Les cours des matières premières ont poursuivi leur remontée début 2022, soutenus par des contraintes persistantes sur l'offre et par une forte reprise de la demande, après la réouverture des économies. Ainsi, l'indice des prix des produits énergétiques, calculé par la Banque mondiale, a rebondi de 8% en janvier, portant sa hausse à 74% depuis un an. De son côté, l'indice des prix des produits non énergétiques a augmenté de 4,7% en janvier, tiré par les métaux de base (+6,4%) et les produits alimentaires (+5,2%). Les prix du pétrole (Brent) se sont établis à 86 dollars le baril en moyenne en janvier 2022, en hausse de 15% sur un mois et de 57% en glissement annuel. Ils ont poursuivi leur remontée pour atteindre 98 dollars le 14 février, leur plus haut niveau depuis septembre 2014, avant repasser à 96 dollars le 18 février, marquant des gains mensuels de 9% et annuels de 51%. Cette remontée est accentuée par des craintes sur des tensions entre la Russie et l'Occident au sujet de l'Ukraine. La tendance haussière des cours pétroliers découle essentiellement d'une forte reprise de la demande mondiale, en lien avec l'amélioration de la situation sanitaire et les progrès de la vaccination, dans un contexte caractérisé par un retour prudent et progressif des approvisionnements en pétrole par l'OPEP et ses alliés (OPEP+). La demande de produits pétroliers a également augmenté en raison des craintes de pénuries d'approvisionnement en gaz naturel, notamment en Europe. Le marché pétrolier a connu une baisse significative des stocks, en raison d'un écart grandissant entre l'offre et la demande mondiales. Les stocks de pétrole de l'industrie de l'OCDE ont chuté de 60 mb à 2 680 mb en décembre 2021, leur plus bas niveau en sept ans, marquant une baisse de 355 mb depuis un an. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit une poursuite de la croissance de la demande mondiale de pétrole en 2022 (+3,2 millions de barils par jour (mbj)), après une forte progression en 2021 (+5,5 mbj en 2022) et une chute en 2020 (-9 mbj) sous l'impact du choc pandémique. Ces perspectives restent entourées d'incertitudes sur l'évolution de la situation pandémique et du contexte géopolitique. Au niveau de l'offre, malgré les augmentations progressives de la production dans le cadre de l'accord OPEP+ de juillet dernier (de 400 000 barils par jour et par mois), elles restent encore insuffisantes pour rééquilibrer le marché. L'OPEP+ poursuit son plan d'assouplissement progressif des réductions de production précédentes en vue d'y mettre fin complètement d'ici la fin 2022. En 2020, l'OPEP+ avait décidé de réduire sa production totale de 9,7 mbj, à partir de mai, pour répondre à la forte chute de la demande due à la pandémie. Le marché pétrolier devrait revenir progressivement à l'équilibre en 2022 avant d'enregistrer un excédent, l'offre devant dépasser la demande si le groupe OPEP+ continue d'augmenter sa production comme prévu. Selon l'AIE, la production mondiale de pétrole pourrait augmenter de 6,3 mbj en 2022, si les réductions de l'OPEP+ sont entièrement annulées. Cela éroderait la capacité de production effective inutilisée de l'alliance, qui pourrait chuter de 5,1 mbj à 2,5 mbj d'ici la fin de l'année. De manière générale, les prix du pétrole devraient rester relativement élevés en 2022. Cependant, le marché pétrolier peut connaître des fluctuations, en raison des évolutions liées à la pandémie et aux chaînes d'approvisionnement, ainsi que du contexte géopolitique et sécuritaire, notamment au Moyen-Orient et en Europe de l'Est. Parallèlement au renchérissement du pétrole, les prix du gaz butane ont connu un fort rebond pour atteindre 920 dollars la tonne en moyenne en janvier, marquant des gains de 19% sur un mois et de 68% en glissement annuel, dans un contexte de flambée généralisée des cours des produits énergétiques, dont le gaz naturel, compte tenu de la reprise de la demande, de la faiblesse des stocks et de l'insuffisance d'approvisionnement. Après avoir atteint un pic de 983 dollars la tonne en moyenne le 28 janvier, les cours du butane se sont inscrits en baisse pour s'établir à 882 dollars le 18 février, dans l'un espoir d'une résolution pacifique de la crise russo-ukrainienne. Malgré les incertitudes persistantes sur l'approvisionnement en gaz naturel russe, la tendance haussière des prix gaziers en Europe est freinée par des importations robustes et régulières de GNL en provenance des Etats-Unis, ainsi que par une demande modérée de chauffage en raison d'un hiver doux.