Des philosophes et intellectuels ont débattu récemment de l'éveil de la conscience de l'humanité et des moyens pour la ressourcer. Lors d'une conférence débat, organisée par l'Institut des hautes études de management de Rabat, en partenariat avec l'Institut français du Maroc, sous le thème « Dialogues en humanité: réveiller et nourrir les consciences », les intervenants ont indiqué que l'être humain est dans une perpétuelle conquête de réponses sur la vie, ses choix et ses besoins, insistant sur la volonté de vivre des choses extraordinaires pour se sentir exister, afin d'arriver à un éveil au niveau de la conscience et de l'âme, deux termes totalement différents mais qui fonctionnent ensemble, l'un ne pouvant exister sans l'autre. De même, ils ont expliqué qu'à travers la conscience, l'être humain recherche une liberté, une passion, voire une transcendance, notant que lorsqu'elle se réveille, ce moment de libération peut évoquer chez certains une lumière spirituelle intense et très puissante. Avoir une conscience ne veut pas forcément dire que nous avons conscience de notre conscience. Ce n'est qu'une fois ce stade dépassé, que nous pouvons penser à la nourrir, ont-ils fait remarquer, ajoutant que ce travail intérieur permet à l'humain de se nourrir de toute expérience qui lui a été donnée, il l'aspire comme une énergie vitale qui lui permettra d'atteindre son but ultime, celui de grandir et réussir à trouver une réponse à la vie, à ses choix et à ses besoins. Intervenant à cette occasion, le philosophe français et essayiste altermondialiste, Patrick Viveret, a souligné qu'aujourd'hui, on constate l'émergence d'une prise de conscience planétaire d'une destinée commune, une volonté de préserver les biens fondamentaux de l'humanité, citant à cet égard la mobilisation qu'a connue le monde autour de la Conférence de Paris sur le climat. Selon P. Viveret, l'humanité est en carrefour critique de son histoire et « on ne plus traiter les problèmes sur la base du statut quo », notant que tous les grands dossiers du futur sont urgents, tels que la faim, la pauvreté, les guerres, la pénurie de l'eau et le réchauffement climatique, d'où la nécessité de construire des intérêts généraux de l'humanité. Le grand progrès de la démocratie a été de démilitariser la lutte pour le pouvoir, a-t-il poursuivi, ajoutant que l'humanité, dans son ensemble, doit entreprendre une réorientation des axes du développement dans une perspective de bien-être. Pour sa part, le doyen honoraire de la faculté de philosophie et lettres à l'Université de Liège en Belgique, Jean Winand a souligné le rôle des universités dans la révélation de la conscience universelle, notant qu'elles ont une mission proprement citoyenne, visant à encourager les recherches et transférer le savoir parmi les étudiants, de manière à contribuer à évoquer l'esprit critique et « démontrer ce monde complexe dans lequel nous vivons », en vue de décrypter des signes pour construire du sens, susciter la critique et réveiller les consciences. En regroupant des personnes issues du monde politique, du monde de l'entreprise et des associations, ainsi que des intellectuels, des artistes et de grandes institutions internationales, cette conférence s'assigne pour objectif de répondre collégialement à sept questions et sept défis pour construire un autre monde, à savoir la paix, la solidarité, la démocratie le dialogue des cultures, l'humanisation de l'humain, la révolution du vivant et l'écologie. Cette conférence s'inscrit dans le cadre des « Dialogues en humanité », un événement international créé à Lyon en 2003 autour de la question humaine en tant que telle et ce, dans le but de réunir les savoirs de tous les peuples pour lutter contre l'impuissance et l'indifférence, ainsi que pour proposer des voies inspirantes à l'humanité. Cette conférence a, notamment, été marquée par la présence du secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri et du ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la Ville, Abdelahad Fassi Fihri, ainsi que d'une pléiade d'historiens, de professeurs universitaires et doctorants. (MAP)