Les cours des matières premières ont enregistré une flambée sur les dix premiers mois de 2021, suite à des perturbations de l'offre et à une forte reprise de la demande, après la réouverture des économies. Ainsi, l'indice des prix des produits énergétiques, calculé par la Banque mondiale, a augmenté de 80%, en glissement annuel. De son côté, l'indice des prix des produits non énergétiques a rebondi de 35%, tiré par les métaux de base (+50%), les fertilisants (+54%) et les produits alimentaires (+32%). Les prix du pétrole (Brent) ont affiché 69 dollars le baril en moyenne sur les dix premiers mois de 2021, en hausse de 67% en glissement annuel. Ils ont atteint 84 dollars en moyenne en octobre, leur plus haut niveau depuis 2014, marquant des gains de 12% sur un mois et de 107% sur un an. Les cours pétroliers ont frôlé les 86 dollars le 9 novembre, avant de s'inscrire en baisse pour retomber à 79 dollars dix jours plus tard, suite à une résurgence de la Covid-19 en Europe et à net un rebond du dollar. La hausse des prix du pétrole cette année est due au fort retour de la demande mondiale, avec l'amélioration de la situation sanitaire et les progrès de la vaccination, dans un contexte caractérisé par un retour prudent et progressif des approvisionnements en pétrole par l'OPEP et ses alliés (OPEP+). La demande de produits pétroliers a également augmenté en raison des pénuries d'approvisionnement en gaz naturel et en charbon, dont les prix ont atteint des niveaux record en Europe et en Asie. Le marché pétrolier a connu une baisse significative des stocks, en raison d'un écart grandissant entre l'offre et la demande mondiales. Le déficit devrait perdurer jusqu'à fin 2021. L'Agence internationale de l'énergie s'attend à ce que la demande mondiale de pétrole augmente de 5,5 millions de barils par jour (mbj) en 2021, et de 3,4 mbj supplémentaires en 2022, après une forte baisse de 9 mbj en 2020 sous l'impact du choc pandémique. Ces perspectives restent entourées d'incertitudes sur l'évolution de la situation pandémique. Au niveau de l'offre, malgré les augmentations progressives de la production dans le cadre de l'accord OPEP+ en juillet dernier (de 400 000 barils par jour chaque mois), elles restent insuffisantes pour rééquilibrer le marché au cours de cette année. L'OPEP + poursuit son plan d'assouplissement progressif des réductions de production précédentes en vue d'y mettre fin complètement d'ici la fin 2022. En 2020, l'OPEP + avait décidé de réduire sa production totale de 9,7 mbj, à partir de mai, pour répondre à la forte chute de la demande due à la pandémie. Le marché pétrolier devrait revenir progressivement à l'équilibre en 2022 avant d'enregistrer un excédent, l'offre devant dépasser la demande si le groupe OPEP+ continue d'augmenter sa production comme prévu. L'OPEP+ dispose actuellement d'environ 5 mbj de capacité de production réelle inutilisée, dont plus de 90% dans cinq pays (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Russie, Koweït, Irak). En outre, la production pétrolière américaine reste d'environ 1,5 mbj en deçà de son niveau d'avant la pandémie. De manière générale, les prix du pétrole devraient rester modérés dans les années à venir. Cependant, le marché pétrolier peut connaître des fluctuations, en raison des évolutions liées à la pandémie et aux chaînes d'approvisionnement, ainsi que du contexte géopolitique et sécuritaire, notamment dans le Moyen-Orient. Parallèlement au renchérissement du pétrole, les prix du gaz butane ont connu une forte envolée pour atteindre 604 dollars la tonne en moyenne sur les dix premiers mois de 2021, marquant une hausse de 67% en glissement annuel. Les cours du butane ont atteint 870 dollars la tonne en moyenne en octobre, dans un contexte de hausse généralisée des prix des produits énergétiques, notamment du gaz naturel, compte tenu de la reprise de la demande, de la faiblesse des stocks et de l'insuffisance d'approvisionnement. Toutefois, ils se sont inscrits en baisse récemment pour se situer à 804 dollars la tonne le 19 novembre, suite à une atténuation des contraintes sur l'offre et à une forte appréciation du dollar. Les prix du phosphate brut sont restés stables à 147,5 dollars la tonne en octobre, leur plus haut niveau depuis 2013, marquant une hausse de 84% sur un an. Les cours du DAP se sont établis à 673 dollars la tonne en octobre, leur plus haut niveau depuis 14 ans, marquant des gains de 5% sur un mois et de 88% sur un an. Sur les dix premiers mois de 2021, les prix du phosphate brut et du DAP ont enregistré des hausses respectives de 54% et 91% en glissement annuel.