Evidemment, on souhaite le meilleur à nos Lions de l'Atlas dans leur campagne africaine de la Coupe des Nations, mais sans vouloir jouer aux éternels pisse-vinaigre, ce ne serait pas exagéré de dire que nos chances ne sont pas très ... visibles. Et pas besoin de sondages très poussés pour ressentir le pessimisme qui touche la vox-populi... interrogé, l'homme de la rue se contente de quelques signes de dénégation de la tête, fait une moue révélatrice et finit par lâcher « Ma fidnach... » Constat désabusé, constat terrible et qui en dit long sur le climat de défiance qui s'est installé entre l'équipe nationale et son public. Les résultats qui naîtront de l'expédition gabonaise contribueront-ils à enfoncer un peu plus le staff pléthorique des Lions de l'Atlas et une direction technique dont on ne sait pas trop quel est l'impact sur l'équipe nationale ? Et par à coups, de fil en aiguille, il deviendra tout à fait normal de remettre en cause la gestion du Président de la F.R.M.F, Faouzi Lakjaâ lui-même, qui, à son arrivée s'était fait fort de remettre le football sur de bons rails. Alors d'année en année, de déconvenue en déconvenue, le football marocain s'enlise, et on voit mal ce qui pourrait être proposé pour le sauver au cas où en ce Janvier 2017, la CAN s'avèrerait, une fois encore, décevante et catastrophique. Combien de réputés coachs sont venus autour de notre équipe nationale pour y apporter leur science et essayer de la sortir de son marasme. Au lieu de cela, ce sont eux, les malheureux qui se sont cassés les dents et ont vu leurs espoirs brisés. Henri Michel est reparti du Maroc dépité, incendiant le foot national de mots crus qui n'ont pas plu à tout le monde, avant que de se rendre compte que Michel ne disait que l'amère réalité : « Messieurs, votre football est pourri » tel fut son constat qu'il asséna publiquement en pleine conférence de presse. Roger Lemerre, lui, partit beaucoup plus calmement mais tout aussi dépité, en prenant au passage, un chèque substantiel en guise d'indemnités de licenciement. Il coule désormais une retraite paisible en France. Eric Gerets sur lequel tant d'espoirs avaient été bâtis, partit lui aussi, avant terme. Profondément traumatisé par tout ce qu'il a subi, chez nous, d'attaques personnelles, et connaissant de graves ennuis de santé, il est au Qatar, en quasi convalescence. Et dire qu'il avait adoré le Maroc, s'y était fait des amis et avait même acheté une maison à la plage, aux environs de Rabat, pour y vieillir tranquillement. La CAN 2012, et son élimination au premier tour, mirent fin, brutalement à son beau rêve. Rachid Taoussi reste un cas à part. Préféré à Amri, Zaki et Fakhir, c'est lui qui va prendre la relève de Gérets et s'installer en chef de commando du genre du gars à qui on ne la fait pas, et qui allait nous faire voir ce qu'on allait voir. Lui aussi, connaitra la même désillusion et les mêmes déconvenues. Depuis la CAN 2014, il tente de se refaire dans le championnat marocain où il rumine ses désirs de revanche. En aura-t-il l'occasion un jour ? Tout est possible dans notre système footballistique où l'on engage sans critères valables et où l'on renvoie pour des raisons aussi incongrues. Hervé Renard en charge de la CAN 2017, auréolé d'une réputation de « sorcier blanc » faiseur de trophées, a-t-il jamais rencontré Taoussi pour discuter avec lui de ces mystères du foot marocain, afin d'éviter les erreurs que d'autres auraient commises ? On appelle cela l'expérience, et c'est comme cela que l'on tire profit des leçons du passé. Mais au Maroc, chacun suit sa route, empêtré dans ses certitudes, convaincu qu'il connait la recette et qu'il « sait » mieux que d'autres, tous les autres, ce qu'il faut faire. Telle est l'attitude actuelle de Renard qui se prépare aux Emirats Arabes Unis pour aller jouer au Gabon. Quel sort l'y attend ? On le saura dans quelques semaines. Et avec nous, quelqu'un d'autre attend, lui aussi. C'est Zaki qui, remplacé par Hervé Renard, n'a jamais digéré son limogeage. D'Algérie, où il travaille désormais (eh oui !…) il a déjà commencé à peaufiner ses vengeances. N'a-t-il pas déclaré à la cantonade que «pour les Lions de l'Atlas, tout autre résultat qu'une demi-finale serait une pure catastrophe ». Phrase empoisonnée qui répond à Hervé Renard, lorsque celui-ci a annoncé que le Maroc n'avait pas les moyens d'aller loin en CAN. Bataille de mots, guerre de communiqués qui laissent présager de ce que sera l'après CAN si, comme d'habitude, depuis près de 12 années, les Lions de l'Atlas allaient y sombrer.