Présente-t-on encore Mahi Binebine ? Sûrement pas. Peintre de renommée internationale, ses oeuvres font partie de l'exposition permanente du musée Guggenheim de New York. Ce n'est pas peu dire, s'agissant du plus prestigieux temple d'art moderne de la planète. Ecrivain prolifique, il est aussi auteur de romans à succès traduits - tenez-vous bien- dans une dizaine de langues. La qualité de son travail et la richesse intellectuelle de son œuvre en font, sans conteste, une des valeurs pérennes de la peinture marocaine d'après-Indépendance. Aujourd'hui, Mahi Binebine revient dans une très belle exposition itinérante que la galerie rbatie de Bab Rouah a été la première à accueillir. Ce vernissage s'accompagne d'un intéressant événement éditorial. En effet, pour fêter ses 20 ans de travail pictural, l'artiste revient avec un très bel ouvrage qui retrace son parcours artistique déjà bien dense. Une sorte de «quasi-monographie» regroupant une série d'œuvres composées aussi bien à Paris, à New York, à Madrid qu'à Marrakech, bien sûr, et ailleurs... Au total, environ 350 magnifiques reproductions où l'artiste réussit à nous plonger pour une aventure à la fois plastique, intellectuelle, humaine et historique. «De l'abstraction des premières années à la naissance du masque et jusqu'à son immersion dans la figuration», lit-on dans le préambule de l'ouvrage. On y retrouve la période des peintures à quatre mains avec l'espagnol Miguel Galanda, puis celle du retour à Marrakech, sa ville natale, où masques et figures fusionnent sur des toiles de grandes dimensions. Préfacé par Joachim Pissarro (conservateur et spécialiste d'arts plastiques), l'ouvrage est accompagné de textes de critiques d'art, d'écrivains (N. Huston, A. Laâbi, A. Meddeb…), de philosophes et de directeurs de musées (L. Dennison, R. Martinez...). Pour accompagner la sortie du livre, une exposition itinérante a lieu dans différents pays. Elle a été inaugurée le 19 octobre dernier à la galerie Bab Rouah, à Rabat (visible jusqu'au 30 novembre) et ira en mars 2008 à la galerie Enrico Navarra, à Paris, avant d'être visitée à Cologne, en Allemagne, et enfin à New York.