Dans un souci d'ouverture vers l'opinion publique, le Centre National de l'Energie, des Sciences et des Techniques Nucléaires (CNESTEN) a organisé une visite dans ses locaux afin de démystifier les utilisations des énergies nucléaires au Maroc. Le centre a permis de faire baisser le prix de l'iode, utilisé dans le traitement du cancer de la glande thyroïde, de 13.000 à 3.000 dirhams. Alors que le nucléaire était considéré comme un domaine confidentiel pendant plusieurs années, étant associé à des domaines graves et dangereux, ou encore à la guerre, le Centre National de l'Energie, des Sciences et des Techniques Nucléaires situé à Maâmora, près de Kénitra, a cherché à exposer ses domaines d'intervention au Maroc. Lors d'un point de presse organisé dans les locaux du centre, pour présenter la stratégie du Maroc en termes d'énergie, le ministre de l'énergie, Aziz Rebbah, a indiqué que le CNESTEN a élargi son ouverture sur l'environnement régional et international en partageant son savoir-faire par le biais notamment de la formation, de l'expertise et des services d'analyses de laboratoires. Crédit photos: Mounir Mehimdate Par ailleurs, dans le cadre de l'accord intergouvernemental conclu par les Etats membres africains en vue de renforcer la contribution de la science et de la technologie nucléaires au développement socio économique sur le continent africain (AFRA) et du comité de réflexion sur l'électronucléaire et le dessalement de l'eau de mer par voie nucléaire (CRED), le centre a développé un réseau de partenariats assez large et diversifié à l'échelle nationale et internationale et a contribué activement à l'évaluation des capacités nucléaires nationales requises pour l'option électronucléaire, a ajouté le ministre. Signataire de l'accord de non-prolifération des armes nucléaires et adhérant à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en 1957, le Maroc a développé très tôt un intérêt pour le nucléaire dans ses applications en médecine, en industrie, en agriculture, dans les mines ou encore dans l'éducation dès les années 60, et c'est en ce sens que la CNESTEN a été créé en 1986 après un développement dans infrastructure scientifique et technologique lié aux application nucléaires. Aujourd'hui, le CNESTEN s'intéresse surtout aux techniques nucléaires pacifiques offrant des services à plusieurs secteurs socio-économiques dont le Maroc a besoin. Mais, apporte également « un appui technique aux autorités concernées notamment dans le domaine de la sûreté et de la sécurité et aussi dans le domaine de la gestion des urgences radiologiques ou nucléaire », a déclaré à Hespress Fr Khalid Mediouri, directeur général du CNESTEN. En outre, le centre est chargé de la gestion des déchets radioactifs à l'échelle nationale. En 33 ans d'existence, le centre qui compte presque 250 personnes (dont plus que 30% sont des femmes et dont les deux tiers sont des scientifiques) oeuvre dans différents secteurs socio-économiques, notamment dans la santé, l'eau ou l'agriculture, l'environnement et l'industrie. « Tout ceci dans un objectif de donner par des techniques nucléaires, des informations qui ne sont pas accessibles, ce qui constitue une valeur ajoutée pour les secteurs », a affirmé à Hespress Fr, Hamid Marah, directeur des études et recherche scientifique du centre. La médecine nucléaire à l'honneur Le centre est doté de plusieurs laboratoires spécialisés, de pointe, consacrés à l'étude de divers domaines, notamment dans la sûreté, et dispose d'un réacteur nucléaire de 2 méga watts « destiné principalement à la production des radioisotopes pour le secteur médical », notamment de l'iode 131 qui est utilisé comme traitement pour les cancers de la thyroïde. « Aujourd'hui, nous venons de terminer tous les tests nécessaires à la production de l'iode, c'est l'iosotope le plus utilisé au Maroc. Nous sommes dans l'attente de la réception de l'autorisation de mise en marché », qui devrait se faire cette année, a fait savoir Hamid Marah. Les efforts du centre ont permis en outre d'approvisionner le marché national en produits radio pharmaceutiques. Grâce à la recherche et développement notamment en matière de radio pharmaceutique de nouvelle génération, le CNESTEN a permis de structurer le cadre réglementaire des produits radio pharmaceutiques au Maroc qui sont actuellement soumis aux dispositions du Code du médicament et de la pharmacie). Par ailleurs, l'une des avancées positives réalisées, est la réduction du prix de la dose d'Iode 131, qui s'est établi à 3.000 dirhams au lieu de 13.000. Consécration internationale pour le CNESTEN Le centre est également ouvert sur l'Afrique. Il est l'hôte de sessions de formations à destination d'autres pays africains. Il accueille par ailleurs un nombre important de stagiaires et collabore avec l'Université Ibn Tofail de Kénitra. Durant ces dernières années, le centre a formé en moyenne 200 personnes à l'instar de médecins et d'ingénieurs au niveau de l'Afrique, dans le domaine de la radio protection. Fièrement, le directeur des études et de la recherche scientifique, a ajouté que « notre centre, aujourd'hui, a six reconnaissances à l'échelle internationale », notamment dans le domaine de l'eau, de l'industrie, la nutrition, la radioprotection. L'AIEA, a choisi le Maroc et le Brésil à l'échelle mondiale comme centre de collaboration dans le domaine de l'utilisation des sciences et technologies nucléaires pour l'étude du cycle de l'eau, que ce soit dans la qualité, les eau de surfaces, les eaux souterraines. « En 2017, l'AIEA, sur la base d'un concours et de dossiers, a choisi quatre réacteurs à l'échelle mondiale pour la formation des jeunes, des étudiants ainsi que de professionnels travaillant dans le domaine des réacteurs nucléaires », a indiqué Hamid Marah, qui a par ailleurs ajouté que l'un de ces réacteurs de référence se trouve en France pour la formation des étudiants et des opérateurs en Europe, celui consacré à l'Asie a été choisi en Corée, pour l'Amérique latine il a choisi celui de l'Argentine. Et pour l'Afrique, c'est le réacteur qui se trouve à Maamora, près de Kénitra qui a été choisi sur les neuf réacteurs se trouvant sur le continent africain. Les relations entre le CNESTEN et l'AIEA Sur le plan de la relation avec l'Agence Internationale d'Energie Atomique, le CNESTEN peut se targuer d'une « coopération privilégiée et très étroite » a fait savoir le directeur général du centre. « Les pays qui ont décidé d'adhérer au traité de non prolifération des armes nucléaires, bénéficient en contre partie de l'assistance technique de l'AIEA pour développer les applications des sciences et technologies nucléaires », a-t-il ajouté, en référence aux type de partenariats qui lient les deux institutions. Khalid Mediouri a également insisté sur les avancées « dans le domaine des applications nucléaires au niveau de la région d'Afrique », qui sont le fruit d'une collaboration démarrée « très tôt » avec l'agence. « Le Maroc, je dirais, fait partie des six pays qui ont réalisés des avancées très importantes dans ce domaine » , a-t-il déclaré en ce sens. A travers les années, le partenariat entre l'AIEA et le CNESTEN s'est développé en permettant de passer « d'un rôle de bénéficiaire de la coopération à une relation où c'est le CNESTEN qui offre de l'assistance technique aux pays de la région à travers les programmes de l'AIEA », a déclaré le directeur du centre. Il a noté que le CNESTEN bénéficie de l'expertise internationale par le biais de l'AIEA, de la formation, mais aussi des programmes biennales où plusieurs établissement marocain ou département nationaux bénéficient de fournitures et d'équipements.