L'Académie du Royaume du Maroc a inauguré la nouvelle année en collaboration avec l'Ambassade de la République de Croatie à Rabat et ce, en organisant ce mercredi 29 janvier une journée d'étude sous le thème « La Croatie comme horizon de pensée ». C'est Mohamed Kettani, Chancelier et membre de l'Académie du Royaume qui a présidé cette séance et c'est à lui qu'est revenu l'honneur de lire l'allocution du secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri dans laquelle il a souhaité la bienvenue à ses hôtes et mis l'accent sur cette journée qui s'inscrit dans un cycle de conférences thématiques « comme horizon de pensée » et dont ont déjà profité la Chine, le Japon et l'Inde. L'occasion pour l'Académie du Royaume du Maroc de s'ouvrir sur de nouvelles orientations et de poursuivre sa politique d'exploration des grandes régions du monde mais surtout de créer des passerelles entre intellectuels et éminences des deux bords afin de favoriser l'échange, le dialogue et le partage de diverses expériences dans la perspective d'une approche pluridisciplinaire. « Cette célébration spéciale à la Croatie dont le but bien entendu ne s'arrête pas à la dimension géographique de cet horizon mais à la découverte du domaine civilisationnel et culturel de ce pays », a encore dit le chancelier avant de céder le micro aux intervenants croates pour développer leurs thèmes. Qui de mieux dans ce contexte pour présenter son pays si ce n'est Jasna Mileta Ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de Croatie au Maroc qui a livré une sorte de visite guidée de ce fascinant pays de la Méditerranée de l'extrême nord. En 1992, le Royaume du Maroc et la Croatie quelques mois seulement après la restauration de l'indépendance croate, renouaient des relations diplomatiques séculaires. Les deux nations sont du reste, liés par une longue histoire remontant au moins à la République de Dubrovnik, qui au XVIIIe siècle avait son consulat à Tanger. Et la diplomate de faire un topo complet de ce pays de 4,3 millions d'habitants qui depuis le 1er janvier 2020 préside aux destinées de l'UE à laquelle il n'a adhéré qu'en 2013, et qui fait partie de l'Otan depuis 2009. Cet Etat touristique se considérant comme la porte méditerranéenne de l'Europe Centrale, se positionne excellemment de par ses atouts géographique, culturel, historique, géopolitique, économique, voire sportif touristique. Jasna Mileta n'a pas manqué de rappeler ou d'apprendre quelques particularités et autres fiertés tout à fait croates, (cravate, plus grosse truffe du monde 1,3 kg, la dactyloscopie (empreinte digitale), Nikola Tesla (grand inventeur), Modric, les chiens dalmatiens etc.). Les interventions des autres conférenciers ont été l'occasion pour la nombreuse assistance de découvrir le patrimoine croate d'une richesse époustouflante dont plusieurs sites sont inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO et d'explorer également le potentiel de ce dernier en tant que carte maîtresse du développement de la Croatie. C'est ainsi que le professeur, académicien archéologue et directeur du musée archéologique de Split sa ville natale, vice-recteur en relations internationales à l'Université catholique de Croatie et membre de l'Institut de France, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, Emilio Marin, d'une promenade archéologique de deux sites « Salona et Narona » a transporté la galerie à travers les âges et les civilisations. Le professeur auxiliaire à la Faculté des sciences humaines et sociales de l'Université de Zagreb et à la Faculté de philosophie de l'Université de Pula, conseiller, membre associé de l'Académie croate des sciences et des arts, Milan Mihaljević a basé sa conférence sur « la Stèle de Baška », le plus ancien monument écrit croate datant du 12e siècle. Ce spécialiste du script nous a également baladé à travers les écritures dans l'espace et le temps. Le professeur Tatjana Paić-Vukić en développant les « relations entre la République de Dubrovnik et les sultans du Maroc » avec à l'appui une collection de documents des Archives nationales de Dubrovnik ainsi que des des manuscrits coraniques, de lettres et correspondances a émerveillé l'assistance en relatant l'histoire du transport maritime des pèlerins et les relations des sultans avec les capitaines des bateaux et autres autorités de la République de Dubrovnik concernant ce volet. Un concert en soirée avec Lidija Bajuk Quartet où des Chants traditionnels originaires de la région de Medimurje, inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité de l'UNESCO ont été interprétés, est venu clore en musique cette journée d'étude.