluer les capacités de production du réacteur et des installations du centre ainsi que le processus logistique pour acheminer le produit vers d'autres pays. A noter que d'autres projets de recherche sont en cours au niveau du Centre pour le développement d'autres produits radio pharmaceutiques nouvelles générations que le Maroc ne peut importer de l'étranger en raison de leur fragilité.